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L’économie canadienne au deuxième trimestre a crû de 2,1 %

31 août, 2024   |   Par Kadiatou Bah

L’économie canadienne a progressé plus que prévu au deuxième trimestre, mais la baisse du produit intérieur brut par habitant et le ralentissement de la consommation des ménages devraient qu’à même inciter la Banque du Canada à réduire ses taux pour une troisième réunion consécutive la semaine prochaine.

Le PIB du pays a augmenté de 2,1 % sur une base annualisée d’avril à juin, dépassant l’estimation médiane de 1,8 % d’une enquête auprès des économistes et les prévisions de 1,5 % de la banque centrale.

Ce chiffre est en hausse par rapport aux 1,8 % du premier trimestre et représente la croissance la plus forte depuis le premier trimestre 2023.

Les données préliminaires suggèrent que la dynamique s’est arrêtée à l’approche du troisième trimestre, avec une croissance stable en juillet, a rapporté vendredi Statistique Canada. Cela fait suite à une croissance mensuelle également stable en juin, inférieure à l’estimation consensuelle de 0,1 %.

Dans l’ensemble, le rapport souligne que l’économie a connu une croissance solide au premier semestre, en grande partie grâce à la croissance démographique. Cela devrait aider le pays à éviter une récession. Cependant, les ménages ressentent les effets des coûts d’emprunt élevés.

Les rendements obligataires ont augmenté, poussant le rendement de référence des obligations canadiennes à deux ans à 3,33 %. Le huard a prolongé ses gains à 1,349 $ CA pour un dollar américain, en passe de clôturer son meilleur mois de l’année, vendredi à 15h à Ottawa.

Les données américaines publiées au même moment ont montré que la mesure préférée de la Réserve fédérale de l’inflation sous-jacente américaine a augmenté à un rythme modéré et que les dépenses des ménages ont repris en juillet, renforçant le projet des décideurs politiques de commencer à réduire les taux d’intérêt le mois prochain.

La Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 25 points de base lors de ses réunions de juin et de juillet, le portant à 4,5 %. Les économistes et les marchés s’attendent à ce que les responsables procèdent à une nouvelle baisse de taille standard le 4 septembre.

Les principaux moteurs de la croissance économique au deuxième trimestre ont été les dépenses publiques, qui ont bondi de 11 % en rythme annualisé, et l’investissement total hors stocks, qui a augmenté de 3,5 %. Les dépenses publiques ont augmenté en raison de la hausse des salaires.

Les dépenses des ménages ont reculé à 0,6% en rythme annualisé au deuxième trimestre, après avoir progressé de plus de 3% au cours des deux trimestres précédents. Le PIB par habitant a chuté pour le cinquième trimestre consécutif.

« La faible dynamique à l’aube du troisième trimestre donne à la Banque du Canada de bonnes raisons de continuer à réduire ses taux d’intérêt », a déclaré Andrew Grantham, économiste à la Banque Canadienne Impériale de Commerce, ajoutant que le fait que les dépenses publiques aient stimulé la croissance « n’était pas particulièrement impressionnant ».

« Il est peu probable que ce rapport ait un impact majeur sur la décision de la Banque du Canada sur les taux la semaine prochaine », a déclaré Charles St-Arnaud, économiste en chef chez Alberta Central. Il prévoit que la banque réduira ses taux de 25 points de base lors des trois dernières réunions de cette année.

Andrew DiCapua, économiste à la Chambre de commerce du Canada, n’a pas non plus été impressionné par la composition de la croissance, mais a noté que l’amélioration des investissements des entreprises était une « note positive ».

En juin, les industries productrices de biens ont continué de montrer des signes de faiblesse. Le secteur a enregistré une contraction de 0,4 % ce mois-ci, tirée par le secteur manufacturier. Cette baisse a été compensée par une croissance de 0,1 % dans le secteur des services.

Statistique Canada a indiqué que ses premières estimations pour juillet étaient basées sur des baisses enregistrées dans les secteurs de la construction, des mines, du pétrole et du gaz et du commerce de gros, tandis que les secteurs de la finance et des assurances et du commerce de détail ont enregistré des hausses.

La croissance stagnante en juin et juillet rend la prévision de 2,8 % de la Banque du Canada pour le troisième trimestre « presque irréalisable », a déclaré Benjamin Reitzes, stratège en taux et en macroéconomie à la Banque de Montréal.

« Peu importe la façon dont on l’aborde, l’économie canadienne est en difficulté. », a-t-il conclu.