Le marché du travail canadien a débuté l’année avec les plus fortes créations d’emplois en quatre mois, mais le ralentissement de la croissance des salaires laisse présager un nouvel apaisement des pressions sur les prix, ce qui pourrait permettre à la Banque du Canada de commencer à envisager des réductions de taux dans les mois à venir.
Le pays a créé 37 000 emplois en janvier, porté par une augmentation du travail à temps partiel, tandis que le taux de chômage est tombé à 5,7 %, la première baisse depuis décembre 2022, a rapporté Statistique Canada ce vendredi à Ottawa.
Les chiffres dépassent les attentes d’un gain de 15 000 postes et d’un taux de chômage de 5,9%, selon l’estimation médiane du marché.
La croissance des salaires des salariés permanents a ralenti à 5,3%, correspondant aux attentes des économistes, contre 5,7% un mois plus tôt.
Le dollar canadien a bondi après la publication, se renforçant de 0,3 % à 1,341 $, avant de ralentir sa progression. Le huard a également atteint son plus haut niveau par rapport au yen depuis 2008, tandis que le rendement du billet de référence canadien à deux ans a glissé d’un point de base pour s’échanger près des plus bas de la séance.
Croissance démographique
Même si le rapport montre une économie qui continue de créer des emplois après trois mois de faibles changements, la croissance démographique tirée par une forte immigration reste supérieure aux gains d’emploi. Cela met en évidence l’augmentation de l’offre dans un contexte de ralentissement de la demande alors que l’économie stagne en raison des coûts d’emprunt élevés.
Une sous-utilisation accrue de l’économie semble également contribuer à freiner les salaires, l’un des principaux indicateurs surveillés par la banque centrale.
Dans l’ensemble, les données donnent aux décideurs politiques plus de latitude pour envisager une baisse des taux d’intérêt dès le premier semestre de cette année. En janvier, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, et ses responsables ont maintenu les taux directeurs inchangés à 5 % et ont explicitement déclaré pour la première fois que leurs discussions s’orientaient vers la durée pendant laquelle ils maintiendraient les coûts d’emprunt au niveau actuel.
« Les dernières données suggèrent que les conditions du marché du travail canadien se sont légèrement resserrées en janvier, mais restent plus souples qu’elles ne l’étaient il y a un an », a déclaré Andrew Grantham, économiste à la Banque Canadienne Impériale de Commerce, dans un rapport aux investisseurs.
Même si la croissance des salaires reste élevée, les décideurs politiques considèrent les gains passés comme « reflétant en grande partie le rattrapage du coût de la vie », selon un résumé de leurs délibérations de janvier. Ils ont déclaré que la croissance des salaires est un « indicateur retardé de l’activité du marché du travail et qu’il fallait s’attendre à un certain rattrapage des salaires réels ».
Ils s’attendent à ce que la croissance des salaires se modère progressivement, les pénuries de main-d’œuvre se situant désormais autour des « niveaux normaux » et l’économie ayant plus d’offre que de demande. Ils estiment également que les futurs ajustements du marché du travail passeront davantage par une augmentation du chômage.
Il s’agit du seul rapport sur l’emploi avant la prochaine décision sur les taux, le 6 mars. Les économistes s’attendent généralement à ce que les décideurs maintiennent les taux directeurs à 5 % pour une cinquième réunion consécutive et prédisent que le cycle d’assouplissement débutera entre avril et juillet.
Le total des heures travaillées en janvier a augmenté de 1,1 % par rapport à il y a un an et de 0,6 % au cours du mois.
Baisse du Taux de participation
Le taux d’activité a diminué de 0,2 point de pourcentage à 65,3 %, alors que le nombre de personnes actives est resté stable et que la population en âge de travailler a augmenté.
D’une année sur l’autre, le taux d’activité a diminué plus fortement chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans. En janvier, il était en baisse de 3 points de pourcentage par rapport au même mois de l’année dernière, tandis qu’il a diminué de 0,3 point de pourcentage chez les 25 ans à 54 ans et a peu changé pour les 55 ans et plus.
Le taux d’emploi, la proportion de la population en âge de travailler qui a un emploi, a chuté de 0,1 point de pourcentage à 61,6 %, la quatrième baisse mensuelle consécutive, alors que la population âgée de 15 ans et plus dans l’enquête a augmenté de 126 000 au cours du mois.
Les gains d’emploi ont été répartis dans l’ensemble du secteur des services, dominé par le commerce de gros et de détail, la finance et l’immobilier, ainsi que les services d’enseignement. Les baisses ont été principalement attribuables aux services d’hébergement et de restauration, aux services professionnels et techniques, ainsi qu’aux soins de santé et à l’assistance sociale.
À l’échelle régionale, l’emploi a augmenté dans quatre des dix provinces, l’Ontario étant en tête, d’autant plus qu’elle est la province la plus peuplée du Canada.