La Banque du Canada a choisi de garder son taux d’intérêt directeur inchangé au niveau record de 0,25% mercredi, affirmant que la reprise pandémique « continue d’exiger un soutien extraordinaire de la politique monétaire ».
Elle a par la même occasion, considérablement augmenté ses estimations de croissance du Produit Intérieur Brute (PIB). La hausse de 2,5% par rapport à sa prévision antérieure vient donc établir la nouvelle estimation à 6,5%.
La banque a déclaré dans un communiqué qu’elle avait l’intention de maintenir le taux d’intérêt directeur jusqu’à la reprise de l’économie, qui pourrait être au second semestre 2022. Précédemment, cette prévision anticipait un retour à la normale en 2023. L’amélioration des perspectives signifie que la probabilité que les coûts d’emprunt augmentent à la fin de l’année prochaine est en hausse.
« On a mis la barre très basse pour se surprendre et se régaler de l’avoir surpassée dans la prochaine, pour créer une espèce de momentum, c’est ce qui se passe actuellement » a déclaré Christian Bordeleau PhD, CE. EQ. Chef de la direction financière chez MREX, en intervenant mercredi, lors du webinaire intitulé Immobilier et Enjeux : Annonce du taux directeur et rapport sur la politique monétaire. Bordeleau faisait référence au ton prudent du mois de janvier que la Banque du Canada avait volontairement adopté. La banque adopte donc aujourd’hui une vision plus optimiste de l’avenir comparativement à son regard présenté il y a trois mois. « On crée une concurrence entre les efforts sanitaires et économiques », a renchéri Bordeleau.
La banque centrale s’attend à ce que la croissance économique se ralentisse à 3,7% l’an prochain et à 3,25% l’année suivante. Le budget fédéral lui, prévoyait 4% l’an prochain et 2,1% l’année suivante.
L’amélioration des conditions de marché est la raison pour laquelle la banque dit qu’elle allégera les achats d’obligations du gouvernement fédéral, qui font partie de son programme d’assouplissement quantitatif conçu pour aider l’économie. La banque centrale va ainsi réduire la valeur de ses achats d’obligations de 4 à 3 milliards par semaine, à compter de la semaine du 26 avril. « Un marché en santé n’a pas besoin de l’intervention du gouvernement pour fournir des liquidités », a déclaré Bordeleau. « Une des raisons d’être du marché est de fournir des liquidités », ajouta-t-il, en commentant la réduction graduelle des achats d’obligations.
3ème vague un revers
« Le facteur le plus important de la vigueur économique inattendue a été la résilience et l’adaptabilité des ménages et des entreprises canadiens », a déclaré le gouverneur de la banque, Tiff Macklem, lors d’une conférence téléphonique avec les médias.
Macklem a déclaré que la deuxième vague avait eu beaucoup moins d’impact économique que la première vague, avec un rebond rapide et des gains substantiels d’emplois en février et mars. Il a qualifié la troisième vague de nouveau revers.
“Nous pouvons nous attendre à ce que certains des gains d’emplois que nous avons constatés soient annulés, mais la performance de l’économie au cours des derniers mois a renforcé notre confiance dans la vigueur sous-jacente de la reprise”, a-t-il déclaré.
Les décisions ont un impact sur vos dépenses et vos économies.
La banque centrale se réunit toutes les six semaines pour fixer son taux d’intérêt selon que l’économie a besoin d’un coup de main ou non ou qu’elle doit être ralentie face à une inflation trop élevée.
Le taux de la banque pénètre dans l’économie réelle en influant les taux que les consommateurs obtiennent sur des produits tels que les prêts hypothécaires à taux variable et les comptes d’épargne.
La banque baisse son taux lorsqu’elle veut encourager l’emprunt et l’investissement pour stimuler l’économie, et elle augmente son taux pour calmer les choses en général.
La banque a réduit son taux peu de temps après le début de la pandémie en mars 2020 , le réduisant de 1,5 point de pourcentage en quelques semaines pour stimuler l’économie face au COVID-19.
Hausse de l’inflation
Le taux d’inflation au Canada était de 2,2% en mars, exprimé en rythme annuel, selon les résultats de Statistique Canada publiés mercredi, mais la banque a déclaré que de tels chiffres sont attendus au cours des prochains mois en raison de la forte baisse des prix de certains biens et services au début de la pandémie. Notons que c’est une augmentation par rapport au taux enregistré en février qui était de 1,1%.
La banque a déclaré qu’elle « examinait » ces mouvements temporaires de l’inflation. Nikolaï Ray Président de MREX, rappelait lors du webinaire de mercredi, « L’inflation est une manière d’imposer la population, c’est aussi une manière dans la politique monétaire moderne de rattraper l’argent imprimé ». Un fait avéré que les ménages seraient affectés dans leur pouvoir d’achat, si une hausse de l’inflation survenait ou persistait.
Ray affirma « Toutes les banques centrales ont plus peur de la déflation que de l’inflation » en commentant les propos du gouverneur de la banque qui reconnaissait clairement cette déclaration.
« Une grande partie des outils de la banque centrale sont arrimés à gérer cela », a affirmé Bordeleau, en parlant de la hausse de l’inflation. « Lorsqu’on est avec des taux d’intérêt déjà au plancher, on a plus beaucoup de marge de manœuvre pour intervenir avec les outils traditionnels » dit Bordeleau en expliquant que la déflation, si elle survenait, enlèverait beaucoup de capacité d’agir à la banque centrale. « Ça peut prendre beaucoup de temps avant de revenir à la normale », conclut-il.
La population active mettra du temps à se rétablir.
Il faudra du temps aux Canadiens sans emploi et à ceux qui cherchent à rejoindre la population active pour trouver du travail, ce qui, selon la banque, pourrait inciter certains ménages à conserver les économies accumulées au cours de la dernière année comme filet de sécurité plutôt que de dépenser.
“Il se peut que certaines entreprises des secteurs gravement touchés mettent du temps à récupérer et à embaucher des travailleurs”, indique le rapport.
Sur la base des chiffres de l’emploi du mois de mars, la banque centrale a estimé qu’environ 300 000 personnes supplémentaires devraient être embauchées pour revenir au niveau d’avant la pandémie, soit 475 000 en tenant compte de la croissance démographique.
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