La surveillance des anticipations d’inflation reste essentielle pour les investisseurs, même si les actions de la Réserve Fédérale (Fed) sont restées prévisibles pour ce qui est des États-Unis.
La position continuellement accommodante de la Fed en dépit des preuves croissantes de la hausse des prix des intrants, reflète à la fois l’offre restreinte et la demande refoulée.
Pourtant, la banque centrale américaine continue de considérer ces pressions sur les prix comme transitoires, causées par des circonstances exceptionnelles amenées par une réouverture économique après la pandémie, plutôt que comme le signal d’un changement fondamental de tendance.
Dans un monde où les banquiers et la plupart des économistes ont depuis longtemps cessé de prêter attention à la croissance de la masse monétaire dans l’économie, le point de vue de la Fed ne sera contesté par les économistes s’il existe des preuves matérielles du resserrement dans le marché du travail.
Pour l’instant, ce n’est pas encore vraiment le cas, même s’il faut garder un œil sur l’augmentation du nombre de petites entreprises américaines qui affirment qu’il est difficile de trouver de la main-d’œuvre.
L’enquête de la Fédération Nationale des Entreprises Indépendantes (NFIB) publiée plus tôt ce mois-ci a révélé qu’un nombre record de 44% des propriétaires de petites entreprises ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas combler plusieurs offres d’emploi, et cette série de données est cumulée depuis 1974.
Quant-il s’agit d’emploi, il ne faut pas oublier qu’on a à faire à une nouvelle Fed qui se concentre non seulement sur les niveaux d’emploi agrégés, mais aussi sur ce que l’on appelle « l’emploi inclusif ».
Cela reflète la réalité politique d’une Fed nouvellement réveillée.
Et cela restera le cas probablement improbable où Jerome Powell, un républicain de renom, serait reconduit dans ses fonctions de Président de la Fed en février prochain.
Pendant ce temps, il convient de noter que, pour les personnes actives (25-54 ans), le taux de chômage des personnes de race blanche est respectivement quatre pourcents inférieurs aux taux de chômage des personnes de race noire et des Hispaniques.
Pendant ce temps, en termes de preuves récentes de pressions sur les prix dans le système, un bon exemple est l’indice des prix payés futurs de l’enquête sur les perspectives des entreprises manufacturières de la Fed de Philadelphie, qui est passé à 71,5 en avril, le niveau le plus élevé depuis 1989, et à 66,7 en mai.
Un autre est l’indice du carnet de commandes de l’enquête ISM Manufacturing, qui est passé à 68,2 en avril, soit, le niveau le plus élevé depuis le début de la série de données en janvier 1993.
La reprise cyclique semble solide
Du côté de la bourse américaine, la combinaison d’une Fed facile et d’une reprise cyclique continue d’être haussière pour les actions malgré la pression vendeuse déclenchée par les discussions sur une augmentation significative de la taxe sur les plus-values.
Le meilleur signal technique pour les actions est peut-être que le nombre d’actions du S&P500 s’échangeant au-dessus de leur moyenne mobile de 200 jours est passé à 488 le 21 avril, représentant 97 % du total, c’est le niveau le plus élevé depuis au moins 1990. Récemment, son niveau enregistré est de 463 soit 92 % du total.
Ce n’est certainement pas baissier et cela signale un élargissement du marché haussier, ce qui n’est à prévoir que dans le contexte de ce qui devrait s’avérer la plus forte reprise cyclique en Amérique depuis 1950, le consensus d’économistes prévoyant désormais une croissance du PIB réel de 12,9% annuel en 2021.
Si une véritable correction des actions s’avérait, il est fort probable qu’elle soit déclenchée par une frayeur décroissante.
Et cela ne devrait se produire qu’après une nouvelle vente massive sur le marché des obligations du Trésor et une nouvelle reprise des actions cycliques.
Pendant ce temps, la meilleure façon de surveiller le moment où une frayeur s’estompe reste de surveiller les anticipations d’inflation, en particulier si et lorsque le taux d’anticipation d’inflation à 5 ans atteint 2,5% ou plus. Il est désormais de 2,27%.