Adopté en décembre 2020, le projet de loi 66 porté par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, vient stimuler le milieu de la construction au Québec notamment, grâce aux nombreux projets d’infrastructure qu’il comporte.
En effet, ce projet de loi vient accélérer plus de 180 projets d’infrastructure majeurs dans la province tels que : le prolongement de la ligne bleue du métro, des extensions d’autoroutes, de nouvelles maisons de soins pour personnes âgées et des rénovations d’écoles.
Le ministre du Travail du Québec Jean Boulet et Sonia LeBel, aussi ministre québécoise responsable de l’Administration Gouvernementale ont fait l’annonce en conférence de presse de l’injection d’un montant de 120 millions de dollars au cours des trois prochaines années. Cela, dans le but d’aider l’industrie de la construction à répondre à la demande créée par le stimulus économique.
Lors de la conférence de presse qui s’est tenue à Montréal, le dimanche 21 mars 2021, annonçant un plan d’action pour l’industrie de la construction, Lebel expliquait que le secteur de la construction se portait bien, mais, qu’il devait répondre à la demande que le gouvernement s’apprête à faire pour relancer l’économie.
L’industrie de la construction du Québec devra embaucher 11 000 travailleurs de plus chaque année afin de suivre le rythme des projets d’infrastructure dans le cadre du programme de relance économique post-pandémique ayant pour objectif d’aider les entreprises à se développer et à augmenter leur productivité.
« En raison de la pandémie, nous devons nous assurer que nous avons des mesures solides pour relancer l’économie. Investir dans les infrastructures… s’est avéré très efficace pour relancer l’économie », a déclaré LeBel.
Le ministre du Travail a déclaré dimanche « pour que les projets se concrétisent, l’industrie de la construction devra s’attaquer à une pénurie de main-d’œuvre qui était un problème avant même le début de la pandémie ».
« Ce que nous constatons, c’est qu’il y aura beaucoup de départs à la retraite au cours des cinq prochaines années, et il y a une baisse des inscriptions à la formation qui avait été observée avant la pandémie », a déclaré Boulet
Le nouveau financement pour l’industrie de la construction comprend 32,4 millions de dollars sur trois ans pour faire face à ce marché du travail tendu.
Boulet a déclaré que le gouvernement souhaite aussi aider les entreprises à embaucher plus d’immigrants, de femmes, de minorités visibles et de membres des communautés autochtones et inuites, ainsi que de personnes handicapées.
Cela atténuerait certaines des inégalités dans la répartition des sexes qui pourraient être observées, si les gouvernements optent pour des approches plus conventionnelles en recrutement de main-d’œuvre pour faire face au ralentissement causé par la pandémie.
Plus de la moitié, soit 54% de toutes les femmes qui entrent dans l’industrie de la construction au Québec quittent leur emploi dans les cinq premières années, selon Boulet.
Le ralentissement de la pandémie, comme plusieurs observateurs l’ont noté, a eu des conséquences disproportionnées sur les femmes. La déclaration de Boulet était donc la bienvenue dans les circonstances.
De plus, les secteurs ayant tendance à avoir une forte main-d’œuvre féminine, tels que l’hôtellerie et le tourisme, n’ont pas encore complètement récupéré de la crise qu’a causé la pandémie.
Réactions mitigées à la suite des annonces
Même si la Commission de la Construction du Québec cherche des moyens de retenir les travailleurs et présentera un plan au gouvernement d’ici le 1er août, le principal syndicat de la construction de la province, FTQ-Construction, a déclaré que le gouvernement avait raté la cible.
« Le problème n’est pas l’offre de main-d’œuvre, mais les conditions de travail », a déclaré le Directeur Général du Syndicat, Éric Boisjoly.
Selon Boisjoly, le plan du gouvernement ne fonctionnera pas parce que ce sont les employés ayant une formation accélérée qui quittent le secteur en premier. En effet, le taux d’abandon après cinq ans en emploi dans la construction est de 24% chez les travailleurs diplômés et 40% chez les non-diplômés.
Michel Trépanier, Président du Conseil Provincial du Québec des métiers de la construction (International), est du même avis que Boisjoly.
« Cela fait plusieurs années que notre organisation répète que la rétention est l’un des plus gros problèmes de la construction », a-t-il déclaré par courrier électronique. « Tant que ce n’est pas réglé, les investissements pour attirer les travailleurs seront inefficaces ».
Alors que les syndicats ont mal accueilli les annonces, l’industrie dont les entreprises de construction, s’est quant à elle s’en réjouit et accueille favorablement les nouvelles mesures.
L’Association de la construction du Québec (ACQ) s’est réjouie de l’annonce du gouvernement, car cela permettra « aux entreprises de construction d’avoir accès à un plus grand bassin de main-d’œuvre tout en ayant des formations plus rapides et mieux adaptées aux nouvelles réalités de l’industrie ».
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) quant à elle estime qu’il s’agit d’une « bonne nouvelle pour soulager, à court terme, l’industrie, mais aussi pour assurer l’équilibre et la pérennité des entreprises œuvrant dans le secteur ».
Cependant, l’APCHQ est d’avis qu’il reste « énormément de travail à faire » pour attirer et retenir la main-d’œuvre à long terme.
François Bernier, Vice-Président Principal Affaires Publiques à l’APCHQ a déclaré, «il est certain que nous allons continuer de travailler pour trouver des solutions concrètes et viables avec le gouvernement et nos différents partenaires afin d’avancer davantage dans ce dossier ».
Notons pour terminer que l’industrie de la construction au Québec a une valeur de 53 milliards de dollars et emploie environ 265 000 personnes, ce qui en fait un incontournable dans le plan de relance de l’économie québécoise.