Articles

L’activité hypothécaire ralentit selon la SCHL

11 novembre, 2023   |   Par Kadiatou Bah

Les pires effets des hausses de taux d’intérêt pourraient être encore à venir pour les millions de détenteurs de prêts hypothécaires canadiens qui devront renouveler leur prêt au cours des deux prochaines années, avec une augmentation potentielle de 30 à 40 % de leurs mensualités moyennes.

Comme mentionné par la RBC dans l’article du 30 octobre, même si les taux d’intérêt augmentent depuis près de deux ans, le pire de leur effet est peut-être à venir pour des millions de propriétaires canadiens.

En 2024 et 2025, on estime que 2,2 millions de titulaires de prêts hypothécaires seront confrontés à un « choc de taux d’intérêt » à mesure qu’ils renouvelleront leur prêt dans un environnement de taux nettement plus élevés. Ce chiffre représente environ 45 % de tous les prêts hypothécaires en cours au Canada, soit plus de 675 milliards de dollars.

Plus de 290 000 emprunteurs à taux fixe ont déjà fait face à un tel choc au premier semestre 2023, selon une nouvelle étude de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

De 2018 à 2020, les taux d’intérêt oscillaient entre 1 % et 2 %. Après le début de la pandémie, la Banque du Canada (BdC) a réduit ses taux à 0,25 % et a promis de les maintenir « bas pendant longtemps ». Mais, en mars 2022, la Banque du Canada a lancé une vague de hausses de taux qui ont ramené le taux du financement à un jour à son niveau actuel de 5 %.

Lorsque les propriétaires renouvelleront leur prêt hypothécaire au cours des deux prochaines années, ils pourraient constater une augmentation de 30 à 40 % de leurs mensualités moyennes. Par exemple, pour un prêt hypothécaire de 500 000 $ avec une durée à taux fixe de cinq ans et une période d’amortissement de 25 ans, une augmentation du taux de 1,94 % à 5,45 % entraînerait une augmentation de 950 $ de leurs mensualités.

Plutôt que d’être sur des taux faibles pendant longtemps, les détenteurs de prêts hypothécaires sont désormais confrontés à une réalité de taux élevé pour plus longtemps.

Des paiements plus importants pourraient placer les emprunteurs dans « des situations financières plus précaires », prévient la SCHL , ce qui rendra l’économie plus vulnérable aux chocs négatifs et aux ralentissements.

« Les propriétaires s’étaient habitués aux taux d’intérêt bas. Même si les taux hypothécaires autour de 6 à 7 % ont été courants dans l’histoire financière canadienne, les détenteurs de prêts hypothécaires d’aujourd’hui sont confrontés à la hausse des taux d’intérêt la plus rapide et la plus importante depuis plus de quatre décennies », a déclaré la SCHL.

« Cette forte hausse des taux d’intérêt coïncide avec une époque où les ménages sont confrontés à des niveaux d’endettement historiquement élevés et à un coût de la vie plus élevé. », constate la SCHL.

Le marché de la dette au ralenti

Malgré des taux d’intérêt élevés et des coûts croissants du service de la dette, les prêts hypothécaires en souffrance se sont stabilisés à des niveaux historiquement bas au cours des 16 derniers mois. Mais les taux de délinquance parmi les prêts automobiles, les cartes de crédit et les marges de crédit augmentent continuellement depuis plus d’un an, ce qui indique qu’un nombre croissant de Canadiens se débattent sous le poids de leur dette.

De plus, la dette hypothécaire a continué de croître malgré un ralentissement de l’activité hypothécaire. Au cours du premier semestre 2023, les banques à charte ont signalé une baisse de 44 % des prêts hypothécaires pour l’achat de propriétés par rapport à la même période de l’année précédente, les taux d’intérêt élevés ayant entraîné un ralentissement des ventes. 

En août 2023, la dette hypothécaire résidentielle s’élevait à 2 140 milliards de dollars, en hausse de 3,4 % par rapport à l’année précédente.

Alors que la Banque du Canada laisse sur la table de nouvelles hausses des taux d’intérêt, les espoirs des détenteurs de prêts hypothécaires concernant des réductions imminentes se sont dissipés. En témoigne la baisse du nombre de prêts hypothécaires d’une durée inférieure à trois ans au cours du premier semestre 2023.

Parallèlement, les périodes d’amortissement se sont allongées à mesure que les propriétaires cherchent à réduire leurs mensualités. Au premier semestre 2023, près des deux tiers des nouveaux prêts hypothécaires avaient une période d’amortissement supérieure à 25 ans, contre seulement la moitié en 2020.

Cette tactique est l’une des solutions proposées par la SCHL au nombre croissant de Canadiens qui attendent le renouvèlement de leur prêt hypothécaire. D’autres options pour « joindre les deux bouts » incluent la réduction de l’épargne, le report des achats importants, la réduction de la consommation de biens et services non essentiels, la priorité aux remboursements hypothécaires par rapport aux autres prêts et cartes de crédit et la vente préventive de votre maison.