Les inégalités de revenus au Canada ont atteint leur plus grande ampleur au cours de ce siècle, alors que les taux d’intérêt élevés alourdissent le fardeau de la dette des ménages à faibles revenus tout en augmentant le rendement des investissements pour les personnes mieux rémunérées.
Au deuxième trimestre, les 40 % des ménages les plus riches détenaient 65,2 % du revenu disponible, tandis que les groupes aux revenus les plus faibles en détenaient 18,2 %. Cet écart de 47 points de pourcentage est le plus important depuis que Statistique Canada a commencé à enregistrer les données en 1999, a indiqué l’agence jeudi.
Les ménages à faibles revenus sont moins en mesure de profiter des rendements plus élevés des comptes d’épargne et d’investissement parce qu’ils disposent de moins de ressources, a noté l’agence.
En juin, la Banque du Canada a commencé à réduire son taux directeur, qui se situait à 5 %, son niveau le plus élevé depuis vingt ans. Le taux est maintenant à 4,25 % et de nouvelles baisses sont attendues dans les mois à venir, mais les emprunteurs continuent de ressentir de fortes difficultés.
Revenu disponible d’un ménage canadien typique : 85 000 $
« Les ménages les plus pauvres, soit les 20 % les plus pauvres, ont également profité d’une croissance supérieure à la moyenne de leur revenu disponible au cours du trimestre », a indiqué Statistique Canada. Les salaires de cette cohorte ont augmenté de 14,3 %, ce qui a plus que compensé la hausse des intérêts payés sur les prêts hypothécaires et le crédit à la consommation.
« Les gains salariaux pour les ménages les plus faibles ont été principalement attribués à ceux qui travaillent dans le secteur des services, comme la santé et l’éducation, ainsi que dans les services professionnels et personnels », a indiqué l’agence.
Toutefois, la part des revenus des Canadiens qui se situent dans la tranche moyenne de 60 % des salariés a diminué par rapport à l’année précédente. Les gains d’investissement des ménages à revenu moyen n’ont pas suivi le rythme de la croissance des frais d’intérêt, a indiqué Statistique Canada.
Les 20 % des personnes ayant les revenus les plus élevés ont quant à eux connu la plus forte augmentation de leur part de revenu disponible par rapport aux autres groupes.
La plupart des ménages ont en moyenne épargné davantage qu’un an plus tôt, la pression sur le coût de la vie s’étant généralement atténuée. Les ménages aux revenus les plus élevés ont également obtenu les meilleurs résultats sur ce plan.
L’effet en immobilier
En ce qui concerne la richesse, Statistique Canada a réitéré que la majeure partie de la richesse est détenue par un nombre relativement restreint de ménages au pays. Les 20 % des ménages les plus riches représentaient plus des deux tiers de la valeur nette totale du Canada au deuxième trimestre. L’écart de richesse entre les 20 % les plus riches et les 40 % les plus pauvres est proche d’un niveau record.
Le communiqué souligne également les difficultés financières auxquelles sont confrontés les jeunes Canadiens. Les moins de 35 ans sont le seul groupe à avoir continuellement réduit le solde de leur dette hypothécaire depuis la fin de 2022, ce qui indique qu’ils sont moins nombreux à contracter des prêts hypothécaires alors que le coût de l’accession à la propriété est devenu inabordable.
Les ménages dont le principal soutien de famille est âgé de 35 à 44 ans ont le ratio dette/revenu le plus élevé de toutes les tranches d’âge, soit 260 %, même si ce chiffre a diminué de cinq points de pourcentage par rapport à l’année précédente. Les moins de 35 ans ont réduit leur ratio d’endettement de neuf points de pourcentage.