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« L’objectif d’inflation de 2 % devrait rester », disent les Canadiens à Trudeau

14 octobre, 2021   |   Par Kadiatou Bah

Environ 56 % des Canadiens sont mal à l’aise avec l’ajustement du mandat de la banque, selon le sondage mené par Nanos Research Group. Seul un tiers a dit qu’ils étaient à l’aise avec cette idée.

Les principales banques centrales se demandent à quel point elles devraient laisser tourner leurs économies alors qu’elles commencent à se remettre de la pandémie de Covid-19. Les hausses annuelles des prix à la consommation au Canada ont atteint 4,1 % en août, soit le niveau le plus élevé depuis 2003 , mais les décideurs politiques dirigés par le gouverneur Tiff Macklem soutiennent que la hausse est temporaire.

Rester sur la cible

La Réserve fédérale américaine s’est donné  l’an dernier une marge de manœuvre pour tolérer des périodes d’inflation au-dessus de sa cible de 2 %. Elle a adopté une politique de « ciblage flexible de l’inflation moyenne », avec l’objectif explicite d’avoir une inflation légèrement supérieure à 2 % pendant un certain temps pour compenser les périodes inférieures à ce niveau.

Tous les cinq ans, la Banque du Canada et le gouvernement fédéral négocient le cadre de la politique monétaire, un processus qui doit être complété d’ici la fin de 2021. Le mandat actuel de la banque vise une inflation de 2 %, dans une fourchette de contrôle de 1 % à 3 %. Force est de constater qu’elle a été au-dessus de l’extrémité supérieure de cette fourchette pendant cinq mois consécutifs. 

La signature du nouveau mandat de la banque est l’un des premiers éléments sur le bureau de la ministre des Finances Chrystia Freeland après la réélection du gouvernement Trudeau le 20 septembre.

Le moment du renouvellement du mandat pose des défis aux responsables de la Banque du Canada, qui mettent fin à la relance monétaire d’urgence tout en faisant face aux vents contraires des perturbations de l’offre qui menacent de freiner la croissance. Macklem a déclaré lors d’une conférence de presse la semaine dernière qu’il y avait de « bonnes raisons » de croire que les pressions croissantes sur les prix seraient de courte durée.

La banque centrale devra décider si elle va tolérer les récents chiffres d’inflation élevés ou si elle resserre sa politique monétaire plus tôt et risque de ralentir la croissance. Les marchés ont d’ores et déjà intégré deux hausses de taux de la Banque du Canada au cours de la prochaine année. La plupart des économistes prévoient le premier changement au second semestre 2022.

Le dernier sondage Nanos fait écho aux conclusions d’un rapport de la Banque du Canada publié plus tôt cette année, qui indiquait que la plupart des Canadiens préféraient le cadre actuel de ciblage de l’inflation à 2 % aux alternatives. La banque a étudié plusieurs options, notamment le passage à un double mandat qui tient compte des paramètres du marché du travail ou du ciblage de l’inflation moyenne en plus de l’inflation. 

La Fed, contrairement à la Banque du Canada, a déjà un deuxième mandat pour promouvoir un maximum d’emplois durables. Un mouvement de la Banque du Canada vers une moyenne d’inflation ressemblerait à celui de la Fed l’an dernier.

Nanos Research a mené l’enquête auprès de plus de 1 000 personnes du 30 septembre au 3 octobre par téléphone et sondages en ligne. Le sondage est considéré comme précis à 3,1 points de pourcentage près.