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La Fed agira en cas de vive inflation

26 avril, 2021   |   Par Kadiatou Bah

L’économie américaine va connaître une inflation “un peu plus élevée” cette année à mesure que la reprise se renforce et que les contraintes au niveau de l’offre font grimper les prix dans certains secteurs. La Réserve fédérale, qui ne compte pas relever son taux directeur avant 2023, s’est vue engagée à limiter tout dépassement de l’inflation. C’est ce que nous pouvions lire, le 8 avril dernier, dans la lettre réponse au Sénateur républicain Rick Scott que le Président de la Fed Jerome Powell a adressé.

En effet, le 24 mars dernier, Scott faisait part à la Fed, de ses préoccupations par rapport à la hausse de l’inflation et le programme d’achat d’obligations de la banque centrale américaine, par l’intermédiaire d’une lettre.

Le président de la Fed a alors indiqué que la banque centrale américaine agirait si l’inflation dépassait substantiellement et durablement son objectif de 2%.

« Nous ne recherchons pas une inflation qui dépasse largement 2% ni une inflation supérieure à 2% pendant une période prolongée », a déclaré Powell dans sa réponse de cinq pages.

“Je tiens à souligner, cependant, que nous sommes pleinement attachés aux deux volets de notre double mandat soit un taux d’emploi maximum et des prix stables”, renchérit-il.

La Fed a réduit son taux au jour le jour à près de zéro quand la pandémie a frappé les États-Unis. Elle a promis de laisser les coûts d’emprunt inchangés jusqu’à ce que l’économie atteigne le plein emploi et que l’inflation atteigne 2%. Mais, l’économie américaine est en bonne voie pour “modérément” dépasser ce niveau d’inflation pendant une certaine période de temps.

La banque centrale achète également chaque mois 120 milliards de dollars de bons du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires pour maintenir les taux d’intérêt à un niveau propice à l’embauche et aux dépenses. La Fed veut continuer à maintenir son programme de soutien jusqu’à la perception « de nouveaux progrès substantiels » vers le plein emploi et l’objectif d’inflation cible de 2%.

La plupart des décideurs de la Fed ne s’attendent pas à atteindre ces objectifs avant quelques années.

“Nos futures actions politiques seront basées sur les progrès réels dans l’atteinte de nos objectifs”, a déclaré Powell à Scott, soulignant un point que le chef de la Fed a fréquemment rappelés ces derniers mois. La banque centrale n’augmentera pas ses taux en se basant sur des prévisions, comme elle l’a fait ces six dernières années. De nombreux analystes considèrent désormais que la hausse des taux en 2015 était une erreur de politique qui a freiné inutilement la reprise, après la crise financière survenue près d’une décennie plus tôt.

“Si les progrès vers nos objectifs d’emploi et d’inflation ralentissent, nous maintiendrons une position très accommodante plus longtemps”, a fait savoir Powell dans la lettre. “Inversement, si les progrès s’avèrent plus rapides, des ajustements à l’orientation de la politique interviendront probablement plus tôt.”

Scott, bien qu’il ne fasse pas partie du Comité Sénatorial des Banques qui supervise directement la Fed, a été un critique virulent de Powell. Le sénateur, considéré comme un candidat potentiel à la Maison-Blanche en 2024, a averti que les faibles taux d’intérêt et le programme d’achat d’obligations de la Fed forceraient les prix à augmenter, ce qui nuira aux familles et aux entreprises.

“Les données indiquent clairement que l’inflation augmente et le président Powell continue d’ignorer ce problème croissant”, a déclaré le bureau de Scott dans un courriel contenant la lettre de Powell. “Le sénateur Scott reste préoccupé par l’impact de l’inflation sur les familles américaines à faible revenu et à revenu fixe, comme son enfance. Il appelle le président Powell à se réveiller face à cette menace, à établir un plan clair pour lutter contre la hausse de l’inflation et protéger les familles.”

Dans sa réponse, Powell a déclaré qu’une inflation élevée est peu probable et qu’une faible inflation nuit aux entreprises et aux ménages américains en limitant la capacité de la Fed à compenser les chocs économiques par une politique monétaire facile d’application.

LES OUTILS SONT DISPONIBLES

Après une décennie au cours de laquelle l’inflation était trop faible, la Fed vise désormais une inflation modérément supérieure à 2%.

” Nous comprenons bien les leçons de l’expérience d’inflation élevée dans les années 60 et 70, et les fardeaux que cette expérience a créés pour tous les Américains”, a déclaré Powell dans sa lettre. “Nous ne prévoyons pas de pressions inflationnistes de ce type, mais nous avons les outils pour faire face à ces pressions si elles surviennent.” ajouta-t-il.

Powell a également cherché à apaiser les inquiétudes exprimées par Scott dans sa lettre du mois dernier selon lesquelles les achats d’obligations de la Fed déclencheraient “un montant sans précédent de dépenses déficitaires et d’emprunts”.

Sous l’ancien président Donald Trump l’année dernière et sous le président Joe Biden cette année, le Congrès a approuvé une aide sans précédent de 6 milliards de dollars pour aider les Américains à surmonter la pandémie. Cette politique a été largement financée par la dette publique.

L’achat d’obligations par la banque centrale, a déclaré Powell, vise à maintenir les conditions financières faciles ainsi que le fonctionnement des marchés, et n’est “pas lié à l’ampleur des déficits budgétaires”, ajoutant que la Fed n’achète pas d’obligations directement auprès du gouvernement.

Les décideurs politiques de la Fed devraient s’en tenir à la politique monétaire similaire lors d’une réunion cette semaine, alors même que l’économie reprend en vigueur et que la campagne de vaccinations contre le coronavirus connaît une bonne avancée.

Dans les faits, au mois de mars 2021, l’inflation s’est accélérée aux États-Unis, essentiellement en raison d’un bond des prix de l’essence. Les prix à la consommation ont atteint 2,6 % d’inflation sur un an. C’est le plus haut niveau depuis l’automne 2018. Sur un mois, l’inflation a augmenté par rapport à février de 0,6 %. En ne tenant pas compte de l’alimentation et de l’énergie, cette progression est cependant moins importante.