Cette semaine sera marquée par plusieurs annonces dont la décision en termes de politique monétaire de la Banque du Canada, de la BCE ainsi que la progression de la masse salariale et du taux de chômage aux États-Unis.
La Banque centrale européenne pourrait ouvrir la porte à un euro plus faible jeudi alors que sa première baisse des taux d’intérêt du cycle place la région sur une voie politique divergente de celle des États-Unis. La Banque du Canada pourrait cependant être la pionnière en matière de baisse de taux.
Le cas européen
Avec une réduction presque certaine d’un quart de point, les responsables de la BCE vont enfin accepter un élargissement de la différence entre les coûts d’emprunt des deux côtés de l’Atlantique, dont ils discutent des implications depuis des mois.
Les décideurs de la BCE, dirigés par la présidente Christine Lagarde, ont insisté sur le fait qu’ils étaient prêts à creuser un sillon distinct de celui de la Réserve fédérale, même si cela risque d’entraîner une monnaie plus faible qui pourrait alimenter l’inflation.
La tolérance des autorités sera probablement un élément important dans leur débat sur un éventuel nouvel assouplissement, d’autant plus après que de récents rapports ont fait allusion à des pressions persistantes sur les prix à la consommation.
Plus récemment, les données publiées vendredi présentaient un indicateur d’inflation sous-jacente qui a augmenté de manière inattendue en mai pour la première fois en un an.
La BCE peut déjà constater à quel point les perspectives politiques divergentes ont commencé à avoir un impact sur les marchés mondiaux. L’euro est tombé à son plus bas niveau face à la livre sterling depuis près de deux ans, estimant que la Banque d’Angleterre serait à la traîne par rapport à la BCE dans la baisse des taux.
Le gouverneur de la Banque d’Italie, Fabio Panetta, a reconnu vendredi que la réduction des coûts d’emprunt présentait un risque de change pour les prix, mais a ajouté que la politique restrictive américaine pourrait également nuire à la demande mondiale et ainsi freiner l’inflation dans la zone euro.
Son collègue autrichien Robert Holzmann s’est récemment montré plus menaçant, reconnaissant que « la Fed, avec le dollar, est, au sens figuré, le gorille dans la pièce » pour les responsables.
La décision de jeudi comprendra des prévisions trimestrielles qui seront scrutées à la loupe pour déceler des indices sur les intentions politiques futures, tout comme la conférence de presse de Lagarde. Les marchés monétaires parient pour l’instant sur deux réductions au total cette année, avec une petite chance d’en obtenir une troisième.
La banque centrale du Danemark devrait suivre la décision de la BCE en réduisant elle-même d’un quart de point quelques heures seulement après les résultats de la zone euro.
Ailleurs, la masse salariale aux États-Unis et une décision canadienne pleine de suspense sur une éventuelle réduction des taux seront parmi les faits saillants observés.
Le cas américain
À la suite des nouvelles données sur l’inflation et les dépenses aux États-Unis, le rapport sur l’emploi publié vendredi par le gouvernement devrait faire état d’une nouvelle croissance régulière de l’emploi en mai. La prévision médiane d’une enquête auprès d’acteurs dans le marché prévoit une augmentation de 190 000, soit une légère accélération par rapport au mois précédent.
Cela entraînerait un ralentissement de la croissance moyenne de l’emploi au cours des trois derniers mois, confirmant ainsi le ralentissement de la demande de main-d’œuvre. Le taux de chômage, basé sur une enquête distincte auprès des ménages, devrait se maintenir à 3,9 %.
Le salaire horaire moyen devrait augmenter de 3,9 % par rapport à mai 2023, correspondant au gain annuel du mois précédent. Même si la croissance des salaires se maintient à son plus bas niveau depuis trois ans, les gains salariaux restent plus élevés qu’avant la pandémie.
Le ministère du Travail publiera également mardi les données sur les offres d’emploi pour le mois de mars, et les économistes prévoient près de 8,4 millions de postes vacants, soit un peu moins que le mois précédent.
Les débouchés continuent de diminuer à mesure que les employeurs réussissent mieux à pourvoir les postes à mesure que le marché du travail devient plus équilibré.
En plus des données gouvernementales, l’Institute for Supply Management publiera respectivement lundi et mercredi les résultats de ses enquêtes de mai auprès des fabricants et des prestataires de services.
Le cas canadien
En regardant chez nous, la Banque du Canada est en mesure d’entamer bientôt un cycle d’assouplissement. Le pays a connu quatre rapports désinflationnistes consécutifs, et un rapport publié vendredi a également montré une croissance économique plus lente que prévu.
Les économistes et les traders s’attendent généralement à ce que la banque centrale abaisse son taux directeur de 25 points de base mercredi. Il reste néanmoins une certaine incertitude quant à la réaction du gouverneur prudent Tiff Macklem et de ses décideurs.
Étant donné que la consommation des ménages reste forte et que les créations d’emplois ont dépassé les attentes le mois dernier, ils pourraient attendre davantage de données et lancer un cycle d’assouplissement qu’en juillet lors de la réunion du 24 juillet.