L’inflation a augmenté de manière inattendue au Canada, un revers pour les décideurs politiques alors qu’ils envisageaient de nouvelles réductions des taux d’intérêt le mois prochain.
L’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,9 % en mai par rapport à l’année dernière, contre 2,7 % un mois plus tôt, principalement en raison de la hausse des prix des services, a rapporté Statistique Canada mardi à Ottawa. C’est plus rapide que l’estimation médiane de 2,6 % d’une enquête auprès des économistes.
Sur une base mensuelle, l’indice a grimpé de 0,6 %, alors que l’on attendait un gain de 0,3 % et en hausse par rapport à 0,5 % en avril. Sur une base désaisonnalisée, l’inflation a augmenté de 0,3 %.
Les deux mesures d’inflation sous-jacente de la Banque du Canada se sont également accélérées, atteignant un rythme annuel moyen de 2,85 %, soit plus rapidement que ne l’avaient prévu les économistes.
Les données de mardi ont mis fin à une série de quatre mois d’assouplissement des pressions sur les prix. La réaccélération de l’inflation globale et de l’inflation sous-jacente mettra probablement en garde la banque centrale contre une deuxième baisse consécutive des taux d’intérêt le mois prochain, alors que les responsables cherchent à comprendre si le dernier revers est temporaire.
« La trajectoire de l’inflation reste inégale, ce qui signifie que la trajectoire de réduction des taux ne sera probablement pas fluide non plus », a déclaré par courriel Benjamin Reitzes, stratège en taux et macro à la Banque de Montréal. « Même si nous n’excluons pas une réduction en juillet, les chances ont considérablement diminué. »
Le dollar canadien a bondi lors de la publication, mais a réduit certains gains pour s’échanger à 1,3647 $ CA par dollar américain à 9 h 30, heure de Montréal. Le rendement des obligations canadiennes à 2 ans a augmenté d’environ 9 points de base sur la journée pour atteindre 4 %.
Le gouverneur Tiff Macklem et ses collaborateurs ont abaissé le taux directeur au jour le jour de 25 points de base à 4,75 % plus tôt ce mois-ci, ce qui constitue la première banque centrale du G7 à lancer un cycle d’assouplissement. Après avoir observé plusieurs mois de ralentissement des pressions sur les prix, ils se sont déclarés plus confiants que l’inflation se dirigeait vers l’objectif de 2 % et que la politique monétaire n’avait plus besoin d’être aussi restrictive.
La publication de mardi sur l’inflation est le premier de deux rapports de ce type avant la prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux, le 24 juillet. La majorité des économistes interrogés par s’attendent à ce que les décideurs maintiennent les coûts d’emprunt stables lors de cette réunion avant de les assouplir à nouveau lors de la prochaine réunion en septembre.
« L’absence de progrès en mai réduit la probabilité que la Banque du Canada procède à des réductions en juillet. Mais avec une autre publication de l’IPC avant la décision de juillet, la porte n’est pas complètement fermée », a déclaré Charles St-Arnaud, économiste en chef d’Alberta Central, dans un courriel.
Le gouverneur Tiff Macklem a réitéré lundi qu’il était raisonnable de s’attendre à de nouvelles réductions du taux d’intérêt directeur si les pressions sur les prix continuent de s’atténuer. Mais les responsables ne veulent pas baisser les taux trop rapidement et compromettre les progrès en matière d’inflation.
La moyenne mobile sur trois mois du taux d’inflation a atteint un rythme annualisé de 2,52 %, contre 1,64 % en avril, selon les calculs.
Logements et inflation alimentaire
En mai, les charges d’intérêts hypothécaires et les loyers sont restés les principaux contributeurs à la variation annuelle du taux d’inflation. Les coûts des intérêts hypothécaires ont bondi de 23,3 % et les loyers ont augmenté de 8,9 % sur une base annuelle. Hors frais de logement, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,5 % sur un an, contre 1,2 % en avril.
Hors alimentation et énergie, l’indice a augmenté de 2,9 % sur un an, contre 2,7 %. L’inflation des services a augmenté de 4,6%, contre 4,2% en avril.
Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 2,4%, contre 2,3% en avril. Les produits d’épicerie ont augmenté de 1,5 % par rapport à il y a un an, la première accélération depuis juin 2023, et ont augmenté de 1,1 % par rapport au mois précédent, le gain mensuel le plus important depuis le début de l’année dernière.
À l’échelle régionale, les prix ont augmenté à un rythme plus rapide qu’il y a un an par rapport à avril dans six des dix provinces canadiennes, dont l’Ontario et le Québec.
La publication intègre de nouvelles pondérations de panier de Statistique Canada, mais elles n’ont pas eu d’impact sur la variation annuelle de l’IPC, ont déclaré les analystes de l’agence.
La réaccélération de l’inflation plaide pour que la Banque du Canada ne réduise ses taux que lentement.
Notons cependant qu’un mauvais rapport sur l’inflation ne constitue pas une tendance.
Compte tenu des risques à la hausse pour l’inflation provenant des prix de l’immobilier, qui pourraient augmenter à mesure que les taux d’intérêt baissent, et avec une marge limitée pour s’écarter de la Fed, la Banque du Canada réduira son objectif de taux à un jour à une cadence trimestrielle seulement selon plusieurs économistes.