La Banque du Canada a maintenu ses taux d’intérêt stables, mais a gardé la porte ouverte à de nouvelles hausses alors que l’inflation s’avère persistante.
Les décideurs politiques dirigés par le gouverneur Tiff Macklem ont maintenu mercredi le taux de référence des prêts au jour le jour à 5 %, le niveau le plus élevé depuis 22 ans.
Cette décision était attendue par les économistes et marque la troisième fois que les décideurs politiques restent à l’écart de ce cycle de resserrement. Les coûts d’emprunt ont bondi de 475 points de base depuis mars 2022.
« Au vu des preuves récentes d’une diminution de la demande excédentaire dans l’économie et compte tenu des effets décalés de la politique monétaire, le conseil des gouverneurs a décidé de maintenir son taux directeur », a déclaré la banque.
Les responsables restent cependant « préoccupés par la persistance des pressions inflationnistes sous-jacentes » et sont « prêts à augmenter davantage le taux directeur si nécessaire ».
Les obligations ont chuté, poussant le rendement de référence canadien sur deux ans à 4,664 %.
Même si la pause des taux et la déclaration qui l’accompagne suggèrent que les décideurs politiques attendent sans problème d’évaluer si la détérioration de l’économie rétablira la stabilité des prix, les responsables restent inquiets de la dynamique persistante de l’inflation.
Le maintien de ce biais belliciste pourrait permettre à Macklem d’éviter une répétition du signal de pause explicite de janvier, qui a conduit les marchés à intégrer rapidement de futures réductions de taux et à raviver le marché immobilier canadien.
Earl Davis, responsable des marchés obligataires et monétaires à la division mondiale de gestion d’actifs de la Banque de Montréal, a déclaré qu’il s’attend toujours à ce que la banque centrale augmente ses taux lors de l’une des deux réunions avant la fin de l’année.
Alors que de nombreuses banques centrales du monde approchent ou ont atteint leur point terminal en matière de taux, la décision de mercredi suggère que le panel de six membres du Canada pourrait bientôt orienter le débat vers la durée pendant laquelle leurs taux doivent être maintenus, plutôt que vers la mesure dans laquelle la politique devrait être à nouveau restrictive.
Mardi, la Banque de réserve d’Australie a également laissé son taux d’intérêt directeur inchangé et maintenu une tendance au resserrement.
Des pauses consécutives dans ce pays impliquent un obstacle plus important à toute nouvelle hausse et suggèrent qu’un changement surprise des données économiques sera nécessaire pour provoquer un nouveau resserrement.
Marché du travail
Après sa déclaration de janvier, la Banque du Canada est restée sur la touche pendant cinq mois. Elle a repris ses hausses en juin et juillet après une croissance économique étonnamment forte.
Mais il existe de nombreuses preuves récentes que la banque centrale a désormais fait suffisamment pour freiner la demande excédentaire.
L’économie canadienne s’est contractée au deuxième trimestre, bien en deçà de l’estimation de la banque d’une expansion annualisée de 1,5 %. Le marché du travail se détend, les postes vacants diminuent et le taux de chômage continue d’augmenter.
« L’économie canadienne est entrée dans une période de croissance plus faible, ce qui est nécessaire pour atténuer les pressions sur les prix », a déclaré la banque.
« Cela reflète un affaiblissement marqué de la croissance de la consommation et un déclin de l’activité immobilière, ainsi que l’impact des incendies de forêt dans de nombreuses régions du pays. »
Mais alors que la croissance des salaires est bloquée autour de 4 ou 5 % et que les pressions inflationnistes restent généralisées, les décideurs politiques sont toujours conscients de la difficulté qu’il y aura à ramener l’inflation à l’objectif de 2 %.
« Plus une inflation élevée persiste, plus le risque qu’une inflation élevée s’enracine est grand, ce qui rend plus difficile le rétablissement de la stabilité des prix. »
La banque a conservé les trois dernières phrases du communiqué sur les taux, exposant les indicateurs clés que les décideurs politiques surveilleront, notamment l’évolution de la demande excédentaire, les anticipations d’inflation, la croissance des salaires et le comportement des entreprises en matière de prix.
La prochaine décision de la banque centrale est attendue le 25 octobre, après la double publication des données sur l’emploi, l’inflation et le commerce de détail, ainsi que des chiffres du produit intérieur brut pour juillet et une estimation pour août.