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Les banques canadiennes obtiennent le feu vert pour reprendre les rachats d’actions et augmenter de dividendes

8 novembre, 2021   |   Par Kadiatou Bah

Les banques canadiennes pourront reprendre le rachat d’actions et augmenter leurs dividendes après que les organismes de réglementation auront levé les restrictions mises en place pour protéger le système financier des effets de la pandémie.

Les banques peuvent immédiatement commencer à augmenter les dividendes réguliers et la rémunération des dirigeants, a déclaré le Bureau du Surintendant des Institutions Financières (BSFI) dans une déclaration, jeudi dernier. Sous réserve de l’approbation du surintendant, les entreprises peuvent également racheter leurs actions, a déclaré le BSFI.

« Les institutions financières fédérales du Canada ont très bien résisté aux chocs de la pandémie en 2020 et 2021 », a déclaré Peter Routledge, chef du BSFI, lors d’un événement virtuel jeudi. « Par conséquent, nous ne croyons pas que la levée de ces attentes qui ont toujours été censées être temporaires nuira à la capacité des institutions financières de soutenir la reprise économique ou à la confiance du public dans le système financier canadien», a affirmé Routledge.

La décision a été prise après que les banques ont commencé à libérer des provisions pour pertes sur prêts au cours des derniers trimestres et que les Canadiens ont recommencé à effectuer des paiements hypothécaires après que leurs reports de six mois se soient terminés sans une vague de défauts de paiement, avait expliqué Routledge lors d’un point de presse ultérieur. « La solide performance financière continue des banques lors d’une augmentation des cas de Covid-19 au cours de l’été et à l’automne a également contribué à cette décision », a-t-il déclaré.

La pandémie semble maintenant être un problème endémique auquel l’économie canadienne peut résister, et les restrictions en matière de dividendes et de rachat ne seront probablement pas rétablies, sauf en cas de « choc économique et financier » inhabituel, a déclaré Routledge.

Cette décision, qui survient des mois après que la Réserve fédérale a levé des contraintes similaires sur les entreprises américaines, permet aux banques canadiennes de commencer à libérer le stock de capitaux qu’elles ont amassé pour se protéger contre une vague de défauts de paiement induits par la pandémie qui ne se sont heureusement jamais produits. Les six plus grandes banques du Canada pourraient restituer un total de 47 milliards de dollars canadiens en espèces aux actionnaires tout en dépassant les exigences de fonds propres des organismes de réglementation, selon une analyse.

Les actions des banques canadiennes ont réduit leurs pertes pour la journée de jeudi lorsque l’annonce a été faite. L’indice S&P/TSX des banques commerciales, qui comprend les huit plus grandes banques du Canada, a terminé jeudi avec peu de changement après avoir chuté de 0,5 % plus tôt.

« La Banque de Montréal et la Banque Nationale du Canada pourraient être les plus grands bénéficiaires de la levée des restrictions », a déclaré l’analyste John Aiken  dans une note aux clients de Barclays, émise jeudi dernier. « La Banque Nationale a la capacité d’augmenter son dividende d’environ 50%, tandis que la Banque de Montréal pourrait augmenter son versement de 46% », a-t-il déclaré.

Le ratio moyen des capitaux propres ordinaires de catégorie 1 (CET1) des six plus grandes banques du Canada est passé de 11,7 % au cours du trimestre financier terminé en janvier 2020, avant que la pandémie ne s’installe en Amérique du Nord, à 13,3 % à la fin de juillet. Cela signifie que les banques détiennent actuellement environ 57 milliards de dollars canadiens en capital. Cela est bien au-delà de ce que les régulateurs exigent. Même le retour de 47 milliards de dollars canadiens aux actionnaires leur laisserait un coussin de 10 milliards de dollars canadiens au-delà de ce qui est requis.

Les banques visent généralement un ratio CET1 de 11%, supérieur au minimum réglementaire de 10,5%, et elles ont environ 47 milliards de dollars canadiens de capital excédentaire au-dessus de ce niveau plus élevé, selon Bloomberg.

Pour rappel, la Réserve fédérale américaine avait autorisé les banques américaines à reprendre les rachats d’actions en décembre 2020 et laissé les prêteurs qui ont validé les tests de résistance, redémarré l’augmentation du dividende en juin de cette année.

Routledge, du BSFI, a déclaré que l’organisme de réglementation avait agi avec beaucoup de prudence en maintenant ses restrictions aussi longtemps qu’il l’avait fait.

« Si je devais être critiqué en tant que surintendant, je préférerais qu’on me reproche d’être un peu trop prudent plutôt qu’un peu trop téméraire », a-t-il déclaré. « Je porterai les critiques avec un badge de fierté», a-t-il ajouté.