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L’économie américaine perd de la vitesse

28 novembre, 2022   |   Par Kadiatou Bah

Les entreprises se préparent à un ralentissement de l’économie américaine alors que les clients rechignent face aux prix élevés et à la hausse des taux d’intérêt, selon les constats de S&P Global.

Quelques chiffres et détails clés

Les conditions commerciales des entreprises américaines se sont à nouveau détériorées en novembre et ont indiqué un ralentissement de l’économie car l’indice “éclair” du secteur des services aux États-Unis a chuté à un creux de trois mois de 46,1 ce mois-ci, contre 47,8 en octobre.

Ce chiffre observé en novembre est comparable maintenant au plus bas niveau de l’indice connu de l’ère de la pandémie. Le côté service de l’économie emploie la plupart des Américains.

L’indice S&P Global du secteur manufacturier américain, quant à lui, a glissé à un creux en deux ans et demi de 47,6 contre 50,4.

Rappelons qu’aux États-Unis tout nombre inférieur à 50 dans cet indice reflète une économie en contraction.

Les nouvelles commandes, indicatrices de ventes futures, ont chuté en novembre au rythme le plus rapide depuis le début de la pandémie en 2020, a constaté S&P Global. Les exportations ont également diminué.

Le coût des approvisionnements, une mesure de l’inflation, a de nouveau diminué, signe que les pressions inflationnistes intenses sont en déclin. Les entreprises ont également augmenté leurs prix au rythme le plus lent en plus de deux ans.

Les pénuries d’approvisionnement, un gros problème pendant la pandémie, ont également continué à diminuer, mais la grogne grandissante en Chine et la guerre en Ukraine fait prendre cette avancée avec des pincettes.

Les pénuries ont été l’un des principaux facteurs de la flambée de l’inflation aux États-Unis et dans le monde. Bien qu’ils s’estompent, ils restent un gros problème.

Les entreprises sont encore en expansion à certains égards, mais elles se préparent à un ralentissement de la croissance économique induit par la hausse des taux d’intérêt orchestrée par la Réserve fédérale. Ces hausses ont freiné les ventes aux États-Unis, tandis qu’un dollar fort a nui aux exportations en rendant les produits américains plus chers.

L’énigme du marché du travail dans la prochaine récession

A l’instar de l’économie américaine, la croissance économique mondiale tend à être en berne et certains des plus grands noms du monde licencient déjà des milliers d’employés. Mais dans le marché de l’emploi, il y a une lueur de bonnes nouvelles : cette fois-ci, les travailleurs ont une meilleure chance que d’habitude de conserver leur emploi en cas de récession.

Près de trois ans après le début de la dernière pandémie, les entreprises se plaignent toujours de ne pas pouvoir recruter les talents dont elles ont besoin. Elles s’inquiètent des pénuries de main-d’œuvre qui dureront probablement au-delà non seulement de la pandémie, mais aussi du prochain ralentissement qu’annonce les chiffres et faits plus haut. 

Des forces plus profondes, telles que les changements démographiques et l’immigration actuelle, réduisent le bassin de travailleurs auprès desquels les entreprises peuvent embaucher.

Tout cela signifie que malgré l’affaiblissement de la demande pour leurs biens et services, de nombreuses entreprises cherchent à conserver ou même à ajouter du personnel, plutôt que de les laisser partir, accumulant de la main-d’œuvre dont elles savent qu’elles auront besoin une fois que l’économie recommencera à s’accélérer. 

Il y a eu beaucoup d’annonces de licenciement très médiatisées ces derniers temps, de la part d’ Amazon.com Inc. et de Goldman Sachs Group Inc. Mais ils pourraient s’avérer être des valeurs aberrantes. Cela rendrait le ralentissement économique à venir très différent, et à certains égards moins douloureux, que ceux auxquels le monde s’est habitué. Le taux de chômage élevé étant l’une des caractéristiques des récessions précédentes.

La pire crise de santé publique au monde depuis un siècle a certainement perturbé les flux de main-d’œuvre. La participation au marché du travail aux États-Unis est toujours inférieure aux niveaux d’avant la pandémie. Alors oui il y’aura un ralentissement certain de la croissance en 2023, mais le taux de chômage aura certainement moins d’impact dans la qualification de la prochaine récession que celui qu’il a pu avoir précédemment.