Un indice majeur des actions bancaires canadiennes est en hausse de 11 % depuis le début de novembre, effaçant la majeure partie des pertes du début de l’année.
Si l’on inclut les dividendes, les investisseurs ont en fait réalisé un léger bénéfice jusqu’à présent en 2023, contrairement à l’indice bancaire KBW des prêteurs américains, qui est toujours dans le rouge.
Cette reprise est un pari sur un atterrissage économique plus doux en 2024, dans lequel les bénéfices des banques ne seront pas gravement affectés par la crise financière qui frappe les ménages canadiens en raison de la révision des taux hypothécaires et de la hausse des loyers.
Les banques ont vu leurs coûts monter en flèche cette année
Pour les six grandes banques, le bénéfice par action a chuté de plus de 6 %, sur une base ajustée, au cours de l’exercice clos le 31 octobre. Il devrait baisser en moyenne de 1,1 % au cours de l’exercice en cours, selon les prévisions.
« Les bénéfices auront du mal à croître au cours des deux prochaines années”, a déclaré Murray Leith, directeur de la recherche en investissement chez Odlum Brown Ltd, une société basée à Vancouver qui gère environ 18 milliards de dollars canadiens. « Mais ce sont des entreprises très rentables, elles peuvent donc faire beaucoup de choses pour ajouter de la valeur aux actionnaires. ».
Les banques se restructurent de toute urgence au cours d’une année au cours de laquelle les coûts ont augmenté rapidement. La Banque Toronto-Dominion réduit ses effectifs de 3 %, ce qui représente plus de 3 000 postes.
La Banque Royale du Canada a nommé une nouvelle direction à la City National Bank, son unité en difficulté basée en Californie. La Banque de Nouvelle-Écosse, le plus international des prêteurs canadiens ayant d’importantes opérations au Mexique, au Chili et au Pérou, s’apprête à dévoiler une nouvelle stratégie lors d’une journée des investisseurs mercredi sous la direction du nouveau chef de la direction Scott Thomson.
Si vous regardez l’historique, lorsque les valorisations baissent à ces niveaux, c’est normalement un assez bon point de départ » pour acheter des actions de banques canadiennes, a déclaré un acteur du secteur bancaire.
La part de l’immobilier
Les prêts hypothécaires résidentiels représentent la plus grande partie du secteur bancaire canadien et une source majeure d’inquiétude pour les économistes. Les ménages ont des prêts dont les taux augmentent et diminuent en fonction du taux du financement à un jour de la Banque du Canada, ou des prêts hypothécaires à taux fixe qui sont rajustés périodiquement, généralement tous les un à cinq ans.
Au cours des deux prochaines années, environ 2,2 millions de prêts hypothécaires seront confrontés à un « choc des taux d’intérêt », selon un rapport publié le mois dernier par la Société canadienne d’hypothèques et de logement. La pandémie pourrait avoir entrainer une augmentation de près de 1 000 dollars canadiens par mois de leurs paiements, a déclaré la SCHL.
Les banques tentent d’atténuer le coup, avec l’impulsion du gouvernement fédéral, en permettant à certains détenteurs de prêts hypothécaires d’étaler leurs paiements et de prolonger le délai de remboursement du prêt. Mais cela crée ses propres problèmes.
Les taux ont augmenté si rapidement que pour certains ménages, leurs paiements fixes ne suffisent pas à couvrir les intérêts du prêt, sans parler du remboursement du principal. La TD détenait 37,4 milliards de dollars canadiens de prêts hypothécaires dans cette catégorie à la fin octobre, soit 14 % de son portefeuille hypothécaire canadien.
Les banques tentent de réduire le risque hypothécaire, avec un certain succès. Pour la Banque Royale, les prêts avec des périodes d’amortissement de plus de 35 ans représentaient 22 % de son portefeuille hypothécaire canadien à la fin octobre, contre 25 % un an plus tôt. La TD a également réduit la part des prêts hypothécaires dans cette catégorie.
« Les consommateurs lourdement endettés et l’exposition à l’immobilier commercial demeurent deux des plus grandes préoccupations auxquelles sont confrontées les banques canadiennes », selon Peter Routledge, chef de l’organisme de règlementation bancaire du pays.
« Mais nous n’avons constaté aucune perte très significative dans aucun de ces secteurs, et ces deux risques ne se sont pas aggravés au cours des six mois », a-t-il déclaré vendredi lors d’une conférence de presse. À la lecture des dernières données économiques, il semble qu’un atterrissage en douceur soit encore possible au Canada.