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Resserrement des règles hypothécaires au 1er juin

21 mai, 2021   |   Par Kadiatou Bah

Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a annoncé jeudi qu’à compter du mardi 1er juin, le taux admissible applicable aux prêts hypothécaires non assurés serait le plus élevé entre le taux hypothécaire contractuel majoré de 2,00 % et 5,25 %.

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau s’est exprimé quelques heures plus tard, pour annoncer qu’il établira la même norme pour les prêts hypothécaires assurés à compter de la même date, pour tenter de préparer les acheteurs à une hausse des taux d’intérêt par rapport à leurs creux actuels.

Joint pour un entretien, Nikolaï Ray PDG de MREX, déclarait « Un effet direct de ces annonces est de réduire l’accès à la propriété et donc calmer le marché résidentiel » en rappelant que ce dernier au Canada est un des plus chauds au monde.

Ces mesures interviennent donc dans un contexte de flambée des prix des logements qui inquiète les décideurs politiques et les économistes. Des prêts hypothécaires bon marché et de nouvelles conditions de travail à distance ont suscité une frénésie de demande pour des maisons plus spacieuses des chasseurs de maisons faisant grimper les prix dans tout le pays.

Dans son dernier examen du système financier, la Banque du Canada a souligné que de nombreux ménages avaient contracté des prêts hypothécaires importants par rapport à leur revenu, ce qui limite leur flexibilité pour absorber un choc financier imprévu comme la perte d’un emploi.

La banque centrale a noté que la dette totale des ménages avait augmenté de 4 % depuis le début de la pandémie, et qu’elle s’était fortement accentuée depuis le milieu de l’année dernière, alors que le marché du logement se faisait de plus en plus actif. Le pourcentage de prêts coûteux, définis par la banque comme ceux qui représentent plus de 4,5 fois le revenu d’un ménage, a également dépassé les sommets enregistrés il y a cinq ans, lorsque les décideurs ont resserré les règles hypothécaires.

Dans son rapport, la Banque centrale a noté que l’activité sur le marché et certains chiffres troublants sur les prêts hypothécaires rappelaient la situation de 2016, soit juste avant que des simulations de crise ne soient imposées pour les demandes de prêt hypothécaire, afin de s’assurer que les acheteurs pourraient gérer leurs paiements en cas de hausse des taux.

« La hausse récente et rapide des prix des logements ébranle la classe moyenne canadienne dans l’ensemble du pays et soulève des préoccupations au sujet de la stabilité du marché dans son ensemble », a affirmé la ministre des Finances, Chrystia Freeland, dans un communiqué accompagnant l’annonce.

« Le maintien de la santé et de la stabilité du marché immobilier du Canada est essentiel à la protection des familles de la classe moyenne et à la relance économique générale du Canada. » affirmait-elle.

Hausse du prix des logements

Les prix des logements ont augmenté de 23 % à l’échelle nationale par rapport à l’an dernier, a indiqué la banque centrale dans son rapport.

L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a pour sa part indiqué, plus tôt cette semaine, que le prix moyen d’une maison vendue au Canada en avril s’était établi à un peu moins de 696 000 $. Ce qui témoigne de la vigueur du secteur.

La récente flambée des prix était plus généralisée parmi les villes qu’il y a cinq ans, lorsque la situation était essentiellement circonscrite aux grandes régions de Toronto et de Vancouver, a poursuivi la banque centrale. Selon elle, les régions du Grand Toronto, de Hamilton et de Montréal sont maintenant en surchauffe, et Ottawa est sur le point de les rejoindre.

Avec la hausse des prix des maisons et le retard dans l’offre de logements disponibles, certains propriétaires pourraient être tentés d’acheter maintenant par crainte de ne plus pouvoir se permettre de le faire à l’avenir. 

Les Canadiens sont tellement alarmés par la fièvre du logement que près de la moitié des répondants à un sondage du Nanos Research Group fait récemment, affirmaient vouloir voir la Banque du Canada augmenter les coûts d’emprunt pour réduire la demande immobilière et stabiliser les prix.

Pour finir, Ray déclarait ultimement « Je pense que ça va donc garder plus de gens locataires et donc mettre pression sur les loyers. On va devoir construire plus de logements étant donné que les taux d’inoccupation sont déjà très bas. ».