De nouvelles données sur le travail montrent que le secteur canadien de la construction a perdu plus d’emplois que toute autre industrie en juillet, les pertes d’emplois étant les plus concentrées au Québec, en Colombie-Britannique et en Ontario.
L’industrie canadienne de la construction a perdu 45 000 emplois en juillet selon la dernière Enquête sur la population active de Statistique Canada, publiée vendredi dernier. Il s’agit d’une baisse de 2,8 % d’un mois à l’autre, qui fait suite à une baisse moindre de 0,8 % observée en juin.
« Depuis janvier 2023, l’emploi dans la construction a diminué de 71 000, compensant les augmentations cumulatives de 65 000 de septembre 2022 à janvier 2023 », explique Statistique Canada. L’agence gouvernementale note également que les suppressions d’emplois étaient les plus « concentrées » en Colombie-Britannique, au Québec et en Ontario, où le fait que les emplois dans la construction ont diminué de 8,9%, 3,5% et 1,4 respectivement, entre juin et juillet 2023.
En revenant du point de vue national, il convient de noter que le secteur canadien de la construction a perdu plus d’emplois que toute autre industrie incluse dans l’enquête de Statistique Canada
Des gains dans quatre autres industries ont été observé à savoir : les soins de santé et l’assistance sociale (+0,9 %), les services d’enseignement (+1,3 %), la finance, les assurances, l’immobilier, la location et la location à bail (+1,1 %) et l’agriculture (+4,6 %).
Ces secteurs ont servi à maintenir le marché du travail stable le mois dernier, le chômage n’ayant augmenté que légèrement à 5,5%.
La diminution de la main-d’œuvre de la construction au Canada n’est pas nouvelle, mais elle est certainement de plus en plus urgente à mesure que la population augmente à un rythme record et que les pénuries de logements s’en trouvent amplifiées.
« Demandez à n’importe quel développeur des problèmes d’approvisionnement et la disponibilité de la main-d’œuvre est généralement en tête de liste », écrit Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la CIBC, dans un rapport de juin. « Et les preuves statistiques de cette pénurie ne manquent pas. Avec pas moins de 80 000 postes vacants dans l’industrie, le taux de vacance est à un niveau record et un point de pourcentage au-dessus de la moyenne nationale. », a-t-il écrit.
Le même rapport note que le nombre d’apprentis inscrits et de travailleurs qualifiés a diminué de 15 % au cours de la dernière décennie.
Une main-d’œuvre réduite est une mauvaise nouvelle pour la production de logements, et les ramifications se font déjà sentir. Les délais des projets de construction sont en hausse depuis le milieu des années 90, s’étendant à environ 25 mois en 2022.
« La part des travailleurs de la construction âgés de plus de 55 ans atteint désormais un niveau record, et étant donné que l’âge moyen de la retraite dans la construction est nettement inférieur à ce que l’on observe dans le reste de l’économie, le problème démographique est beaucoup plus prononcé », note Tal.
« Sur la base de la répartition par âge dans l’industrie de la construction, nous estimons que pas moins de 300 000 travailleurs de la construction prendront leur retraite au cours de la prochaine décennie. Dans le même temps, même si nous ne supposons aucune accélération de l’activité d’investissement résidentiel par rapport au rythme observé au cours de la dernière décennie, la pénurie de main-d’œuvre déjà importante augmentera de 60 000 postes supplémentaires d’ici 2033. », selon le rapport.
Bien que la part des nouveaux immigrants dans la construction soit actuellement marginale, à seulement 2 %, le nouveau ministre du Logement du Canada, Sean Fraser, semble espérer que la récente décision du gouvernement fédéral de donner aux charpentiers, plombiers, électriciens, soudeurs, entrepreneurs et résidentiels et commerciaux La priorité à l’immigration des installateurs contribuera à compléter de manière significative la main-d’œuvre.
Alors que Tal qualifie l’inclusion des métiers spécialisés dans le programme Entrée express de « développement bienvenu », il dit également qu’il reste encore beaucoup à faire si le pays espère atteindre ses objectifs ambitieux en matière de logement, tout en restaurant un semblant d’abordabilité pour l’ensemble du marché. « Cela comprend la modification du système de points d’immigration afin d’accroître la contribution des nouveaux immigrants à l’atténuation de la grave pénurie de main-d’œuvre en construction au Canada.
De plus, Tal préconise d’intensifier les stratégies de recrutement, d’inciter davantage de femmes à se joindre aux métiers spécialisés et de s’inspirer de la Nouvelle-Écosse en « utilant le système fiscal comme un outil ».