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Les prix du bois baissent, mais quand les consommateurs verront-ils des économies ?

3 août, 2021   |   Par Kadiatou Bah

Le coût de construction ou d’amélioration des maisons depuis le début de la pandémie a grimpé en flèche en raison de la hausse des prix du bois, mais ces prix montrent maintenant des signes de ralentissement. Les contrats à terme sont tombés à 536 $ par millier de pieds-planche, le 16 juillet. Cela représentait une baisse de 68 % par rapport au record de 1 670,50 $ observé le 7 mai dernier pour le cours de ce matériau.

Lorsque les villes ont commencé à émettre des ordonnances de séjour à domicile en mars 2020, de nombreux professionnels de l’industrie ne savaient pas combien de temps durerait la pandémie ou si l’économie allait sombrer dans une récession.

 Les sociétés forestières nord-américaines ont commencé à réduire leur production afin de ne pas se retrouver avec une offre excédentaire et une demande faible. C’était l’une des quelques causes qui ont contribué aux prix élevés du bois d’œuvre. 

« Le facteur le plus important réside vraiment dans la hausse des prix parce qu’ils peuvent être haussiers. Il y a plus de demandes que d’offres », commente Tim Morris, courtier associé chez HomeSmart et ancien constructeur de maisons. Il ajoute qu’un autre problème qui a affecté l’approvisionnement concernait la plupart des pays. De plus, l’industrie canadienne du bois d’œuvre est subventionnée par le gouvernement, ce qui signifie que les entreprises canadiennes peuvent vendre leur produit moins cher que leurs concurrents américains. Le gouvernement américain a donc instauré des règles plus strictes qui imposent des droits de douane sur le bois d’œuvre canadien lorsqu’il traverse la frontière, ce qui a démotivé le commerce entre les deux pays, même si ce dernier est toujours en vigueur. 

« Parce que le Canada avait émis des mesures exceptionnelles au début de la pandémie, de nombreux bûcherons sont rentrés chez eux et ont été payés plus qu’ils ne l’auraient été en risquant leur vie en abattant des arbres dans la nature », a expliqué Morris. « Alors, l’offre canadienne s’est évaporée et la demande est devenue folle. », a-t-il expliqué.

Avec de nombreuses personnes coincées à l’intérieur, les améliorations domiciliaires sont devenues un moyen attrayant de passer le temps.

« Le volume de bois acheté chez Home Depot a dépassé le plafond jusqu’à il y a environ un mois. Soudain, un morceau de contreplaqué coûtait 100 $, alors qu’il coûtait 17 $ en avril 2020 », a souligné Morris.

Futur prix du bois

Comme de nombreux autres produits de base, tels que le maïs ou le blé, le bois d’œuvre est transigé avec des contrats à terme sur les marchés.

« Le bois qui va être produit en mars prochain est déjà vendu à quelqu’un sur un contrat à terme. Certains investisseurs l’achètent dans l’espoir d’obtenir une légère hausse », explique Morris.

Tom Nun, propriétaire d’Horizon Commercial Contracting, a vu son entreprise affectée par l’incertitude des prix. « Nos clients doivent avoir une idée précise de leurs coûts pour pouvoir calculer leur retour sur investissement et voir si un projet est rentable. Avec des prix en mouvement, c’est sur une corde raide qu’on marche parce que nous avons des limites de la part des fournisseurs de bois d’œuvre sur la durée pendant laquelle ils sont prêts à maintenir le prix offert », dit-il.

Selon Morris, les fluctuations brutales des coûts affectent la rentabilité. « En avril 2020, je construisais à Casa Grande et je payais 31 718 $ pour la charpente. Aujourd’hui, ce même travail coûte 80 357 $. Et il y a eu des périodes de trois mois où les prix ont fluctué jusqu’à représenter 25 000 $ de plus. C’est plus que toute la marge obtenue sur la maison» a expliqué Morris.

« Cela devient difficile de mon côté de fournir une estimation à l’un de mes clients pour prendre une décision. Ensuite, je dois commander le produit dans les cinq jours pour m’assurer de bénéficier des prix. Il devient difficile pour quiconque de répondre à ce genre de délais », note Nun.

Les prix du bois ont commencé à baisser, mais il faudra du temps à l’utilisateur final pour réaliser ces économies. « C’est comme de l’essence à la pompe », explique Morris. « Les gens entendent parler d’une rupture de pipeline et le gaz à la pompe augmente de 50 cents le gallon. Ensuite, nous découvrons qu’il n’a vraiment pas cassé, mais il faut deux mois pour que les prix reviennent enfin là où ils étaient précédemment », explique-t-il.

Nun ajoute qu’une diminution de la demande ou une augmentation de l’offre devra se poursuivre pendant un certain temps avant que des réductions de prix ne se produisent. « L’avenir s’effondrera parce que les investisseurs reconnaissent que la production va remonter. Mais la demande est toujours là, il n’y a donc aucune raison impérieuse pour les producteurs de baisser les prix jusqu’à ce qu’ils voient enfin une réduction des commandes. Pendant ce temps, ils vendent tout ce qu’ils peuvent produire », illustre-t-il. « Il doit y avoir une baisse de la demande ou une forte augmentation de l’offre avant que les prix ne commencent vraiment à baisser à notre niveau », note-t-il.

Morris conclut en affirmant : « Tout le monde a vu des articles disant que les prix du bois d’œuvre chutent de 49 % ou plus et pensent que cela affecte leur capacité à acquérir une nouvelle maison. La volatilité de ce marché crée le besoin pour tout le monde de comprendre que l’acheteur est celui qui va être à risque. »