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Le taux de chômage au Canada grimpe à 6,8 %

9 décembre, 2024   |   Par Kadiatou Bah

Les plus fortes hausses de l’emploi au Canada depuis avril n’ont pas réussi à empêcher le taux de chômage de grimper à son plus haut niveau en trois ans, ce qui renforce probablement les arguments en faveur d’une poursuite de la réduction des taux à un rythme plus rapide par la banque centrale.

Le pays a créé 51 000 emplois en novembre, mais cela n’a pas suffi à absorber la hausse du nombre de personnes à la recherche d’un emploi ou en mise à pied temporaire, ce qui a fait bondir le taux de chômage de 0,3 point de pourcentage à 6,8 %, a indiqué vendredi Statistique Canada. Les économistes interrogés s’attendaient à une augmentation de 25 000 emplois et à un taux de chômage de 6,6 % en moyenne.

Si la création d’emplois a dépassé les attentes, le secteur public a représenté près de 90 % des emplois créés en novembre. Après avoir augmenté d’un point de pourcentage en dix mois, le taux de chômage est désormais le plus élevé hors pandémie depuis janvier 2017.

Après la publication de ce rapport, le rendement des obligations à deux ans du gouvernement canadien a chuté de huit points de base à 2,942 %, tandis que le huard a chuté à 1,409 $ CA pour un dollar américain à 10 h, heure d’Ottawa.

Les négociants en swaps de nuit ont augmenté les chances d’une réduction de 50 points de base lors de la décision de la Banque du Canada cette semaine à plus de trois quarts.

Le rapport a été publié en même temps que les emplois non agricoles aux États-Unis, qui ont augmenté de 227 000 tandis que le taux de chômage a grimpé à 4,2 %.

Le taux de chômage au Canada a augmenté plus que prévu, ce qui soulève des questions quant à savoir si le marché du travail se détend à un rythme qui justifierait des baisses de taux d’intérêt plus importantes.

Le rapport souligne la faiblesse persistante du marché du travail qui avait déjà convaincu la Banque du Canada d’accélérer le rythme des baisses de taux, avec une réduction de 50 points de base en octobre. Avant la publication de ce rapport, certains économistes s’attendaient déjà à une nouvelle baisse drastique lors de sa prochaine décision, le 11 décembre.

« Les données de vendredi étaient la dernière pièce du puzzle avant la décision de la Banque du Canada la semaine prochaine, et même si la pièce ne s’emboîtait pas parfaitement, nous voyons toujours l’image d’une économie en difficulté qui a besoin de l’aide d’une autre réduction de 50 points de base des taux », a déclaré Andrew Grantham, économiste à la Banque Canadienne Impériale de Commerce, dans un rapport aux investisseurs.

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Les économistes de la Banque de Montréal ont changé leur prévision pour la réunion de la semaine prochaine, prévoyant une réduction de 50 points de base au lieu de 25.

« Lorsque les faits changent, nous changeons, et la forte hausse du taux de chômage est un grand changement. Nous nous attendons maintenant à ce que la Banque du Canada réduise son taux de 50 points de base lors de la réunion de la semaine prochaine. Préparez-vous à un dollar canadien beaucoup plus faible et à une relance du marché de l’immobilier », a déclaré Benjamin Reitzes, stratège en taux et en macroéconomie, dans un courriel.

Le taux d’emploi, soit la proportion de la population en âge de travailler qui a un emploi, est resté stable à 60,6 % en novembre, après avoir baissé pendant six mois consécutifs de mai à octobre. La croissance de l’emploi au cours du mois a suivi le rythme des gains de la population en âge de travailler.

Le nombre de chômeurs a augmenté de 6,1 %, portant le nombre total à 1,5 million. Près de la moitié des personnes de ce groupe n’avaient pas travaillé au cours de l’année écoulée ou n’avaient jamais travaillé.

Le chômage au Canada atteint son plus haut niveau depuis trois ans

Le taux de chômage des jeunes a augmenté de 1,1 point de pourcentage pour atteindre 13,9 %. Le taux de participation a augmenté de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 65,1 %.

La croissance annuelle des salaires des salariés permanents a fortement ralenti, passant de 4,9 % en octobre à 3,9 % en novembre, soit moins que les économistes ne l’avaient anticipé (4,7 %). Il s’agit du rythme le plus lent depuis juin 2023.

Il s’agit du dernier des deux rapports sur l’emploi publiés entre les décisions d’octobre et de décembre de la banque centrale. Le premier rapport, publié le mois dernier, montrait que l’économie avait créé moins de postes que prévu tandis que le taux de chômage restait stable.

Les autres données économiques publiées depuis n’ont pas permis de trancher la question de savoir si la banque centrale devrait réduire ses taux d’intérêt de 25 ou 50 points de base la semaine prochaine. Alors que l’inflation a de nouveau accéléré à 2% et que les ventes au détail et le marché immobilier ont montré des signes de reprise, la production du troisième trimestre a progressé plus lentement que prévu, la menace des droits de douane américains ajoutant à l’incertitude pour l’année prochaine.

Les gains d’emplois en novembre ont été principalement attribuables au commerce de gros et de détail, à la construction, aux services professionnels, aux services d’enseignement et aux services d’hébergement et de restauration. En revanche, les secteurs de la fabrication, des transports et des ressources naturelles ont enregistré des pertes d’emplois.

À l’échelle régionale, l’emploi a augmenté en Alberta, au Québec, au Manitoba et à l’Île-du-Prince-Édouard, alors qu’il a peu varié dans les autres provinces.