L’économie canadienne a enregistré une légère hausse le mois dernier après un troisième trimestre plus faible que prévu, ce qui a permis à la Banque du Canada de continuer à réduire ses taux.
Les données préliminaires suggèrent que le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,1 % en octobre, a annoncé vendredi Statistique Canada. Cette hausse fait suite à une hausse similaire de 0,1 % un mois plus tôt, qui a été inférieure aux attentes des économistes et a clôturé le troisième trimestre avec une croissance annualisée de 1 %.
La Banque du Canada s’attendait à une expansion de 1,5 % entre juillet et septembre, tandis que les économistes prévoyaient une hausse de 1,1 %. Dans l’ensemble, il s’agit d’un ralentissement par rapport aux croissances révisées à la hausse de 2,2 % et de 2 % au deuxième et au premier trimestre, respectivement.
Après la publication des résultats, les traders de swaps de taux au jour le jour ont augmenté leurs paris sur une nouvelle baisse d’un demi-point de la part de la banque centrale, estimant la probabilité à plus d’un tiers, contre une chance sur quatre auparavant.
Le huard est tombé à un plus bas de la séance à 1,4035 $ CA, tandis que les obligations du gouvernement canadien ont rebondi, le rendement à deux ans chutant d’environ 5,5 points de base à 3,12 % et le rendement à 10 ans chutant de 6,7 points de base à 3,15 %.
Croissance lente
La consommation des ménages a augmenté de 3,5 % au troisième trimestre, soit le rythme le plus rapide depuis début 2023, et après le début des baisses de taux de la banque centrale en juin. La croissance des revenus a ralenti mais reste forte, et le taux d’épargne des ménages a atteint 7,1 %, son plus haut niveau depuis trois ans.
L’investissement des entreprises a été le principal frein à la croissance au cours du dernier trimestre, et l’investissement des entreprises non résidentielles a chuté de 11,3 %, annulant en partie une forte hausse au trimestre précédent. La demande intérieure finale a augmenté de 2,4 %.
La croissance plus faible que prévu signifie que la banque centrale va continuer à réduire les coûts d’emprunt, mais rien n’indique que l’économie du pays soit en difficulté. Les révisions à la hausse montrent que l’économie canadienne est plus importante que prévu, grâce à une consommation des ménages plus forte en 2021 et à de meilleures perspectives d’investissement des entreprises en 2022 et 2023.
La prochaine décision de la banque centrale sur les taux est prévue pour le 11 décembre. Les responsables de la Banque du Canada ont accéléré le rythme des baisses de taux d’intérêt en octobre pour stimuler la croissance économique alors que les pressions sur les prix s’atténuaient.
Depuis cette réunion, les données économiques ne sont pas parvenues à justifier une nouvelle baisse de 50 points de base. L’inflation a de nouveau accéléré à 2 % le mois dernier et, même si l’économie et le marché de l’emploi restent faibles, certains signes montrent que les baisses de taux commencent à stimuler les dépenses de consommation et le marché du logement. Certains économistes estiment que les responsables politiques reviendront à une réduction de 25 points de base le mois prochain.
Alors que le PIB par habitant s’est contracté pour le sixième trimestre consécutif, les dépenses des ménages ont légèrement augmenté après avoir diminué pendant six trimestres au cours des deux dernières années.
Les dépenses publiques ont également augmenté, à tous les niveaux de gouvernement.
« Rien dans ce rapport ne modifie notre point de vue selon lequel la Banque du Canada réduira son taux directeur de 25 points de base en décembre », a déclaré Charles St-Arnaud, économiste en chef d’Alberta Central, dans un courriel.
« Toutefois, la faiblesse des investissements des entreprises, notamment en machines et en équipement, pourrait indiquer une baisse de la confiance des entreprises. De même, l’absence de croissance du côté des exportations laisse penser que le Canada a du mal à tirer parti de la vigueur des États-Unis. »
Les dépenses s’améliorent
Andrew Grantham , économiste à la Banque Canadienne Impériale de Commerce, a affirmé que les données étaient favorables à une réduction de 50 points de base lors de la réunion de décembre.
« Malgré les révisions historiques positives et les meilleurs détails sous-jacents des données du troisième trimestre, les chiffres du PIB d’aujourd’hui indiquent une tendance récente de l’activité plus faible que ce à quoi la Banque du Canada s’attendait », a-t-il déclaré.
Statistique Canada devrait publier vendredi prochain les chiffres de l’emploi pour le mois de novembre, ce qui sera important pour déterminer l’ampleur de la prochaine baisse des taux de la banque centrale, a ajouté Grantham.
« Il n’y a aucun argument convaincant dans les données expliquant pourquoi la Banque du Canada ne devrait pas maintenir un rythme de croissance de 50 points de base en décembre », a déclaré Kyle Chapman, analyste du marché des changes chez Ballinger Group, dans une note aux investisseurs.
« Aussi incertain que soit le terme « neutre », plus tôt les taux seront là, mieux ce sera », a-t-il déclaré.
La banque centrale et les économistes voient l’économie se renforcer au cours des prochains trimestres, même si les prochaines vacances fiscales et les distributions d’argent liquide ainsi que les éventuels tarifs douaniers américains pourraient modifier la trajectoire de croissance.
En octobre, la croissance des secteurs de l’immobilier, des transports et du commerce de détail a été partiellement contrebalancée par le recul de la construction ainsi que de l’extraction minière, pétrolière et gazière. En septembre, les gains ont été principalement attribuables au commerce de gros et de détail.