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Les Canadiens approfondissent leur confiance envers le logement

10 février, 2022   |   Par Kadiatou Bah

L’optimisme à l’égard du marché immobilier au pays a atteint des niveaux presque records la semaine dernière, malgré les avertissements de la banque centrale et des responsables de la réglementation selon lesquels les coûts d’emprunt sont sur le point d’augmenter et pourraient frapper le marché immobilier.

Quelque 64 % des Canadiens s’attendent à ce que la valeur des biens immobiliers dans leur quartier augmente au cours des six prochains mois, selon le dernier sondage hebdomadaire réalisé par Nanos Research Group. C’est en hausse par rapport à 60% la semaine dernière, ce qui en fait l’une des augmentations de confiance les plus rapides jamais enregistrées sur 7 jours.

Attentes extrapolatives

C’est un résultat surprenant, qui est survenu une semaine après que la Banque du Canada a averti qu’elle avait l’intention de commencer à lever les taux dès le mois prochain. Cela suggère également que la banque centrale et d’autres responsables ont un long chemin à parcourir pour étouffer les attentes spéculatives sur le marché immobilier du pays, qui a vu les prix grimper de plus de 40% depuis le début de la pandémie.

Le Canada est reconnu au même titre que la Nouvelle-Zélande comme étant l’un des marchés du logement des plus mousseux.

Chaque semaine, Nanos Research sonde 250 Canadiens pour connaître leur point de vue sur les finances personnelles, la sécurité d’emploi et leurs perspectives en matière d’économie incluant aussi le prix de l’immobilier. Les résultats sont compilés à partir d’une moyenne mobile sur quatre semaines d’environ 1 000 réponses.

La question sur les prix des logements n’a dépassé les 64% qu’une seule fois, lorsqu’elle a atteint plusieurs records hebdomadaires en avril de l’année dernière. La moyenne historique est d’environ 40%. Seulement 5,6 % des répondants ont déclaré s’attendre à une baisse des prix, soit l’un des plus bas jamais enregistrés.

Lors de sa dernière décision politique le 26 janvier, la Banque du Canada a maintenu les taux d’intérêt stables, mais a déclaré qu’elle augmenterait bientôt les coûts d’emprunt pour freiner l’inflation, ce qui a incité l’organisme de réglementation bancaire du pays à avertir que certains marchés pourraient faire face à une correction. 

Peter Routledge, chef du Bureau du surintendant des institutions financières, a dit dans un podcast de Herle Burly la semaine dernière que certaines régions pourraient voir des baisses de prix des maisons allant jusqu’à 20%.

Néanmoins, la décision de la banque centrale d’attendre au moins jusqu’en mars pour commencer son cycle de hausse pourrait en fait alimenter le marché du logement, selon les économistes.

« Il y a une chance que la décision d’attendre cinq semaines avant de commencer à pousser les taux directeurs à la hausse pourrait alimenter davantage l’enfer déjà déchaîné qu’est le logement canadien », a déclaré Benjamin Reitzes, Stratège des taux et de la macroéconomie à la Banque de Montréal, par mail. « Il ne fait guère de doute que, si l’on se base uniquement sur le logement, les taux doivent être plus élevés. », a écrit Reitzes.