La Banque Laurentienne du Canada, qui travaille sur un redressement sous la direction d’un nouveau chef de la direction depuis la fin de 2020, a entamé un examen stratégique qui pourrait mener à sa vente.
Le contexte
L’examen vise à « maximiser la valeur pour les actionnaires et les parties prenantes », a déclaré la banque mardi créant ainsi de vives réactions dans le marché.
JPMorgan Chase & Co. a été embauché pour approcher des acheteurs potentiels, ont rapporté séparément La Presse et le Globe and Mail mardi.
Le processus a commencé après qu’une banque rivale a fait une offre sur la Laurentienne, a indiqué le Globe, citant des personnes qu’il n’a pas nommées.
La Laurentienne a embauché l’ancienne dirigeante de la Banque de Nouvelle-Écosse Rania Llewellyn au poste de PDG en octobre 2020, devenant ainsi la première banque canadienne cotée en bourse à être dirigée par une femme.
La société est la huitième plus grande banque du Canada en termes d’actifs totaux, selon les données compilées par Bloomberg, et a une capitalisation boursière d’environ 1,5 milliard de dollars canadiens.
« Pendant que l’examen est en cours, l’équipe de direction reste déterminée à exécuter la stratégie de la banque et les priorités de l’exercice 2023 consistant à offrir un excellent service à la clientèle, à se concentrer sur les dépôts et à optimiser sa structure de financement », a déclaré le prêteur basé à Montréal dans un communiqué.
Pour les plus grandes banques du Canada, une prise de contrôle de la Laurentienne offrirait une chance rare d’expansion par acquisition dans la province francophone du Québec.
Le gouvernement canadien a rejeté jusqu’ici les grandes fusions de banques nationales au cours des dernières décennies, mais la Laurentienne est beaucoup plus petite que les six grands prêteurs qui dominent le secteur bancaire du pays.
Bon nombre des six grandes banques canadiennes disposent d’importants stocks de capitaux après qu’une vague prévue de défauts de paiement liés à la pandémie ne s’est pas matérialisée, et certaines l’utilisent pour des transactions. Veritas Investment Research a désigné la Banque Nationale comme le meilleur candidat.
La Banque Royale du Canada, le plus grand prêteur du pays, travaille à conclure son acquisition de 13,5 milliards de dollars canadiens de l’unité canadienne de HSBC. Plus tôt cette année, la Banque de Montréal a conclu un achat de 16,3 milliards de dollars de Bank of the West de BNP Paribas pour se développer aux États-Unis.
Llewellyn a pris la barre de la Laurentienne après que l’ancien PDG a démissionné après un mandat de cinq ans qui comprenait une transformation incomplète et des malheurs, y compris de fausses déclarations de clients sur des hypothèques.
Llewellyn s’est efforcé d’améliorer les opérations de la banque, par exemple en accélérant les montages hypothécaires, et de combler les lacunes de sa gamme de produits en introduisant une application bancaire mobile et en tapant les paiements sur ses cartes de débit.
Les actions ont augmenté de 28 % depuis qu’elle est devenue chef de la direction, sixième place sur les neuf banques de l’indice des banques commerciales S&P/TSX.
L’action avait chuté de 51 % au cours des cinq années précédant sa prise de fonction, la pire performance de l’indice.
Pour le contexte actuel, la valeur des actions a bondi de 44% à la suite de l’annonce, faite après la clôture mardi. Les actions ont réduit leurs gains plus tard dans la séance, s’échangeant en hausse d’environ 27 % à 14h, heure de Montréal.
Tous les analystes bancaires ne s’attendent pas à ce qu’un accord soit conclu.
« Nous pensons que la justification stratégique de l’acquisition de la Banque Laurentienne n’est pas très solide, et toute transaction pour la banque doit faire face à des risques politiques et de rétention importants compte tenu de la dynamique régionale du pays », a écrit Meny Grauman de la Banque Scotia.
La portée de cette annonce pour les investisseurs immobiliers au Québec ?
Comparativement aux États-Unis, le Canada ne possède pas un large éventail de banques à charte. Selon les analyses de Nikolai Ray, PDG de MREX, la vente potentielle de la Banque Laurentienne à une autre banque à charte canadienne viendrait réduire les possibilités des investisseurs en matière de financement dans le secteur multirésidentiel. Le paysage concurrentiel en sera donc affecté.
De plus, dans l’interview de Ray ce mercredi, il a souligné la position agressive en termes de financement, surtout dans la construction des petits multilogements (immeubles entre 5 et 12 logements), qu’a détenue la banque durant les dernières années. La banque offrait du refinancement en conventionnel avec de l’amortissement sur une durée de 30 ans pour des bâtiments rénovés, selon Ray.
Dépendamment du futur acquéreur de la banque, un changement de direction et de politique, quant aux conditions de prêt, aurait un impact significatif sur les investisseurs au Québec. Parmi les éléments affectés, on pourrait avoir : les taux d’intérêt, les critères d’approbation de prêt, ou même le type de propriétés que la banque serait prête à financer.
Au Collège MREX, nous resterons à l’affût des développements autour de cette potentielle vente de la Banque Laurentienne et de ses impacts sur l’investissement immobilier au Québec.
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