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Encore plus de logements sont nécessaires au Canada

12 février, 2024   |   Par Kadiatou Bah

Le gouvernement canadien sous-estime d’environ 1,5 million d’unités le nombre de nouveaux logements nécessaires pour faire face à une crise croissante de l’abordabilité, selon une étude de la Banque Canadienne Impériale de Commerce.

Alors que l’agence nationale du logement du Canada affirme que le pays doit ajouter 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030 pour rendre le logement abordable, le nombre réel est en réalité d’environ 5 millions de logements supplémentaires, a écrit mardi dernier l’économiste de la CIBC, Benjamin Tal, dans un rapport. Tal a attribué le problème aux chiffres de la population qui, selon lui, ne tiennent pas suffisamment compte des résidents non permanents.

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau est aux prises avec une hausse nationale des coûts du logement dont ses rivaux politiques se sont emparés pour lancer des attaques. Même si le gouvernement a tenté de compenser des années de sous-construction par une série de mesures visant à stimuler l’offre, celles-ci n’ont pas encore eu d’impact significatif sur le marché. Cela a attiré l’attention sur la façon dont la tentative du gouvernement de stimuler la croissance économique en stimulant l’immigration a encore plus déséquilibré l’offre et la demande.

Les taux d’intérêt élevés et le ralentissement de l’économie mettent encore plus à l’épreuve les efforts du gouvernement pour stimuler l’offre.

En décembre, la valeur totale des permis de bâtir au Canada a plongé de 14 % par rapport au mois précédent, atteignant le niveau mensuel le plus bas depuis plus de trois ans, a rapporté mardi Statistique Canada. La valeur totale des permis résidentiels a chuté de 17,9 %, en grande partie en raison d’une baisse importante des intentions de construction de permis de construction de logements collectifs.

Les permis de construire des maisons au Canada tombent


Une grande partie de la récente croissance démographique du Canada est due aux programmes de résidence non permanente, étudiants étrangers et travailleurs temporaires, que le gouvernement fédéral n’a pas plafonnés et qui étaient principalement motivés par la demande des établissements d’enseignement et des employeurs. La dernière mesure prise par le gouvernement Trudeau a été d’imposer un plafond au nombre d’étudiants étrangers.

Mais Tal, de la CIBC, affirme que même si ce plafond fonctionne comme prévu, la croissance d’autres types de résidents non permanents assurerait quand même une croissance démographique annualisée d’environ 2 %, soit 6 millions de nouvelles personnes au cours des sept prochaines années. Ce type de croissance, qui s’ajoute à une population déjà plus importante que prévu, signifie que le Canada devra construire beaucoup plus de logements que ne le pensait le gouvernement, a expliqué Tal.

« Il n’existe pas de prévisions, d’objectifs ou de plans de capacité crédibles au sein des gouvernements pour les résidents non permanents, la population qui représente la grande majorité du déficit de planification. Cela doit changer », a-t-il écrit. « Des prévisions, des objectifs et une planification intégrée significatifs doivent être menés pour que toutes les approbations de visas permanents et temporaires soient significatives. »

Dans une interview, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a reconnu que les récentes surprises migratoires ont des implications immédiates sur la politique publique, et a convenu que le gouvernement « pourrait faire un meilleur travail dans la gestion des chiffres globaux afin que les gens sachent à quoi ils s’attaquent ».

Il a néanmoins repoussé les suggestions selon lesquelles des prévisions démographiques plus prévisibles auraient abouti à des investissements équivalents dans le logement et les services sociaux de la part des provinces et des villes.

« Ne nous trompons pas en pensant que même si nous devions projeter sur 10 ans, les gens s’adapteraient automatiquement, parce que les gens sont élus et non élus en fonction de leur capacité à tenir les promesses faites aux gens qui les ont amenés là-bas », a-t-il déclaré. « Ils sont parfois élus grâce à des coupes budgétaires. »