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La Banque du Canada s’arrêtera-t-elle avant la Fed ?

2 décembre, 2022   |   Par Kadiatou Bah

La Banque du Canada a une marge de manœuvre pour mettre fin à son cycle de hausse des taux d’intérêt dans les mois à venir, même si la Réserve fédérale continue de pousser les coûts d’emprunt à la hausse l’an prochain, selon certains économistes.

Le gouverneur Tiff Macklem et ses fonctionnaires peuvent confortablement laisser leur taux de référence jusqu’à 100 points de base inférieur à celui de leurs homologues du sud, selon une enquête menée par Bloomberg. 

Plus de la moitié des 16 répondants à cette enquête qui a eu lieu entre le 25 et le 30 novembre, disent que la Banque du Canada ne marquera pas de pause en décembre. Mais Macklem devrait néanmoins cesser en théorie la hausse après la réunion de ce mois-ci ou en janvier, laissant les coûts d’emprunt à 4,25 %. 

Aux États-Unis, les marchés monétaires à court terme parient que le président Jerome Powell relèvera le taux des fonds fédéraux entre 4,75 % et 5 %.

Cet écart dans les attentes suggère-t-il que Macklem a une certaine marge de manœuvre alors qu’il cherche à mettre un point final au cycle agressif de hausse des taux au Canada ?

La valeur du dollar canadien en jeu

« La seule raison pour laquelle la Banque du Canada craindrait de s’écarter de la Fed serait la réaction de la devise », a déclaré Royce Mendes, responsable de la stratégie macro chez Desjardins Marchés des capitaux, par courrier électronique. « Étant donné qu’il existe déjà une divergence importante des prix sur les marchés, le taux de change aurait déjà dû en tenir compte. », a-t-il dit.

Si le taux directeur de la Banque du Canada s’attardait trop en dessous de celui de la Fed, la Banque risquerait d’affaiblir notre dollar, ce qui alimenterait en partie la croissance de l’inflation, soit le phénomène même qu’elle essaie d’endiguer avec des hausses de taux.

Le consensus dans l’enquête de Bloomberg est partagé quant à savoir si la Banque du Canada augmentera les taux de 25 ou 50 points de base lors de sa réunion de mercredi prochain. 

Pour ce qui est du marché de l’emploi, le taux de chômage a diminué de 0,1 point de pourcentage pour s’établir à 5,1 % en novembre au Canada. Il n’y a pas eu trop de fluctuations de ce côté-là donc, les acteurs ne s’attendent pas à ce qu’il est une influence majeure sur la prochaine décision de la Banque du Canada.

Macklem et ses responsables ont déjà relevé le taux au jour le jour à 3,75 % par rapport au creux pandémique d’urgence de 0,25 % qui s’est maintenu jusqu’en mars 2022. 

La Banque du Canada a cependant souvent surpris les marchés et la plupart des économistes, comme lors de sa dernière réunion en optant pour une hausse d’un demi-point de pourcentage, en baisse par rapport à une augmentation de 75 points de base en septembre. Rappelons aussi que la Banque a fait sursauter le marché avec l’augmentation d’un point de pourcentage pour laquelle, elle a opté en juillet.

La Banque du Canada a au fil des ans, programmé ses réunions une semaine ou deux avant celle de la Fed, il est donc difficile d’accuser celle-ci d’imiter ce que fait la Fed, alors qu’elle décide en fait en premier.