La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a publié une mise à jour budgétaire qui montre que le gouvernement canadien prévoit 20,8 milliards de dollars canadiens de nouveaux coûts nets sur six ans, axés sur des priorités telles que le logement abordable et la transition énergétique propre.
Toutefois, ces dépenses seront étalées dans le temps pour éviter d’accroître le déficit de 40 milliards de dollars canadiens de cette année. Il n’est pas prévu de revenir à l’équilibre budgétaire, le déficit devant tomber à 18,4 milliards de dollars canadiens en 2028-2029.
Pourtant, selon ces économistes, si les gouvernements n’avaient pas dépensé aussi librement dans les dernières années, les taux d’intérêt dans ce pays seraient bien plus bas.
Scotiabank Global Economics calcule que 200 points de base (deux points de pourcentage) du taux d’intérêt actuel de 5 % de la Banque du Canada étaient nécessaires pour contrecarrer les effets des dépenses gouvernementales et de l’aide fédérale accordée aux ménages pendant la pandémie. Nous y reviendrons à la fin de l’article. Pour le moment voici les points à retenir en immobilier de cette mise à jour :
- Le déficit pour cet exercice financier est légèrement inférieur à ce qui était prévu dans le budget de mars, s’établissant à 40 milliards de dollars canadiens au lieu de 40,1 milliards de dollars canadiens. Mais les déficits projetés pour les quatre prochains exercices fiscaux sont tous plus élevés. Alors qu’un écart de 14 milliards de dollars canadiens était prévu pour 2027-2028, il devrait maintenant atteindre 23,8 milliards de dollars canadiens, pour tomber à 18,4 milliards de dollars canadiens l’exercice suivant.
- Freeland a déclaré dans le document que l’objectif budgétaire de son gouvernement était de « réduire la dette fédérale en tant que part de l’économie à moyen terme », ce qui, selon elle, préserverait la cote de crédit AAA du Canada. Le ratio dette/produit intérieur brut devrait toutefois atteindre 42,7 % au cours du prochain exercice budgétaire avant de retomber à 39,1 % en 2028-2029.
- Le gouvernement prévoit émettre 71 milliards de dollars canadiens de plus en obligations et en bons du Trésor que ce qu’il avait initialement prévu dans son budget de mars.
- Le gouvernement a annoncé plusieurs nouvelles mesures visant à stimuler l’offre de logements dans les années à venir. À partir de 2025-2026, il fournira 1 milliard de dollars canadiens supplémentaires sur trois ans pour construire plus de 7 000 nouveaux logements abordables.
- Également à partir de 2025-2026, il fournira un nouveau financement supplémentaire de 15 milliards de dollars canadiens pour la construction de plus de 30 000 nouveaux logements locatifs partout au Canada.
- Le gouvernement a annoncé une nouvelle charte hypothécaire canadienne, qui définit les attentes quant à la manière dont les institutions financières doivent travailler avec les Canadiens pour offrir un allègement personnalisé et garantir des paiements raisonnables aux emprunteurs.
Les taux d’intérêt seraient inférieurs de 2% si les gouvernements dépensaient moins
« Il ne fait aucun doute dans notre esprit que la politique budgétaire a compliqué la tâche de la politique monétaire au Canada », ont déclaré l’économiste en chef Jean-François Perrault et René Lalonde, directeur de la modélisation et des prévisions à la Banque Scotia.
« Les taux d’intérêt sont nettement plus élevés qu’ils ne le seraient si les dépenses de consommation du gouvernement à tous les niveaux de gouvernement restaient fixes par rapport au PIB. »
Depuis 2019, les dépenses publiques ont augmenté plus rapidement que la croissance du PIB à tous les niveaux, indique le rapport. Cette poussée et l’allègement fédéral pendant la pandémie ont injecté des mesures de relance dans l’économie qui ont alimenté l’inflation. Sans cela, la Banque du Canada n’aurait eu qu’à augmenter son taux à 3 pour cent.
« Cela a eu un impact important sur l’économie. Dans un contexte de politique monétaire, l’économie n’aurait pas été en demande excédentaire sans cette augmentation des dépenses publiques », ont-ils déclaré.
Les économistes calculent que les dépenses publiques représentaient 120 points de base des 475 points de base que la banque centrale a augmenté son taux depuis mars 2022. Les dépenses provinciales étaient responsables de 70 points de base, le gouvernement fédéral de 30 points de base et les municipalités et autres niveaux de gouvernement de 20 points de base.
L’allègement du COVID-19 accordé aux ménages représente environ 80 points de base, ce qui porte l’impact total à deux points de pourcentage.
Les économistes ont reconnu la nécessité d’une certaine augmentation des dépenses. Les demandes envers les services gouvernementaux ont augmenté ces dernières années pour faire face à la croissance de la population et au nombre croissant de Canadiens âgés.
La politique budgétaire peut être un outil puissant pour lutter contre les chocs économiques, mais elle peut également causer des problèmes lorsque le soutien est trop important ou dure trop longtemps, indique le rapport.
« C’était définitivement le cas au Canada. Les dépenses publiques réelles ont augmenté beaucoup plus rapidement que le PIB réel depuis fin 2019. Il n’y a rien de temporaire dans la hausse de la consommation publique », ont-ils déclaré. « Les transferts liés à la pandémie, en revanche, étaient temporaires, mais extrêmement importants et maintenus trop longtemps. »
La Banque Scotia est la dernière à exprimer ses inquiétudes selon lesquelles les dépenses gouvernementales rendent le travail de la Banque du Canada plus difficile.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a également exhorté les législateurs à Ottawa à réfléchir à l’impact de leurs dépenses sur l’inflation.
Lors de sa dernière réunion en octobre, les membres du Conseil d’administration de la Banque ont souligné que les plans de dépenses des gouvernements fédéral et provinciaux en 2024 « pourraient faire obstacle au retour de l’inflation à la cible ».
Les économistes de la Banque Scotia affirment que leurs recherches suggèrent que la politique budgétaire a été « très mal calibrée » depuis la pandémie en ce qui concerne la gestion de l’inflation et tous les niveaux de gouvernement en sont responsables.
« Nous ne pouvons littéralement pas nous permettre de répéter ces erreurs dans les prochains budgets », ont déclaré Perrault et Lalonde.
Avec la mise à jour d’aujourd’hui, force est de constater que le gouvernement Trudeau ne parle toujours pas d’équilibre budgétaire, mais encore et toujours de déficit, bien que moins important pour cette fois.