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Faits saillants autour de la révision de l’inflation

24 août, 2022   |   Par Kadiatou Bah

L’inflation globale au Canada est en baisse, mais l’inflation de base (dite « core »), l’autre mesure fournie par la Banque du Canada qui exclut les secteurs volatils comme l’énergie et la nourriture, continue d’augmenter. 

C’était l’objet d’une note de recherche de la Banque Nationale du Canada publiée la semaine dernière, en réponse aux données sur l’inflation de juillet. L’inflation sous-jacente, considérée comme une mesure plus stable, a atteint son plus haut niveau en trois décennies. Encore plus surprenant, les chiffres de cette année ont été révisés trois fois, ce qui signifie que cette mesure n’est pas aussi stable que la Banque du Canada le croyait. 

La Banque Nationale a constaté que la moyenne des trois mesures de base a continué d’augmenter en juillet. Le taux a atteint 5,3 %, le plus élevé depuis plus de 32 ans. L’augmentation soudaine a été considérable en raison de révisions importantes des données précédentes.

La banque pointe vers les données de janvier 2022 qui avaient été initialement rapportées à un niveau assez robuste de 2,3 % dans le rapport de février. Le mois dernier, Statistique Canada a révisé l’inflation de base de janvier à 3,2 %, ajoutant près d’un point entier. Le plaisir ne s’est pas arrêté là. Dans la version d’août, janvier 2022 a de nouveau été révisé à 3,6%, soit plus d’un point de plus que prévu initialement.  

« Les révisions cumulées depuis le début de l’année sont tout simplement dramatiques », a affirmé la banque. 

Les modèles d’inflation actuels du Canada présentent de nombreuses lacunes

Il est important de souligner que l’IPC de base est censé être beaucoup moins volatil que l’IPC tout court. Il est utilisé pour refléter les pressions de capacité et indiquer la demande excédentaire. La Banque du Canada a minimisé l’inflation globale, estimant que l’économie ne tournait pas à plein régime à ce stade. 

Pourtant, avec les révisions, l’inflation de base montre que le Canada a dépassé la demande excédentaire en octobre de l’année dernière. La Banque centrale utilisait encore l’assouplissement quantitatif (QE) pour créer de l’inflation à ce moment-là. 

« Sans entrer dans les détails, il suffit de dire que la récente déviation à la hausse de l’inflation a remis en question la méthode statistique sur laquelle repose l’IPC commun et l’a rendue beaucoup plus volatile et moins corrélée avec d’autres mesures de l’inflation sous-jacente », expliquent les économistes de la Banque Nationale. 

« Compte tenu de cette faiblesse inhérente, nous recommandons de se concentrer sur l’IPC-médian, qui s’est avéré meilleur pour capturer les tendances d’inflation sous-jacentes. », ont-ils ajouté. 

Tout cela ne veut pas dire qu’il y a une sorte d’effort concentré pour minimiser l’inflation. 

Bien que la Banque Nationale ait précédemment expliqué que les changements de méthodologie minimiseront constamment l’inflation à l’avenir. Cela met davantage en évidence que cet indicateur ne montre pas tout à fait ce que la Banque centrale désire. 

Bezos a un jour expliqué ce problème de manière très concise : « … lorsque les anecdotes et les données ne sont pas d’accord, les anecdotes ont généralement raison. Il y a quelque chose qui ne va pas dans la façon dont vous mesurez. », avait-il dit.

Si le système monétaire est basé presque entièrement sur le ciblage de l’inflation, la façon dont elle est mesurée nécessite beaucoup plus de débats publics.