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Les taux hypothécaires canadiens les plus élevés de la décennie

27 avril, 2022   |   Par Kadiatou Bah

Les Canadiens devraient s’attendre à payer les intérêts hypothécaires les plus élevés en une décennie et ces taux ne font que commencer à être élevés

L’ère de la dette bon marché et de la faible inflation au Canada est maintenant derrière nous. L’obligation à 5 ans du gouvernement du Canada a clôturé au plus haut niveau en une décennie la semaine dernière. Les rendements à cinq ans sont importants pour l’immobilier car ils influencent les taux hypothécaires. Par conséquent, les Canadiens devraient s’attendre à payer les intérêts hypothécaires les plus élevés en une décennie et ces taux ne font que commencer à être élevés.

Les rendements obligataires influencent les taux hypothécaires

Les rendements des obligations d’État influencent le coût des intérêts sur les titres de créance d’une durée similaire. Lorsque les rendements augmentent ou baissent, le coût des intérêts sur la dette n’est que de quelques pas en arrière. L’une des obligations les plus importantes est celle d’échéance 5 ans qui influence directement l’hypothèque à taux fixe de 5 ans. L’hypothèque se trouve également être l’un des produits à créance les plus populaires. Surtout lorsque les taux d’intérêt augmentent.

Les rendements obligataires canadiens ont atteint leur plus haut niveau en dix ans

Le rendement des obligations d’État à 5 ans grimpe à un rythme généralement rapide ces jours-ci. Le rendement a clôturé la semaine passée à 2,544%, en hausse de 7,65 points de base (pb) par rapport à la semaine d’avant. Au cours du dernier mois, le rendement a grimpé de 74,25 points de base, l’un des sauts les plus rapides de tous les temps. Le Canada n’a pas atteint un tel sommet depuis avril 2011, il y a plus de dix ans.

Nous n’avons pas besoin de remonter loin en arrière pour montrer à quel point la montée a été étrangement rapide. Le rendement a augmenté de 158,67 points de base par rapport à l’année dernière, ce qui signifie que le mois dernier a été près de la moitié de la hausse. Dire qu’il s’agit d’un taux anodin reviendrait à sous-estimer ce mouvement de crise en réponse à l’inflation.

Les prêts hypothécaires canadiens à taux fixe de 5 ans montent en flèche

Le Canada a également vu les taux hypothécaires fixes sur 5 ans grimper tout aussi rapidement en réponse. Par exemple, le taux affiché par la RBC était près d’un creux record de 2,19 % pas plus tard qu’en octobre. À ce jour, il a grimpé à 3,94%. Cela est une augmentation significative en si peu de temps. Dans les situations où un test de résistance n’est pas appliqué, un acheteur verrait une baisse de 17% du pouvoir d’achat maximal.

Les acheteurs soumis à des tests de résistance sont déjà testés à un taux d’intérêt plus élevé de 5,25%, de sorte que leur prêt hypothécaire maximal n’est que très peu affecté. Bien que ce cycle de taux soit la première fois que le taux au contrat d’un acheteur peut dépasser le seuil actuel du test de résistance, cela signifie que la première baisse de l’effet de levier depuis des années sera observée.

Les prêts hypothécaires à terme fixe de cinq ans étaient les prêts hypothécaires les plus populaires jusqu’à récemment. Lorsque ceux-ci ont commencé à grimper il y a un an, les acheteurs ont commencé à envisager des prêts hypothécaires à taux variable. Ceux-ci sont basés sur le taux du financement à un jour, qui n’a pas évolué avec les attentes du marché. Cela laissait beaucoup d’argent bon marché dont les acheteurs étaient plus que prêts à profiter.

Avec la hausse du taux du financement à un jour et les taux fixes à 5 ans en hausse, il n’y a plus nulle part où se cacher. En conséquence, certains économistes d’Oxford Economics s’attendent à une réévaluation des actifs, une façon sophistiquée de dire la chute des prix de l’immobilier.

L’immobilier canadien pourrait connaître une légère baisse si l’un des principaux prévisionnistes au monde a raison. Les dernières prévisions d’Oxford Economics montrent que les prix des maisons chutent de 24% d’ici la moitié de l’année 2024.

La hausse des taux d’intérêt et les politiques anti-spéculation devraient amorcer la baisse des prix cet automne. Si ces mesures ne parviennent pas à corriger les prix et qu’ils augmentent encore, un krach de 40% et une crise financière sont attendus, selon le rapport.