La Banque du Canada a réduit son taux directeur d’un quart de point de pourcentage, ce qui en fait la première banque centrale du G7 à lancer un cycle d’assouplissement.
Les décideurs politiques dirigés par le gouverneur Tiff Macklem ont abaissé mercredi le taux directeur du financement au jour le jour à 4,75 %, comme l’attendaient largement les marchés et plusieurs économistes. Les responsables se disent plus convaincus que l’inflation se dirige vers l’objectif de 2 % et estiment qu’il est « raisonnable de s’attendre à de nouvelles réductions » si les progrès se poursuivent.
Avec des preuves de plus en plus soutenues d’un ralentissement de l’inflation, la politique monétaire n’a plus besoin d’être aussi restrictive, a expliqué Macklem dans un discours préparé.
La banque a indiqué que la voie de l’assouplissement dépend de la progression continue de l’inflation, qui, selon les décideurs politiques, est « probablement inégale ». Les responsables ont signalé les tensions mondiales, une hausse plus rapide que prévu des prix de l’immobilier et une croissance élevée des salaires par rapport à la productivité comme des risques potentiels pour les perspectives.
« Si nous baissons notre taux d’intérêt directeur trop rapidement, nous pourrions mettre en péril les progrès que nous avons réalisés », a déclaré Macklem.
La première baisse de taux de la Banque du Canada depuis 2020 montre que les responsables sont de plus en plus convaincus qu’ils se rapprochent d’une victoire sur l’inflation, qui est tombée à un rythme annuel de 2,7 % après avoir culminé à la mi-2022. Cela permet aux décideurs de commencer à normaliser les taux d’intérêt après l’un des cycles de hausse les plus agressifs de l’histoire de la banque centrale.
Il existe néanmoins une incertitude quant à la rapidité avec laquelle les coûts d’emprunt diminueront. Parallèlement aux risques pesant sur les perspectives d’inflation, la Banque du Canada a devancé la Réserve fédérale. Historiquement, les taux d’intérêt des pays ont eu tendance à suivre une trajectoire similaire, et lorsque ce n’est pas le cas, une certaine pression s’exerce sur la monnaie. Un huard faible signifie des coûts d’importation plus élevés, ce qui risque d’entraîner une hausse de l’inflation. Macklem a déclaré qu’il y avait des limites à la mesure dans laquelle sa banque centrale pouvait s’écarter de son homologue américaine.
La décision de la Banque du Canada de réduire ses taux d’intérêt intervient un jour avant que la Banque centrale européenne ne réduise ses coûts d’emprunt, ce qui ferait de ce pays du Nord le premier pays du G7 à se lancer dans un cycle d’assouplissement. La banque centrale canadienne s’est jointe à la Banque Nationale Suisse et à la Riksbank suédoise pour adopter une politique plus souple à mesure que les risques d’inflation s’atténuaient.
Depuis le début de cette année, l’inflation au Canada a ralenti plus rapidement que prévu. L’indice des prix à la consommation a ralenti à 2,7 % en avril, contre une prévision de 2,9 % de la banque centrale pour le deuxième trimestre. Les pressions sous-jacentes sur les prix se sont également atténuées pendant quatre mois consécutifs, la moyenne des deux mesures principales atteignant 2,75 % en avril.
Dans l’ensemble, les décideurs politiques estiment que l’économie connaît une offre excédentaire et que les pressions sur les salaires s’atténuent progressivement. La consommation est néanmoins restée résiliente au début de l’année et l’économie a affiché une forte dynamique jusqu’en avril, lorsque le marché du travail a créé le plus grand nombre d’emplois en plus d’un an.
D’ici la décision sur les taux de juillet, il y aura deux autres rapports sur l’inflation ainsi que sur l’emploi et le commerce de détail, ainsi que la publication des données du produit intérieur brut d’avril. Les responsables affirment qu’ils continueront de se concentrer sur la demande et l’offre dans l’économie, les anticipations d’inflation, la croissance des salaires et le comportement des entreprises en matière de fixation des prix.
Macklem, accompagné de la première sous-gouverneure Carolyn Rogers, fera la lumière sur la décision lors d’une conférence de presse à 10 h 30 à Ottawa.
Les décideurs politiques affirment qu’ils poursuivront le resserrement quantitatif et normaliseront le bilan.