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La Banque du Canada réduit son taux d’intérêt d’un demi-point à 3,25 %

11 décembre, 2024   |   Par Kadiatou Bah

La Banque du Canada a procédé à sa deuxième réduction massive consécutive des taux d’intérêt en décembre et a indiqué que ses dirigeants étaient prêts à ralentir l’assouplissement monétaire.

Les responsables dirigés par le gouverneur Tiff Macklem ont abaissé mercredi le taux de référence du financement au jour le jour de 50 points de base à 3,25 %, ramenant les coûts d’emprunt à l’extrémité supérieure de la fourchette de leur estimation du taux neutre, un niveau qui n’est ni restrictif ni stimulant pour l’économie.

Ils ont cependant également suggéré que la réduction massive, anticipée par les marchés et la plupart des économistes, sera probablement suivie d’un retour à des réductions plus modestes en 2025. Les responsables ont abandonné les termes qui figuraient dans les déclarations précédentes et qui disaient qu’ils s’attendaient à réduire encore les coûts d’emprunt si leurs prévisions se matérialisaient.

« Le taux directeur étant désormais sensiblement plus bas, nous prévoyons une approche plus graduelle de la politique monétaire si l’économie évolue globalement comme prévu », a déclaré Macklem dans le texte de son discours. « À l’avenir, nous évaluerons la nécessité de nouvelles réductions du taux directeur, une décision à la fois. »

Le huard a atteint son plus haut niveau de la journée face au dollar américain, s’échangeant à 1,4129 $ CA à 9 h 49 à Ottawa. Les obligations canadiennes ont réduit leurs gains après la publication, le rendement à deux ans étant environ deux points de base plus bas sur la journée à 2,87 %.

En l’espace de cinq réunions en six mois environ, la banque centrale canadienne a abaissé les coûts d’emprunt de 175 points de base, devenant ainsi l’une des banques centrales les plus agressives en matière de réduction des taux parmi les grandes économies.

Avec ces réductions consécutives d’un demi-point de pourcentage les décideurs politiques canadiens cherchent à stimuler la croissance économique qui a été plus faible que prévu et à se préparer à d’éventuels tarifs sur les exportations canadiennes menacés par le président élu des États-Unis, Donald Trump.

Grâce à des changements aussi rapides, le taux directeur de la Banque du Canada se situe désormais à 150 points de base en dessous de la limite supérieure du taux de la Réserve fédérale. Il n’a pas été aussi bas depuis 1997, ce qui est une des principales raisons de la faiblesse récente du dollar canadien.

Alors que les décideurs politiques canadiens s’attendent à ce que l’inflation soit proche de l’objectif de 2 % au cours des deux prochaines années, les objectifs d’immigration réduits du gouvernement, les vacances de deux mois de la taxe de vente et les tarifs potentiels pourraient modifier les perspectives de croissance et d’inflation dans les mois à venir, a expliqué Macklem.

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau suspend les taxes de vente sur certains produits à partir de la mi-décembre, ce qui devrait temporairement réduire l’inflation à environ 1,5 % en janvier, mais cet effet sera annulé après la fin du programme à la mi-février, a déclaré le gouverneur.

Et avec le niveau d’immigration qui va diminuer, le ralentissement de la croissance démographique réduira également la croissance économique, a-t-il ajouté.

La banque centrale estime que le marché du travail s’essouffle, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi augmentant toujours plus vite que le nombre d’emplois. Les baisses de taux ont stimulé les dépenses de consommation et l’activité immobilière, mais la croissance au troisième trimestre a été freinée par les investissements des entreprises, les stocks et les exportations.

« La politique monétaire n’a plus besoin d’être clairement restrictive », a-t-il déclaré. « Nous voulons que la croissance reprenne pour absorber les capacités inutilisées de l’économie et maintenir l’inflation à près de 2 %. »