Grâce à la pandémie, de nombreux Canadiens se sont vus initiés à un certain nombre de nouveaux concepts financiers passionnants, tels que « l’assouplissement quantitatif » ou « les taux d’intérêt négatifs ». Ces derniers sont l’objet de cet article.
Une banque vous paierait-elle pour emprunter de l’argent ? Cela semble à première vue attrayant, mais ce n’est pas un scénario pour lequel les Canadiens sont favorables. Un récent sondage de la Banque du Canada a révélé que 73% des répondants ne voudraient pas que la banque centrale applique des taux d’intérêt négatifs si l’économie du pays subit de nouvelles turbulences.
Malgré le maintien de son taux d’intérêt au jour le jour à un niveau record de 0,25% depuis le 27 mars de l’année dernière, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré officiellement en octobre qu’il faut “ne jamais dire jamais” en faisant référence au fait que le taux puisse descendre en dessous de zéro au pire des cas.
Si la Banque du Canada doit contrer un ralentissement inattendu de l’économie canadienne, des taux d’intérêt négatifs sont toujours sur la table. Cependant, c’est un scénario que nous devrions tous espérer éviter.
Taux d’intérêt négatifs, mode de fonctionnement
Les taux d’intérêt négatifs sont en général, le signe d’une économie en difficulté. Lorsqu’une économie est en bonne santé, les banques paient des intérêts aux clients qui y déposent de l’argent, utilisent ces dépôts pour consentir des prêts et d’autres investissements et recouvrent les intérêts qu’elles facturent aux emprunteurs.
Les taux d’intérêt négatifs ne sont généralement appliqués que lorsque les économies ont déraillé et que les prix des produits clés commencent à chuter. Les investisseurs voient leurs rendements baisser, alors ils commencent à retirer leur argent de l’économie en masse dans le but de le stocker jusqu’à ce que des jours meilleurs et plus rentables arrivent.
Les banques ont besoin de l’argent investi pour fonctionner, alors elles rendent l’épargne moins intéressante en déployant des taux d’intérêt négatifs pour stimuler les investissements.
Les intérêts négatifs profitent aux emprunteurs. Pour encourager les entreprises et les investisseurs à emprunter de l’argent et à l’injecter dans l’économie, les banques proposent des prêts à des taux négatifs. Lorsque cela se produit, les intérêts de l’emprunteur sont soustraits du capital plutôt que d’y être ajoutés.
Dans les faits, on pourrait, par exemple, vous proposer un prêt hypothécaire avec un taux d’intérêt annuel de -0,5%. Au moment où vous aurez fini de rembourser le prêt, vous aurez payé moins que le montant que vous avez emprunté à l’origine.
Cas récents de taux d’intérêt négatifs
La banque centrale suédoise a été la première à introduire des taux d’intérêt négatifs.
Au plus fort de la Grande Récession, les banques centrales européennes ont suivi une voie similaire à celle que la Banque du Canada a suivie pendant la récente pandémie. Ils ont abaissé les taux d’intérêt dans la mesure du possible pour encourager l’emprunt.
Cela ne suffisait pas pour sortir leurs économies des problèmes, de sorte qu’un certain nombre de banques centrales ont dû recourir à une réflexion originale, la mise en œuvre de taux d’intérêt négatifs.
En 2009, la banque centrale suédoise a été la première à abaisser le taux de certains dépôts qu’elle détient pendant la nuit pour les banques commerciales à -0,25%.
La banque centrale du Danemark a introduit des taux négatifs en 2012. La Banque du Japon a quant à elle, ramené son taux sous zéro deux ans plus tard.
Ces stratégies de banque centrale n’ont pas eu d’incidence directe sur les consommateurs, mais les banques commerciales maquillent parfois les intérêts négatifs sous forme de frais facturés aux clients.
Pourquoi les taux négatifs ne sont pas une bonne chose ici
Comme dans les exemples ci-dessus, les taux d’intérêt négatifs n’entrent pas en jeu tant que l’économie d’un pays n’est pas complètement essoufflée. Lorsque les banques découragent les gens de déposer de l’argent, vous savez que quelque chose ne va pas.
Donc, si la Banque du Canada se met soudainement à favoriser des intérêts négatifs, c’est parce qu’elle aurait peur, pas parce que les fonctionnaires veulent que les agents économiques obtiennent une bonne note sur une hypothèque .
Des taux d’intérêt négatifs seraient une terrible nouvelle pour le Canadien moyen. Avec une croissance des salaires largement stagnante et les banques payant déjà si peu d’intérêts annuels, le fait d’être facturé pour déposer votre argent dans une banque rend encore plus difficile l’épargne pour les achats futurs importants.
Les taux d’intérêt négatifs, parce qu’ils rendent l’investissement en devises moins attrayant, pourraient également faire baisser la valeur du dollar canadien.
Un huard plus faible signifierait des prix plus élevés pour les produits importés, en particulier ceux payés aux États-Unis.
Si la Banque du Canada entre en mode désespoir et déclenche des taux négatifs, il est peu probable que les taux hypothécaires deviennent négatifs. Historiquement, les taux hypothécaires ont généralement été supérieurs de 2 points au taux au jour le jour de la Banque du Canada.
Qu’est-ce que cela signifie pour les consommateurs?
Le taux préférentiel du Canada, utilisé pour calculer les taux d’intérêt sur les hypothèques variables, les prêts automobiles, les marges de crédit hypothécaire et même certains types de cartes de crédit, n’est actuellement que de 2,45%. C’est le plus bas depuis l’époque de la crise financière de 2008.
Le Canada n’est jamais entré dans un territoire à taux d’intérêt négatifs, donc les investisseurs ne devraient pas attendre ce scénario pour aller de l’avant avec leur projet, si leur santé financière le leur permet.
Bien sûr, les taux hypothécaires ont considérablement augmenté cette année, mais ils restent bien en deçà des moyennes historiques.
Si vous décidez d’obtenir un prêt hypothécaire cette année, assurez-vous de bien vous renseigner ou encore de trouver un courtier réputé pour gérer les détails.