Articles

La reprise s’accélère au Canada avec l’amélioration du taux de chômage

12 avril, 2021   |   Par Kadiatou Bah

Le marché du travail canadien a enregistré une bonne croissance au mois de mars, en suivant le rythme des vagues de la pandémie et des mesures de restrictions de la santé publique pour combattre le virus.  

Pour un deuxième mois consécutif, les attentes en matière d’emploi ont été dépassées. C’est un autre signe, que l’économie du pays est sur le point de complètement se remettre de la pandémie.

L’économie canadienne a vu la création de 303 100 emplois en mars dernier, a déclaré vendredi Statistique Canada, en présentant un bilan qui comprenait notamment des gains dans les secteurs les plus durement touchés par les restrictions dues à la propagation du virus. C’est le triple de ce qu’anticipaient les économistes et cela fait suite à un gain de 259 200 emplois enregistré en février. 

Mesurés durant la semaine du 14 au 20 mars, les gains au Canada sont particulièrement liés à l’essor du commerce de détail qui a presque regagné tout le terrain perdu durant la crise. Le nombre d’emplois dans le secteur de la vente au détail a grimpé d’environ 95 000 le mois dernier, ce qui veut dire une récupération totale des pertes subies lors du confinement de janvier. Le secteur de l’information, de la culture et des loisirs, a aussi progressé (+62 000) pour la première fois depuis septembre, mais est encore à 7 % en deçà de son niveau d’avant la crise.

Cet essor global est à l’instar de l’ensemble de l’économie qui voit le nombre total d’emplois être seulement inférieur de 1,5 % à son niveau de février 2020. 

Depuis des mois, les données montrent une économie qui gagne du terrain, surprenant même les analystes les plus optimistes. Cette résilience alimente les attentes d’un fort rebond en 2021 après que l’économie a subi sa plus forte récession depuis la Seconde Guerre mondiale. Cela mine un peu les arguments en faveur d’une stimulation continue que le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau et de la Banque du Canada se prépare éventuellement à annoncer.

Les chiffres optimistes apaisent les inquiétudes concernant le marché du travail et ne feront que renforcer les appels à moins de relance au moment où le gouvernement prépare la publication de son premier budget complet en deux ans le 19 avril. La ministre des Finances Chrystia Freeland a déjà promis une nouvelle dose de dépenses, d’une valeur pouvant atteindre 100 milliards de dollars canadiens (79,7 milliards de dollars) sur trois ans.

« Je pense que le message principal est clairement que l’économie peut se redresser rapidement et que les emplois peuvent se redresser lorsque les choses se rouvrent », a déclaré Douglas Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal.

Le taux de chômage est tombé en mars à 7,5%, le plus bas niveau atteint depuis que la pandémie a frappé, alors qu’il a atteint 8,2% en février. Les économistes avaient prévu un gain de 100 000 emplois en mars et un taux de chômage de 8%. C’est dire combien, les attentes sont surpassées. Les gains d’emplois mensuels consécutifs font suite à des données de production plus fortes que prévu cette année qui montrent que le Canada a évité le décrochage que la plupart des économistes prévoyaient au cours de l’hiver.

La Banque du Canada devrait commencer à resserrer sa politique monétaire dès sa prochaine décision à venir le 21 avril prochain. La banque centrale s’est engagée à ne pas relever les taux d’intérêt historiquement bas avant que les dommages à l’économie ne soient entièrement réparés, en particulier sur le marché du travail. Ce rebond rapide vient donc surprendre également les fonctionnaires.

Il a fallu au Canada 29 mois pour récupérer les heures travaillées perdues pendant la crise financière mondiale de 2008. Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’à 1,2% de leur pic de février 2020, ce qui réduit de moitié le temps de récupération par rapport à la crise financière.

« Alors que certaines industries telles que les voyages pourraient continuer à faire face à des défis plus longtemps, nous voyons un potentiel de réouverture soutenue cet été pour amener les niveaux d’emploi globaux à se normaliser avant la fin de l’année », selon un rapport aux investisseurs de Veronica Clark, économiste chez Citigroup Global Markets Inc.

En effet, si les inégalités face à la crise tendent à s’atténuer entre les différents types de travailleurs, certains accusent toujours un retard plus prononcé que la moyenne observée. C’est le cas des jeunes de 15 à 24 ans, dont le nombre d’emplois est toujours inférieur de 6,2 % à celui de février 2020. Ce manque à gagner est encore plus grand pour les jeunes femmes (9,5 %) en raison, entre autres, de leur forte représentation dans la main-d’œuvre des boutiques de vêtements et d’accessoires vestimentaires, durement touchées par la crise.

Le cas du Québec 

Au Québec, l’économie a créé 25 900 en mars. La quasi-totalité ces gains enregistrés été à l’extérieur de la région de Montréal, « où des mesures de santé publique plus strictes sont demeurées en place », selon l’Institut du Québec. À 6,4 %, le taux de chômage québécois est encore un peu loin du 4,5 % qu’il affichait avant le début de la crise, mais il a fait du chemin depuis le taux de 17,6 % enregistré avril 2020.

« Le resserrement des mesures de confinement imposé au cours des dernières semaines dans quelques régions du Québec pourrait ralentir le rattrapage de l’emploi et amener un recul temporaire », a prévenu l’économiste au Mouvement Desjardins Joëlle Noreau dans une brève analyse.

Il y a encore beaucoup de craintes. La nouvelle vague de verrouillages d’avril a le pouvoir de renverser une partie des gains dans le secteur de la vente au détail, si des mesures plus strictes sont imposées. Une reprise inégale demeure préoccupante, la plupart des suppressions d’emplois depuis l’année dernière étant concentrée dans quelques secteurs comme l’hébergement et la restauration où les gains en mars (+21 000) sont encore loin du compte, avec plus de 24 % de retard et 298 000 emplois toujours manquants à la grandeur du pays.