Le Canada devrait prendre des mesures pour introduire davantage de prêts hypothécaires avec des durées de renouvellement plus longues, selon Desjardins.
Un plus grand nombre d’options hypothécaires, notamment celles d’une durée de 10 ans, aideraient à contenir les « chocs de paiement » auxquels sont confrontés les ménages lorsqu’ils renouvellent leurs dettes après une hausse des taux d’intérêt, selon un rapport publié lundi par Desjardins.
Cela réduirait également la sensibilité de l’économie à la hausse des coûts d’emprunt et réduirait probablement la nécessité du recours désormais généralisé à des produits à paiement fixe dits « à amortissement négatif », que l’organisme de surveillance des banques du pays et la Banque du Canada ont qualifiés de « préoccupant ».
Les acheteurs de maison au Canada ont longtemps évité les prêts hypothécaires à taux fixe pendant une décennie parce qu’ils sont beaucoup plus chers. « Si l’option de blocage des prêts hypothécaires à 10 ans avait été plus répandue et plus attractive, le choc des paiements aurait été plus gérable pour les ménages qui opteraient de l’avoir », affirment l’économiste en chef Jimmy Jean et le macrostratège Tiago Figueiredo dans le rapport.
Le marché hypothécaire canadien est dominé par des contrats à court terme qui se prolongent après cinq ans ou moins. Cela contraste fortement avec la situation aux États-Unis, où les prêts hypothécaires sur 30 ans sont monnaie courante. Le gouvernement Trudeau lors de son dernier budget a cependant entrouvert la porte en accordant un amortissement sur 30 ans pour les jeunes Canadiens, sous certaines conditions. Cependant ces dernières sont jugées encore insuffisantes pour avoir un vrai impact dans le marché.
Cela signifie que les options restent limitées pour les ménages canadiens qui cherchent à se protéger contre une forte hausse des taux d’intérêt. Les Canadiens consacrent une plus grande part de leur revenu au service de leur dette que dans de nombreux autres pays, dans un contexte de hausse mondiale des coûts d’emprunt, affirment les auteurs.
Les prêts hypothécaires au Canada privilégient le court terme
Selon le rapport, une partie de la raison pour laquelle les options hypothécaires à court terme se sont répandues au Canada est due à la baisse persistante des taux d’intérêt au cours des 40 années précédant la pandémie. Les ménages étaient incités à signer des prêts hypothécaires dont les taux étaient révisés plus fréquemment.
Dans une interview, Jean a décrit les étapes qui contribueraient à élargir la disponibilité des termes de 10 ans et à les rendre moins coûteux pour les consommateurs. « La législation devrait être ajustée pour limiter les restrictions existantes concernant les pénalités de remboursement anticipé pour les prêts de plus de cinq ans », a-t-il déclaré.
Pour contribuer au financement, le pays devrait développer un marché de titres adossés à des créances hypothécaires résidentielles « de marque privée » et autoriser l’émission d’un plus grand nombre d’obligations sécurisées.
« Si les conditions sont réunies pour le développement de ce marché, les pressions concurrentielles amèneront naturellement les prêteurs dans cette direction », a déclaré Jean. « C’est également dans leur intérêt en termes de gestion des risques liés à leurs portefeuilles hypothécaires. »
La Banque du Canada affirme qu’environ la moitié de tous les prêts hypothécaires en cours ont été reconduits à des taux plus élevés depuis le début de 2022. « Avant la pandémie, la banque centrale avait commencé à explorer la question de l’innovation hypothécaire, mais l’initiative est au point mort même si elle est pourtant plus critique », affirment les auteurs de Desjardins.
Certains prêteurs au Canada ont trouvé des moyens créatifs d’aider les emprunteurs hypothécaires à taux variable qui pourraient avoir des difficultés avec des paiements plus élevés, en leur permettant d’ajouter les intérêts impayés au capital de leur prêt hypothécaire ou en autorisant des paiements d’intérêts uniquement.
« Le gouvernement canadien se trouve désormais dans la position de devoir exhorter les prêteurs à faire preuve d’indulgence envers les emprunteurs confrontés à des chocs de renouvellement de prêt hypothécaire », affirment les auteurs dans le rapport. « Cet argument aurait pu être inutile si de meilleurs produits avaient existé en premier lieu. », ont-ils affirmé.