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L’avenir du centre-ville de Montréal après la COVID-19

12 mars, 2021   |   Par Kadiatou Bah

Le centre-ville de Montréal aura « une situation enviable » après la COVID-19

Tous les centres urbains en ce bas monde subissent l’impact négatif qu’a eu la pandémie. Celui de Montréal ne fait pas exception à la règle. Cependant il est de ceux qui tiennent le coup et est en bonne posture pour se rétablir.

C’est pour le moins, l’avis optimiste qu’a donné Glenn Castanheira, Directeur général de l’Association de Développement des Affaires Montréal centre-ville lors de la 2e édition du Webinaire intitulé L’état du centre-ville de Montréal 2021. 

Le 18 février dernier, Castanheira déclarait en intervenant durant le webinaire que comparativement à d’autres centres urbains, le centre-ville de Montréal est dans une « situation enviable », avec plusieurs de ses actifs pré-pandémiques toujours en place et opérationnels.

La déclaration d’un des conférenciers présents Jean-François Grenier, Directeur principal Groupe Altus était que : l’une des principales forces du centre-ville de Montréal est le nombre de personnes qui y habitent et s’y sentent chez eux. Par exemple, l’arrondissement de Ville-Marie compte à nouveau presque le même nombre d’habitants qu’en 1966, soit 110 000 personnes.

Castanheira déclara durant la rencontre que même si « la crise a normalisé le télétravail », que de nombreuses personnes qui travaillaient au centre-ville avant la pandémie voudraient y retourner parce qu’elles appréciaient l’expérience de travail offert par celui-ci.

Une enquête évolutive de Montréal explore les points de vue du retour au bureau

Durant le webinaire, plusieurs résultats sur l’évolution des données obtenues par l’étude du Groupe Altus ont été présentés par Grenier, notamment, un sondage mené auprès de mille Montréalais entre le 6 et le 14 janvier avait pour résultat que 51% des répondants estimeraient que l’ambiance du centre-ville est motivateur pour retourner au bureau.

L’enquête s’est aussi penchée sur la question à savoir dans quel type de bureau les employés aimeraient retourner après la pandémie. 36% d’entre eux ont déclaré que travailler dans des bureaux à aire ouverte avec des cubicules leur plairait.

Vingt-pourcents ont exprimé le désir de rechercher des bureaux plus fermés avec des portes privées. Un peu plus que les 25% préféraient les bureaux à aire ouverte sans cloisons. Dix pourcents ont opté pour un bureau fermé avec une porte, mais pouvant être partagé avec quelques collègues.

D’ailleurs, Danny Déry, Vice-président du Centre de Consultation en Expérience des Employés de la Banque Nationale du Canada , déclarait qu’il était évident que la disposition des bureaux du centre-ville ne sera pas la même après la pandémie, mais que leur conception n’a pas été finalisée en référant à la construction du siège social de plus de 500 millions de dollars de la Banque, livrable dans deux ans.

Ce qui va dans le même sens que les résultats du sondage plus haut. La pandémie a changé le rapport des travailleurs par rapport à leur espace de travail. Les investissements immobiliers futurs des compagnies devraient définitivement prendre cet aspect en compte.

D’autres statistiques sur le taux d’inoccupation des bureaux au centre-ville comparant la période du deuxième trimestre de 2020 à celle du dernier trimestre de la même année, montrent que les entreprises situées dans des immeubles de classe A, plus grands et plus prestigieux, représentant environ 60% des espaces de bureaux du centre-ville, ont eu leur taux presqu’inchangé. Tandis que le taux d’inoccupation des entreprises de classe B et C s’est vu impacté à la hausse à cause des effets de la pandémie.

Autres statistiques du marché du centre-ville et l’impact Covid

Le rapport du projet piloté par l’Institut de Développement Urbain (IDU) et Montréal centre-ville révélait toujours selon les résultats des enquêtes, qu’il y avait 3,1% en octobre 2019, de taux de vacances pour la location d’appartements au centre-ville. Celui-ci est passé à 12,3% en octobre 2020, à cause certainement de l’exode d’étudiants et de travailleurs temporaires et il a aussi observé à une baisse des locations Airbnb.

Toutefois, il faut noter que parmi les résidents du centre-ville qui envisagent de déménager, près de la moitié veulent y rester.

Le centre-ville est la destination de choix pour pas moins de 20% de ceux qui vivent ailleurs qu’en ville.

Il faut noter que l’enquête a révélé que les deux tiers des répondants soit : 67% aimeraient continuer à travailler à domicile plus de trois jours par semaine après la fin de la pandémie. Cependant, c’est une baisse par rapport au 76% de répondants qui le voulaient au deuxième trimestre de 2020.

Pour ce qui est du commerce de détail, le rapport a constaté peu de changement entre le deuxième et quatrième trimestre de 2020. Dans l’ensemble, 28% des magasins du centre-ville sont vacants, contre 26% au deuxième trimestre de l’année précédente.

Le nombre de magasins non occupés sur la rue Sainte-Catherine s’établit maintenant à 23% comparativement à 18% au deuxième trimestre de 2020. C’est le seul changement statistiquement significatif qui a été observé. Cinquante-quatre pourcents des magasins dans les immeubles ayant des bureaux sont vacants, ce qui est similaire au deuxième trimestre de 2020.

Récupération “juste une question de temps” maintenant

Donnant son point de vue sur les résultats des sondages, Natalie Voland, Présidente et chef de la vision de la firme de gestion immobilière Gestion Immobilière Quo Vadis , déclarait que le centre-ville de Montréal rebondirait: « Ce n’est qu’une question de temps. »

Cependant, Voland a déclaré qu’il y avait un manque de garderies, d’écoles primaires et secondaires au centre-ville, ce qui est un frein majeur pour les familles qui souhaitent établir leur foyer dans le centre-ville.

Comme incitatif pour les jeunes étudiants cependant, trois des quatre universités de Montréal se trouvent dans l’espace de l’arrondissement du centre-ville selon Grenier.

Voland a déclaré que les développeurs, architectes devront repenser la conception des bâtiments modernes, qui sont problématiques lors d’une pandémie. « Les vieux bâtiments avaient toujours des fenêtres qui s’ouvraient », a-t-elle noté. « Les gens seraient beaucoup plus en sécurité s’il n’y avait pas qu’un seul système de ventilation. » a-t-elle déclarée.

L’ouverture prévue l’année prochaine d’une partie du nouveau système de tramway du REM de la Rive-Sud au centre-ville de la Gare Centrale (gare centrale) appartenant à la société Cominar devrait encourager certaines personnes à revenir, a déclaré Marie-Andrée Boutin, Vice-présidente Exécutive, commerce de détail et Responsable du développement chez Cominar REIT ( CUF-UN-T ).

Boutin déclara cependant que « les entreprises devront élaborer des plans de communication solides avec les employés pour accélérer et inciter leur retour au centre-ville. »

Pour finir Boutin affirma qu’un autre incitatif serait de donner le stationnement gratuit au moins temporairement, pour encourager les employés à retourner au centre-ville lorsque la pandémie diminuera car le taux d’utilisation du transport en commun avant même la pandémie n’était que de 22% chez les travailleurs de la ville.