Malgré les dernières indications de la banque centrale selon lesquelles elle ne relèvera pas les taux avant les « trimestres intermédiaires » de cette année, les économistes de J.P. Morgan s’attendent à ce que la Banque relève les taux d’intérêt lors de sa prochaine réunion le 26 janvier.
Il s’agirait de la première hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada depuis le début de la pandémie et aussi une première hausse de taux depuis octobre 2018.
« D’après la rhétorique de la Banque du Canada en décembre, il était clair que la dynamique du marché du travail et la surperformance des données économiques avaient accru les inquiétudes de la Banque quant à la réduction de l’écart de production plus rapidement que prévu », a écrit Silvana Dimino, économiste chez J.P. Morgan, dans une note de recherche. « Nous pensons que la Banque verra les risques liés aux perspectives et à l’écart de production et optera pour un recalibrage plus rapide de sa politique monétaire. », a-t-elle écrit.
Malgré les inquiétudes accrues suscitées par la vague actuelle du variant d’Omicron, les données économiques de décembre montrent que l’économie continue de surperformer. Le pays a connu son septième mois consécutif de croissance de l’emploi en décembre, avec des emplois aux niveaux d’avant la pandémie et un taux de chômage de 5,9 %.
« Bien que la Banque ait prudemment reconnu l’incertitude entourant les vagues passées, la stratégie a généralement consisté à examiner la nature temporaire de tout impact sur l’activité », a ajouté Dimino.
La RBC donne son point de vue
En début de la semaine dernière, le chef de la direction de RBC, David McKay, a appelé la banque centrale à prendre des « mesures rapides » et à aller de l’avant avec de multiples hausses de taux pour aider à contrôler l’inflation.
Dans une interview, McKay a déclaré que nous assistions à « une inflation permanente et soutenue qui doit être traitée par la politique monétaire, et nous avons donc besoin d’une action rapide ce printemps et d’une série de hausses de taux pour y remédier ».
Il a ajouté que la récente accélération de l’inflation ne sera pas « transitoire », comme la banque centrale l’a suggéré, étant donné qu’il existe déjà des signes d’un cycle salaires-prix qui maintiendra certains coûts à un niveau de prix permanent.
Quant aux marchés, ils prévoient actuellement entre quatre et cinq hausses de taux d’un quart de point cette année, avec une probabilité croissante de la première hausse des taux plus tard ce mois-ci.
Divergences dans les prévisions
Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec l’évaluation de McKay.
Les économistes de BMO, par exemple, voient encore la Banque du Canada attendre jusqu’en avril avant de commencer à augmenter ses taux.
« Comme auparavant, nous prévoyons que les hausses de taux de la Banque du Canada vont commencer en avril, avec des mouvements de 25 points de base lors de trois réunions consécutives (en 2010 et 2017, la Banque a également commencé par des hausses consécutives), avant de ralentir à un niveau de 25 points de base par trimestre. », a écrit Michael Gregory, économiste en chef adjoint chez BMO. « Le risque net est que l’action d’avril soit reportée en mars, si les cas d’Omicron reculent rapidement et que les restrictions sont levées. », a-t-il ajouté.
Les économistes de Capital Economics voient également la Banque attendre jusqu’en mars ou avril avant d’appuyer sur la gâchette et relever les taux.
Stephen Brown, économiste principal du Canada chez Capital Economics, a déclaré que cela donnerait à la Banque du Canada plus de temps pour évaluer les risques et l’impact économique de la variante Omicron. « Alors que la plupart des économies avancées sont au milieu d’une vague Omicron, le Canada se distingue par l’ampleur des restrictions qui ont été réimposées », a-t-il écrit. « En fin de compte, il y a des raisons de penser que la Banque fait face à moins de pression immédiate pour augmenter que certains de ses pairs. », a affirmé Brown.
À propos de l'auteur
Ayant occupé différents postes en analyse financière, Kadiatou est une passionnée des phénomènes économiques et de leur interprétation.
Diplômée de HEC Montréal en économie appliquée, finance et mathématique, elle se joint à MREX pour partager son regard sur l’actualité en soulignant, les faits pertinents pour les investisseurs immobiliers.
