Le Canada va restreindre un programme qui permet aux entreprises de recruter de la main-d’œuvre étrangère à bas salaires, après que le gouvernement ait été critiqué pour avoir laissé ce programme croître trop rapidement et pour ne pas avoir mis fin aux abus envers les travailleurs temporaires.
Le gouvernement annule deux changements majeurs apportés en 2022 pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre, a déclaré lundi le premier ministre Justin Trudeau.
Les entreprises sont autorisées à embaucher des employés étrangers temporaires pour occuper des emplois à bas salaire dans au moins 20 % de leur effectif. Cette limite tombera bientôt à 10 % pour la plupart des secteurs, où elle se situait avant avril 2022.
Le gouvernement rétablit également une règle antérieure qui interdit l’embauche de nouveaux travailleurs étrangers temporaires pour des emplois à bas salaires dans les régions où le taux de chômage est de 6 % ou plus. Une poignée d’industries dans lesquelles il est difficile de trouver des travailleurs, notamment l’agriculture, la transformation du poisson, les soins de santé et la construction, seront exemptées.
Les changements apportés il y a deux ans, que le gouvernement avait jugés nécessaires à l’époque pour aider les entreprises à faire face à une augmentation du nombre de postes vacants, ont été accusés d’avoir provoqué une explosion du nombre de travailleurs temporaires au pays. La situation économique est « très différente » aujourd’hui de ce qu’elle était il y a deux ans, a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Le taux de chômage, qui était d’environ 5 % à la mi-2022, est passé à 6,4 %, et il est de 14,2 % pour les jeunes travailleurs, soit le niveau le plus élevé depuis plus d’une décennie en dehors de la pandémie.
« Ce n’est pas juste pour les Canadiens qui ont du mal à trouver un bon emploi, et ce n’est pas juste pour les travailleurs étrangers temporaires, dont certains sont maltraités et exploités », a déclaré Trudeau aux journalistes à Halifax.
« À ceux qui se plaignent de la pénurie de main-d’œuvre, voici mon message : il n’y a pas de meilleur moment pour embaucher et investir dans les travailleurs canadiens. », a-t-il dit.
Afflux de travailleurs migrants peu qualifiés a rimé avec l’accentuation de la pénurie de logements
Le programme gouvernemental a presque doublé de taille entre 2021 et 2023
La durée maximale d’emploi des travailleurs embauchés dans le cadre du volet à bas salaire du programme sera réduite de deux à un an. « Le gouvernement envisage également d’apporter des changements à une autre partie du programme des travailleurs étrangers qui porte sur les emplois à salaire plus élevé », a déclaré le ministre de l’Emploi, Randy Boissonnault.
L’afflux de migrants temporaires au Canada, notamment de travailleurs étrangers, d’étudiants internationaux et de demandeurs d’asile, a fait grimper le taux de croissance démographique du pays à 3,2 % l’an dernier, l’un des plus rapides au monde.
Cette hausse a exacerbé la pénurie de logements et mis à rude épreuve le filet de sécurité sociale, contribuant à faire chuter la popularité de Trudeau.
Trudeau a déclaré que des « discussions en cours » étaient en cours sur les niveaux d’immigration, notamment les objectifs en matière de résidents permanents. L’année dernière, le gouvernement s’est fixé comme objectif d’accueillir 500 000 résidents permanents en 2025 et 2026. Il prévoit de mettre à jour ces chiffres d’ici novembre tout en fixant pour la première fois des objectifs pour les résidents temporaires.
« Nous veillons à ce que l’ensemble du programme réponde autant que possible aux besoins des Canadiens et à ceux de notre économie », a-t-il déclaré.
Les médias rapportaient plus tôt ce mois-ci que des consultants en immigration et des employeurs peu scrupuleux profitent du programme des travailleurs étrangers temporaires pour vendre des emplois à des nouveaux arrivants désespérés. Une enquête gouvernementale qui n’a jamais été rendue publique a révélé que des emplois ont été vendus entre 10 000 $ CA et 180 000 $ CA, selon un résumé consulté par les médias.
Un emploi lié au programme augmente les chances d’une personne d’obtenir la résidence permanente au Canada, créant ainsi une incitation à en payer un.
Il lie également l’employé à un employeur individuel, ce qui rend difficile le changement d’emploi, ce qui fait pencher la balance du pouvoir à un tel point qu’un responsable des Nations Unies a déclaré que le programme permettait la mise en place de formes modernes d’esclavage .