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L’économie mondiale « peut encore éviter une récession »

3 juin, 2022   |   Par Kadiatou Bah

Bien que les perspectives économiques globales demeurent positives, les données historiques montrent qu’une hausse des taux d’intérêt de plus de 2,5 points de pourcentage au-dessus du niveau moyen du cycle précédent « déclenche généralement une récession »

« L’économie mondiale pourrait encore éviter une récession, malgré le renforcement des vents contraires », selon l’économiste en chef chez CBRE, Richard Barkham.

Large optimisme

Dans une nouvelle analyse, Barkham qui gère plus de 600 experts dans le secteur de l’immobilier commercial, note que malgré le fait que plusieurs facteurs soulèvent la possibilité d’un ralentissement économique, y compris la guerre en Ukraine, la poursuite des confinements en Chine, l’effondrement de la confiance des consommateurs et des dépenses des entreprises et le resserrement des marchés de la dette immobilière, les perspectives globales restent positives.

« Malgré le renforcement des vents contraires, la croissance économique reste stable », écrit Barkham. « Les États-Unis et l’Europe continuent de bénéficier d’une forte dynamique grâce à la réouverture de leurs économies, qui ne sont pas encore achevées et devraient générer une croissance supérieure. », a-t-il analysé.

Dans la région Asie-Pacifique, « la Chine stimule maintenant son économie assez durement », affirme-t-il. « Cela devrait être bon pour la demande mondiale ». Aux États-Unis, les impacts positifs du programme de dépenses d’infrastructure du gouvernement Biden devraient stimuler la croissance économique en 2023, selon les perspectives.

Barkham note également que même si les conditions financières se resserrent, le secteur privé se concentrera sur la rétention des travailleurs, et affirme que les bilans des consommateurs et des entreprises restent solides, en partie grâce aux gains antérieurs sur les prix des actifs et aux fonds de relance liés à la pandémie.

La part de l’immobilier

Bien que la société CBRE s’attend à ce que le ralentissement de la croissance pèse sur la demande en immobilier commercial au cours des prochains mois, « la performance pourrait surprendre avec une hausse même si l’économie ralentit », évalue Barkham.

« L’activité des marchés financiers diminuera probablement par rapport aux sommets des deux dernières années », selon lui. « Des taux de capitalisation plus élevés émergent dans les segments du marché où les fondamentaux sont les plus faibles, comme les bureaux américains de classe B et C, et pour les actifs de type obligataire avec des durées de location moyennes pondérées à long terme ». Les bureaux de haute qualité restent populaires, tout comme les propriétés multirésidentielles et industrielles, et les actifs à valeur ajoutée capables de capter la croissance des loyers.

En ce qui concerne les taux d’intérêt, Barkham dit qu’il est important de relativiser par rapport aux quatre voire cinq dernières années avant les pics connus cette année, car les données historiques montrent qu’une hausse des taux d’intérêt de plus de 2,5 points de pourcentage au-dessus du niveau moyen du cycle précédent « déclenche généralement une récession ».

« Sur cette base, les taux proches de zéro des cinq dernières années signifient qu’une fois que les taux à court terme dépasseront 2,5% à 2,75%, une légère récession est susceptible de se produire », a déclaré Barkham. « Donc, si les taux d’intérêt devaient dépasser une fourchette de 2,5 % à 2,75 % en 2023, en particulier si les attentes d’inflation commençaient à baisser, il y aurait un impact prononcé sur l’économie.

Ni la CBRE ni la Fed ne croient que les taux d’intérêt doivent dépasser ce niveau de 2,5% à 2,75%, mais de nombreux économistes le croient. Au Canada, plusieurs acteurs du marché intègrent déjà que ce niveau de taux sera atteint pas en 2023 mais bien cette année.  Alors si l’énoncé empirique de Barkham est vrai, peut-on vraiment éviter une récession?