Les taux d’intérêt élevés vont continuer de refroidir les marchés immobiliers du Canada en novembre, une tendance qui, selon les économistes, persistera jusqu’en mi 2024.
Selon de nouvelles données de l’Association canadienne de l’immeuble, seulement 424 920 maisons ont été vendues à travers le pays le mois dernier, soit une baisse de 5,6 % par rapport à septembre. Près des trois quarts des gains de ventes observés lors de la pause de hausse du taux directeur de la Banque du Canada ce printemps se sont inversés.
Alors que les nouvelles inscriptions ont légèrement diminué de 2,3 % sur une base mensuelle, pour atteindre 858 744 propriétés, elles ont augmenté de plus de 30 % depuis mars.
Pour Marc Desormeaux, économiste principal chez Desjardins, cette tendance indique que de nombreux propriétaires qui ont acheté dans un contexte de taux d’intérêt plus bas sont désormais « aux prises avec des coûts d’emprunt nettement plus élevés ».
« Malgré la baisse de l’offre à court terme en octobre, il est clair que le sentiment du marché reste beaucoup plus pessimiste qu’il ne l’était il y a quelques mois », a écrit Desormeaux dans une récente mise à jour économique .
Les nouvelles inscriptions ayant dépassé les ventes, le ratio national ventes/nouvelles inscriptions est tombé à 49,5 % en octobre, un plus bas depuis 10 ans.
En Ontario, ce même ratio est tombé à son plus bas niveau depuis la crise financière mondiale.
Les acheteurs ont désormais le dessus dans près de la moitié des marchés locaux de la province, notamment à Toronto, Hamilton, St. Catharines, Barrie, Peterborough et Kingston. Comme l’a dit Robert Hogue, économiste en chef adjoint à RBC , « l’Ontario mène le ralentissement du marché immobilier canadien », mais d’autres provinces emboitent le pas.
Même l’Alberta, qui abrite les marchés immobiliers les plus dynamiques au pays, a vu ses ventes chuter de 8,3 % de septembre à octobre. Des baisses plus prononcées ont été enregistrées à Edmonton et à Calgary, même si les deux demeurent en territoire équilibré.
Alors que les ventes ralentissent partout au Canada, l’Indice composite global des prix des maisons (IPP) MLS a chuté de 0,8 % sur une base mensuelle en octobre, pour s’établir à 745 800 $.
Cette baisse fait suite à une baisse de 0,4 % en septembre.
En Ontario, l’IPP MLS global a chuté de 1,4 % pour s’établir à 897 800 $, marquant un troisième mois consécutif de baisse. Bien que de seulement 0,1 %, la Colombie-Britannique a connu sa première baisse des prix en sept mois, l’IPP MLS global tombant à 997 000 $.
Bien que les prix aient continué d’augmenter dans la majorité des autres provinces, dont l’Alberta, le Québec et la Nouvelle-Écosse, les deux provinces les plus chères, l’Ontario et la Colombie-Britannique, ont une influence démesurée sur le prix moyen national des maisons.
Rishi Sondhi, économiste chez TD, prédit « fortement » que les deux marchés connaitront des baisses ultérieures au cours des prochains mois.
« Les données continuent de montrer très clairement que le marché immobilier canadien s’affaiblit sous le poids d’une accessibilité limitée et des effets cumulatifs de taux d’intérêt fortement plus élevés », a déclaré Desormeaux.
Desormeaux, Hogue et Sondhi s’attendent à ce que la faiblesse persiste, l’activité restant relativement calme et les prix continuant de baisser jusqu’à l’année prochaine à l’échelle nationale.
Même si la Banque du Canada semble avoir fini de relever les taux d’intérêt, il est peu probable que le nombre d’acheteurs rebondisse comme ça l’a été au printemps, compte tenu du contexte des taux « plus élevés pour plus longtemps ». Tout « revirement significatif » sur le marché ne se produira pas avant le début des réductions, au printemps ou à l’été 2024, selon eux.
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En conclusion, les taux d’intérêt élevés et l’accessibilité difficile continueront de peser sur les marchés immobiliers du Canada pour le reste de l’année, mais cela ne devrait pas freiner l’investisseur immobilier en multilogements sophistiqué et à ses affaires.