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Aplatissement de la courbe des taux au Canada et aux USA

15 février, 2022   |   Par Kadiatou Bah

Les banques centrales ont peut-être maintenu les taux trop bas pendant trop longtemps, ce qui les rend difficiles à normaliser. Les États-Unis discutent maintenant de l’aplatissement de la « courbe des taux », souvent signe d’un ralentissement économique. Le Canada ignore une discussion similaire, même s’il s’aplatit encore plus rapidement que les États-Unis. L’aplatissement se transforme rapidement en inversion de la courbe des taux, considérée comme un indicateur avancé de récession.

La courbe des taux s’accentue, s’aplatit et s’inverse

Une courbe de rendement est un graphique des rendements et des conditions des obligations d’État. Cette courbe est surveillée de très près par les acteurs dans le marché. Les économies saines ont une courbe de rendement avec une pente vers le haut (ascendante), comme un décollage d’un avion. Les obligations à court terme, comme les obligations du gouvernement du Canada à 2 ans, ont un rendement normalement inférieur à celui des obligations à long terme. Après tout, il y a plus d’incertitudes et de risque quand on essaie de prévoir sur un horizon plus long. Plus de risque nécessite aussi plus de compensation comme motivation, dans ce cas avec elle se fait avec des rendements plus élevés.

L’aplatissement de la courbe des taux se produit lorsque les rendements à court et à long terme approchent des niveaux similaires. Si un investisseur considère le même risque pour une obligation à 20 et 30 ans, il y a une incertitude quant à l’avenir. Les obligations à 10 ans et à 2 ans au Canada sont généralement utilisées pour une lecture rapide de la situation actuelle. Si les choses vont vraiment mal, le marché peut voir une inversion de la courbe des taux.

L’inversion de la courbe des taux se produit lorsque les rendements à court terme sont plus élevés que ceux à long terme. Les investisseurs sont plus incertains quant à l’avenir. Les recherches de la Réserve fédérale américaine montrent que cela a été l’outil de prévision de la récession le plus efficace de l’histoire. Après l’inversion, une récession est vue aussi rapidement que six mois après selon l’estimé.

La courbe des taux du Canada s’aplatit

La courbe des taux du Canada s’aplatit et c’est d’une évidence brutale par rapport à il y a un an. L’écart entre les rendements obligataires à 10 et 2 ans du Gouvernement chinois est tombé à seulement 37,6 points de base le 14 février. Il s’agit d’une baisse par rapport aux 93,1 points de base d’il y a un an et à 130,6 pb au sommet de ce cycle en mars 2021. Il y a encore un écart, mais la courbe semble beaucoup moins saine qu’il y a un an, lorsque les banques ont commencé à suggérer des taux plus élevés.

Un point qui se démarque probablement dans le marché est que l’obligation du Gouvernement du Canada à 20 ans est de 2,150% et le 30 ans à 2,136. Encore une fois, ce n’est jamais un bon signe de voir les rendements à long terme s’effondrer en dessous des rendements à court terme. Les hausses de taux exerceront plus de pression sur les rendements à court terme que sur les rendements à long terme. Dans ce cas, si la hausse des taux d’intérêt ne change pas la perspective à long terme, la courbe s’affaissera davantage.

La courbe des taux américains s’aplatit et la sonnette d’alarme retentit

La courbe des taux américains semble plus forte que celle du Canada, mais les craintes d’un aplatissement sont déjà dans les médias. L’écart entre les bons du Trésor américain à 10 et 2 ans (leur obligation d’État) n’est que de 42 points de base le 14 février. Il était d’environ 109 pb il y a un an, donc cet écart se réduit également rapidement. C’est un écart plus large par rapport à celui observé au Canada qui n’est pourtant pas le centre d’attention. Les discussions sur des hausses agressives pour freiner la flambée de l’inflation freinent la croissance à long terme.

Les économistes se sont montrés très bruyants au sujet de la hausse des taux il y a un an, lorsque les courbes étaient plus saines. La reprise était en bonne voie, les prix des maisons ont fait des gains modestes et l’inflation ne faisait que se réchauffer. L’économie était beaucoup mieux placée pour faire face à une hausse des taux. Au lieu de cela, les banques centrales se sont appuyées sur la croissance non productive et ont adopté une inflation excessive. Maintenant, ils doivent équilibrer les deux tendances, faut-il ralentir l’inflation ou l’économie?