L’économie canadienne semblait s’être essouffler à la fin du premier trimestre, ce qui incitera (espérons le) la Banque du Canada à adopter une politique plus souple dès juin.
Les données préliminaires suggèrent que le produit intérieur brut est resté inchangé en mars, les gains dans les services publics et l’immobilier ayant été compensés par des baisses dans le secteur manufacturier et le commerce de détail, a rapporté Statistique Canada mardi à Ottawa.
Cela fait suite à une croissance de 0,2% en février, manquant les attentes d’une augmentation de 0,3% des économistes interrogés.
Si l’on ajoute à cela une expansion révisée à la baisse de 0,5% en janvier, les chiffres du PIB sectoriel indiquent une augmentation de 2,5% en rythme annualisé au premier trimestre, légèrement en dessous des prévisions de 2,8% de la banque centrale.
Le dollar canadien a chuté après la publication du rapport, s’échangeant jusqu’à 1,372 $ CA pour un dollar américain, en baisse d’environ 0,5 % sur la journée. Les rendements des obligations du gouvernement canadien à deux ans ont augmenté d’environ trois points de base pour atteindre 4,32 % à 8 h 45, heure d’Ottawa. Le rapport a été publié en même temps que des données plus chaudes que prévu sur les coûts de l’emploi aux États-Unis.
Dans l’ensemble, le rapport montre une économie qui ne présente aucun risque important de ralentissement brutal, mais qui montre en même temps peu de signes de vigueur de la demande intérieure.
L’accumulation continue de pressions désinflationnistes ouvrira la voie à des réductions de taux d’intérêt de la part des décideurs de la Banque du Canada, qui attendent d’être convaincus que la trajectoire descendante vers l’objectif d’inflation de 2 % peut être maintenue.
« Ce qui devient clair dans les données récentes, c’est que la forte dynamique de croissance observée au début de l’année n’est pas durable et que l’économie revient à ses performances médiocres », a déclaré Charles St-Arnaud, économiste en chef à Alberta Central, dans un communiqué par courriel.
« Le retour à une croissance plus modérée renforce notre opinion selon laquelle la Banque du Canada réduira son taux directeur lors de sa réunion de juin, à moins d’une hausse surprise de l’inflation. »
Le gouverneur Tiff Macklem et ses responsables ont maintenu les taux à 5 % pour la sixième réunion consécutive au début du mois. Ils s’attendent à ce que l’économie se renforce au début de cette année, soutenue par une forte immigration et une forte croissance démographique.
Mais même si la croissance reprend, ils constatent que les pressions inflationnistes continuent de s’atténuer avec une offre excédentaire persistant tout au long de l’année.
Le rapport de mardi aidera les responsables les plus conciliants à faire valoir leur cause. Lors de leur réunion d’avril, les décideurs politiques étaient divisés en deux camps : l’un affirmait que le risque qu’une politique restrictive ralentisse l’économie plus que nécessaire avait diminué, tandis que l’autre mettait l’accent sur la progression de l’inflation et l’offre excédentaire dans l’économie et soulignait le risque de maintenir la politique monétaire plus restrictive que nécessaire.
Il s’agit du premier des deux rapports sur le PIB avant la prochaine décision sur les taux le 5 juin, quelques jours seulement après la publication prévue des chiffres officiels de la production du premier trimestre fin mai.
La majorité des économistes interrogés s’attendent à ce que les décideurs réduisent leur taux directeur de 25 points de base lors de la réunion de juin, marquant le début d’un cycle d’assouplissement.
« Nous avons toujours soupçonné que la vigueur du début de l’année reflétait en grande partie un allègement des contraintes d’approvisionnement antérieures et les effets de conditions hivernales meilleures que la normale, et que l’économie pourrait à nouveau stagner par la suite », a déclaré Andrew Grantham, économiste à la Banque Canadienne Impériale de Commerce, a déclaré dans un rapport aux investisseurs. « Les données d’aujourd’hui semblent soutenir ce point de vue. »
Royce Mendes, responsable des stratégies macro chez Valeurs mobilières Desjardins, convient que le ralentissement de la croissance n’est pas surprenant. « La hausse de janvier a été soutenue par des facteurs ponctuels », a-t-il déclaré dans un rapport aux investisseurs. « En conséquence, nous continuons de voir la Banque du Canada entamer un cycle de réduction des taux en juin. »
En février, les industries de services ont mené la croissance pour un deuxième mois consécutif, alimentées par des gains dans le transport et l’entreposage. Les secteurs de la production de biens sont restés stables en raison de l’expansion de l’extraction minière, pétrolière et gazière, tandis que les services publics et le secteur manufacturier se sont contractés.
Le secteur des transports a augmenté de 1,4 %, la plus forte croissance mensuelle depuis janvier 2023, le rebond des activités ferroviaires par suite d’une vague de froid dans l’ouest du Canada ayant contribué le plus à cette augmentation. Le secteur public a légèrement augmenté de 0,2 %, tandis que l’extraction minière, pétrolière et gazière a augmenté de 2,5 %, la quatrième fois en cinq mois.
La finance et les assurances ont augmenté de 0,3 %, en hausse pour un troisième mois consécutif, tirées par les services d’investissement et les fonds. L’activité supérieure à la normale sur les fonds communs de placement et les actions a stimulé les gains dans un contexte d’attentes de baisses de taux.