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L’emploi au Canada dépasse les prévisions et la croissance des salaires s’accélère

5 janvier, 2024   |   Par Kadiatou Bah

Le marché du travail canadien n’a pas répondu aux attentes en matière de création d’emplois, confirmant un ralentissement de l’économie à la fin de l’année dernière.

Le nombre de personnes employées est resté essentiellement inchangé en décembre, tandis que le taux de chômage est resté stable à 5,8 %, a rapporté Statistique Canada vendredi à Ottawa. Ce chiffre est en deçà des prévisions d’un gain de 15 000 postes, selon l’estimation médiane d’une enquête auprès des économistes.

Les augmentations de salaire pour les employés permanents se sont accélérées pour atteindre 5,7 % par rapport à l’année précédente, ce qui est supérieur aux attentes d’une hausse de 5,4 % et contre 5 % un mois plus tôt. Il s’agit du rythme le plus élevé depuis janvier 2021.

Dans l’ensemble, le rapport montre une économie dans laquelle la croissance ralentit en raison des coûts d’emprunt élevés. Cela donne aux décideurs politiques une marge de manœuvre pour envisager une baisse des taux d’intérêt dans les mois à venir. La croissance des salaires reste néanmoins un risque d’inflation si elle persiste.

Le dollar canadien est brièvement tombé à son plus bas niveau depuis le 19 décembre après la publication des données sur l’emploi au Canada et aux États-Unis, ces dernières étant plus fortes que les prévisions des économistes. 

Les obligations se sont d’abord effondrées après la publication des chiffres de l’emploi, puis se sont inversées. Le rendement de référence canadienne à deux ans a diminué de plus de 4 points de base pour s’établir à 4,008 %.

« Les résultats médiocres d’aujourd’hui suggèrent que le ralentissement observé dans l’ensemble de l’économie rattrape enfin le marché du travail », a déclaré Doug Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal, dans un rapport aux investisseurs. Il s’attend à ce que le taux de chômage dépasse les 6 % dans les mois à venir et « qu’il finisse par atténuer les gains salariaux ».

La croissance de la population active stagne

Le Canada a l’un des taux de croissance démographique les plus rapides au monde en raison de niveaux élevés d’immigration. Mais la croissance de l’emploi a été plus lente que l’expansion de la population active au cours des derniers mois.

La population âgée de 15 ans et plus a augmenté de 74 000 en décembre, ce qui correspond à une croissance démographique mensuelle moyenne de 79 000 en 2023. Pourtant, cette fois-ci, cela ne s’est pas traduit par une croissance significative de la population active.

Le taux d’emploi, la proportion de la population en âge de travailler ayant un emploi, a continué de baisser. Il a chuté de 0,2 point de pourcentage à 61,6 % en décembre, soit la cinquième baisse au cours des six derniers mois et en baisse par rapport à son récent sommet de 62,5 % en janvier 2023.

L’année dernière, l’économie a créé en moyenne environ 36 000 nouveaux emplois par mois, mais le taux de chômage a augmenté de 0,8 point de pourcentage, ce qui met en évidence la rapidité avec laquelle le bassin de travailleurs augmente.

Le taux d’activité a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 65,4 % en décembre. Il s’agit d’une baisse par rapport au récent sommet de 65,7 % atteint en juin, et la majeure partie de la baisse est due à une chute du taux d’activité des jeunes.

Le total des heures travaillées a augmenté de 0,4 % sur une base mensuelle en décembre et de 1,7 % par rapport à l’année précédente. Cela fait suite à une baisse de 0,7 % d’un mois à l’autre en novembre.

« Il s’agit d’un rapport classique mélangé avec des nouvelles plus fortes que prévu (heures travaillées, salaires) et d’autres plus faibles (emploi, participation) », a déclaré Andrew Grantham, économiste à la Banque Canadienne Impériale de Commerce, dans un rapport aux investisseurs.

La banque prévoit toujours une première baisse des taux d’intérêt de la Banque du Canada en juin, conformément aux attentes du marché.

Il s’agit du seul rapport sur l’emploi avant la première décision sur les taux de cette année par la banque centrale prévue le 24 janvier.

La plupart des prévisionnistes dans le marché s’attendent à ce que la banque centrale maintienne son taux directeur inchangé pour une quatrième réunion consécutive (5 %), ce qui est considéré comme le point final probable de ce cycle de resserrement.

Les gains d’emploi ont été dominés par les services professionnels, scientifiques et techniques, ainsi que par les soins de santé et l’assistance sociale. Le commerce de gros et de détail a enregistré les plus grandes pertes d’emplois, ce qui suggère un ralentissement de la consommation. Décembre est le troisième mois consécutif où l’emploi a diminué dans ce secteur.

À l’échelle régionale, l’emploi a augmenté en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse, en Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador, tandis qu’il a diminué en Ontario et a peu varié dans les autres provinces.