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La croissance canadienne dépasse les prévisions 

31 mai, 2023   |   Par Kadiatou Bah

L’économie canadienne a démarré en force au deuxième trimestre, prolongeant une séquence de croissance supérieure aux attentes et augmentant la probabilité d’une autre hausse des taux de la Banque du Canada.  

Les données préliminaires suggèrent que le produit intérieur brut a augmenté de 0,2 % en avril, a rapporté Statistique Canada mercredi à Ottawa. Cette hausse est menée par l’immobilier bien sûr, le pétrole, le gaz et les transports. Cela faisait suite à une lecture stable le mois précédent, dépassant l’attente moyenne des économistes d’une contraction de 0,1 %. 

Est-ce assez pour hausser encore le taux directeur ? 

La dynamique économique inattendue soulèvera des doutes quant à savoir si la banque centrale a suffisamment relevé les taux d’intérêt. Le rendement des obligations du Canada à deux ans a bondi jusqu’à 4,256 % et le huard, qui avait fléchi en début de séance mercredi, a effacé ces pertes.  

« La Banque du Canada doit faire preuve d’urgence dans la décision de mercredi prochain en augmentant le taux directeur d’au moins 25 points de base », a déclaré Derek Holt, responsable de l’économie des marchés financiers à la Banque Scotia.  

« Ils devraient laisser la porte ouverte à de nouvelles augmentations, car le taux directeur réel n’est pas encore suffisamment restrictif pour les facteurs idiosyncrasiques qui continuent de stimuler l’économie et l’inflation canadiennes », selon son analyse. 

Dans l’ensemble, l’économie au premier trimestre a progressé à un rythme annualisé de 3,1 %, ce qui est supérieur à une estimation consensuelle de 2,5 % et à une prévision de 2,3 % de la Banque du Canada. Les dépenses des ménages, ainsi que la vigueur des exportations, ont aussi stimulé la croissance.  

« Il semble probable que la Banque du Canada envisagera sérieusement d’augmenter les taux la semaine prochaine », a déclaré Royce Mendes, responsable de la stratégie macro chez Valeurs mobilières Desjardins, dans une note aux investisseurs. 

« Bien qu’ils ne changent pas de cap pour l’instant, la conviction que la banque centrale resserrera davantage sa politique cet été gagne du terrain à juste titre. », a-t-il dit. 

L’économie canadienne a stagné à la fin de l’année dernière, mais les données de janvier étonnamment solides ont incité de nombreux économistes et la Banque du Canada à augmenter les estimations de croissance au début de 2023. La plupart des économistes s’attendent à ce que le pays réalise maintenant un soi-disant « atterrissage en douceur, » et une enquête mensuelle du média Bloomberg montre que les analystes ne s’attendent plus à une récession technique au milieu de cette année. 

Les chiffres de mercredi montrent une plus grande vigueur de l’économie, malgré une augmentation de 425 points de base des taux d’intérêt depuis le début de l’année dernière, la production d’avril montrant peu de ralentissement au deuxième trimestre. Les analystes de cette enquête s’attendent à ce que la croissance au deuxième trimestre soit stable. 

Le rapport s’ajoute aux récentes séries de données économiques qui ont montré un redressement rapide du marché du logement et une réaccélération inattendue de l’inflation, qui ont tous deux incité plusieurs économistes à prévoir une nouvelle hausse des taux mercredi prochain ou le 12 juillet.  

Le gouverneur Tiff Macklem et ses fonctionnaires ont maintenu les taux stables au cours des deux dernières réunions alors qu’ils évaluent si leur politique monétaire est suffisamment restrictive pour ramener l’inflation à proximité de l’objectif de 2% à la fin de 2024. 

Au premier trimestre, les dépenses des ménages ont augmenté à un rythme annualisé de 6,1 % pour les biens et de 5,3 % pour les services, après une croissance minimale au second semestre de l’année dernière. Les dépenses en biens ont été entraînées par les véhicules automobiles et les vêtements, tandis que les dépenses en services ont été entraînées par les services d’alimentation et de boissons alcoolisées ainsi que par les voyages. 

Les exportations de biens et de services ont augmenté de 10,1 % sur une base annualisée, dominées par les voitures particulières et les camions légers. Les importations ont légèrement augmenté de 0,9 % après avoir diminué au trimestre précédent. 

Consommation des ménages 

La rémunération des employés a augmenté d’environ 7 % en rythme annualisé et a augmenté dans toutes les provinces et tous les territoires. Le revenu disponible des ménages a toutefois diminué de 3,9 % en rythme annualisé, les gains de rémunération et de revenus locatifs ayant été compensés par des baisses des transferts gouvernementaux et des revenus nets de la propriété. 

Pourtant, contrairement au revenu disponible, la consommation des ménages a augmenté de 5,7 %, le rythme le plus rapide depuis le deuxième trimestre 2022. En conséquence, le taux d’épargne des ménages a glissé à 2,9 %, se rapprochant du niveau d’avant la pandémie, qui était en moyenne de 2,1 % en 2019.  

En mars, la croissance était essentiellement inchangée après une hausse de 0,1 % un mois plus tôt.  

Le secteur de la fabrication s’est contracté de 0,6 % ce mois-là, tandis que le secteur de l’hébergement et de la restauration a reculé de 2,2 %, la plus forte baisse mensuelle depuis janvier 2022.