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La croissance démographique du Canada atteint son plus haut niveau en 66 ans

27 mars, 2024   |   Par Kadiatou Bah

La population a augmenté de 1,3 million de personnes au cours de la dernière année pour atteindre 40,8 millions, selon l’estimation de Statistique Canada publiée mercredi à Ottawa. C’est l’équivalent de la population de l’Estonie et c’est le rythme annuel le plus rapide au Canada depuis 1957.

Avec un taux annuel de 3,2 %, le Canada se classe désormais parmi les pays à la croissance la plus rapide au monde, juste derrière quelques pays africains ayant une fécondité élevée. En 2022, la population a augmenté de 2,7 %, soit de 1,1 million de personnes, un précédent record alors que le Canada avait ajouté plus d’un million de personnes pour la première fois en raison d’une forte immigration.

Seulement 2,4 % de l’augmentation de l’année dernière provenait des naissances nettes, le reste étant dû à la migration internationale, principalement des résidents non permanents tels que les travailleurs étrangers et les étudiants. Sans l’immigration temporaire, la croissance démographique du Canada aurait été de 1,2 %.

Les gains démographiques au Canada établissent un record

Mais avec les plans déjà en place visant à réduire le nombre de résidents temporaires et d’étudiants internationaux, 2023 marquera probablement l’apogée du boom démographique induit par l’immigration au Canada. Les économistes prévoient que les nouvelles restrictions réduiraient de moitié, voire plus, le taux de croissance démographique annuel.

Des gains démographiques impressionnants ont contribué à soutenir l’économie canadienne dans un contexte de taux d’intérêt élevés, mais cette poussée a mis à rude épreuve les infrastructures et les services, a aggravé la pénurie de logements et fait monter en flèche les loyers. L’inquiétude suscitée par la détérioration du niveau de vie a contraint le gouvernement à revoir à la baisse ses ambitions en matière d’immigration, une leçon pour les économies avancées qui comptent sur les nouveaux arrivants pour éviter le déclin économique.

Par ailleurs, l’horloge démographique en temps réel de l’agence indique désormais que la population du Canada approche les 41 millions d’ habitants , neuf mois seulement après avoir dépassé les 40 millions en juin.

En 2023, le Canada a ajouté 471 771 résidents permanents et 804 901 immigrants temporaires, un groupe qui comprend des travailleurs étrangers, des étudiants et des demandeurs d’asile. Il s’agit de la deuxième année consécutive où l’immigration temporaire stimule la croissance démographique et de la troisième année consécutive d’une augmentation nette de ce groupe.

On estime que 2,7 millions de résidents temporaires vivaient au Canada au 1er janvier. La plupart d’entre eux étaient titulaires d’un permis de travail ou d’études et environ 12 % étaient des demandeurs d’asile.

Les résidents temporaires sont à l’origine du boom démographique du Canada

Dans un communiqué distinct , Statistique Canada a signalé que le nombre de travailleurs étrangers temporaires dans les secteurs agricoles du pays a triplé entre 2005 et 2020, et qu’environ 10 % ont fini par devenir des résidents permanents. Parmi eux, seulement un cinquième reste employé dans l’agriculture – plus de 60 % ont été transférés vers d’autres secteurs.

« Les faibles taux de rétention impliquent que même si les travailleurs étrangers temporaires dans l’agriculture primaire obtiennent le statut de résident permanent, cela ne résoudra peut-être pas le problème de pénurie chronique de main-d’œuvre auquel est confronté ce secteur », a déclaré l’agence.

L’année dernière, environ 333 000 résidents ont déménagé d’une province ou d’un territoire à un autre, ce qui constitue le deuxième nombre le plus élevé depuis les années 1990 et la troisième année consécutive où la migration interprovinciale a dépassé les 300 000.

L’Alberta, producteur de pétrole, a enregistré la plus forte augmentation nette de migration interprovinciale en 2023, soit la plus forte augmentation à l’échelle nationale depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 1972. La Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard ont également connu des augmentations nettes.

La province la plus peuplée, l’Ontario, a quant à elle perdu le plus grand nombre de personnes. La Colombie-Britannique a également enregistré davantage de départs que l’année dernière, ce qui constitue le premier solde migratoire négatif depuis 2012.