Près de 85% des ménages dont le prêt hypothécaire arrive à échéance en 2025 pourraient voir leurs taux d’intérêt augmenter de 1 à 2,25 % par rapport à ceux contractés au début de leur dernier terme.
« Le risque de renouvellement demeure », car la majorité des 1,2 million de prêts hypothécaires devant être renouvelés en 2025 seront confrontés à des taux d’intérêt plus élevés qu’au début de leur durée, constate la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dans son Rapport sur le secteur des prêts hypothécaires résidentiels de l’automne 2024 .
Le rapport, publié lundi, est une analyse économique semestrielle du secteur des prêts hypothécaires résidentiels au Canada, qui donne un aperçu de l’évolution du paysage hypothécaire et de ses tendances.
Selon la SCHL, 85 % de ces 1,2 million de prêts hypothécaires ont été contractés lorsque le taux directeur de la Banque du Canada (BdC) était égal ou inférieur à 1 %. À l’heure actuelle, le taux se situe à 3,75, mais les experts prévoient une autre réduction de 50 points de base le 11 décembre. Néanmoins, le taux d’intérêt ne devrait pas atteindre 2 % avant juillet 2025, au plus tôt, et il ne devrait pas atteindre 1 % de sitôt.
Ainsi, un certain pourcentage de ceux dont le prêt hypothécaire arrive à échéance en 2025 pourraient voir leurs taux d’intérêt augmenter de 1 à 2,25 % par rapport à ceux en vigueur au début de leur échéance.
Les taux d’intérêt demeurant élevés, la SCHL signale également qu’en 2024, les défauts de paiement des prêts hypothécaires ont continué d’augmenter par rapport aux « niveaux historiquement bas » de 0,14 % en 2022. Au deuxième trimestre, le taux de défaut de paiement des prêts hypothécaires a atteint 0,19 %, un taux inférieur aux niveaux d’avant la pandémie (0,28 % en 2019) et bien inférieur aux moyennes depuis 1990, mais qui devrait augmenter jusqu’en 2025, comme le suggèrent les taux de défaut sur d’autres produits de crédit et les provisions pour pertes de crédit attendues.
L’augmentation des défauts de paiement des prêts hypothécaires s’est accompagnée d’une hausse de la dette hypothécaire globale. Selon la SCHL, le total des dettes hypothécaires a atteint 2,2 billions de dollars en juillet 2024, « ce qui a exacerbé la vulnérabilité de l’endettement élevé des ménages ». Cela représente une augmentation de 3,5 % sur un an, ce qui reste inférieur aux moyennes récentes, même si la baisse des taux d’intérêt pourrait accélérer cette augmentation, prévient le rapport.
« La croissance de la dette hypothécaire a ralenti, car de nombreux acheteurs potentiels sont restés à l’écart pendant une grande partie de l’année, poussés par des coûts d’emprunt élevés et des prix de l’immobilier élevés », explique le rapport. « Parmi les autres facteurs contributifs, citons l’attente de taux hypothécaires plus bas à court terme et des fluctuations relativement modestes des prix de l’immobilier en 2024 dans de nombreuses régions du pays. »
Les taux d’intérêt élevés et la baisse attendue ont également eu pour conséquence une diminution des durées de prêt. « Les emprunteurs s’attendant à une baisse des taux d’intérêt dans les années à venir, ils sont moins enclins à s’engager sur la durée totale de cinq ans », indique le rapport.
Les emprunteurs ont plutôt opté pour des taux hypothécaires à terme fixe pour des durées allant de trois ans à moins de cinq ans. Sur les 43,7 milliards de dollars de tous les prêts hypothécaires nouvellement accordés par les banques à charte en juillet 2024, plus de la moitié (24,3 milliards de dollars) se situaient dans cette fourchette de durée réduite, selon le rapport. En comparaison, les prêts hypothécaires à taux fixe sur cinq ans ne représentaient que 12 % des prêts hypothécaires nouvellement accordés en juillet 2024.
Également en prévision de baisses de taux supplémentaires de la part de la Banque du Canada (qui a augmenté les primes sur les taux variables), la part des prêts hypothécaires nouvellement prolongés avec un taux d’intérêt variable est tombée à 9 % en juillet, contre 20 % plus tôt dans l’année, constate la SCHL.