Le PIB au Canada s’est contracté de manière inattendue au troisième trimestre et la consommation est restée stable, confirmant que les hausses agressives des taux d’intérêt de la banque centrale ont freiné la croissance. Quant au taux de chômage, il a connu une augmentation légère de 0,1%.
Même si les données préliminaires de Statistique Canada suggèrent que le produit intérieur brut a augmenté de 0,2 % en octobre, après une expansion meilleure que prévu de 0,1 % le mois précédent, le rapport publié jeudi souligne une économie qui s’est considérablement affaiblie.
Le PIB du troisième trimestre a chuté à un rythme annualisé de 1,1 %, manquant la hausse de 0,1 % attendue par les économistes et la prévision de 0,8 % de la Banque du Canada. En dehors de la pandémie, les dépenses des ménages n’ont pas été aussi faibles depuis 2009, au lendemain de la crise financière mondiale.
« Quelle que soit l’étiquette que l’on donne à cette économie, elle ne croît pratiquement pas, malgré l’édulcorant artificiel qu’est une croissance démographique rapide », a déclaré Doug Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal, dans un rapport aux investisseurs.
« Le tableau d’ensemble est que l’économie canadienne a du mal à croître, mais parvient tout juste à garder la tête hors des eaux de la récession. », a-t-il déclaré.
La contraction surprise a presque effacé toute la croissance par rapport à une hausse révisée à la hausse de 1,4 % au deuxième trimestre. Il s’agit d’un renversement rapide par rapport à la forte expansion de 2,5 % enregistrée au cours des trois premiers mois de cette année.
Les rendements des obligations du gouvernement canadien ont augmenté après la publication, les obligations à deux ans ayant augmenté de quatre points de base et les obligations à dix ans d’environ six points de base en début d’après-midi jeudi.
« La tendance sous-jacente semble toujours être celle d’une croissance modérée et d’un déclin de l’activité économique par habitant », a écrit Andrew Grantham, économiste à la Banque Canadienne Impériale de Commerce, dans un rapport aux investisseurs.
« Dans l’ensemble, la tendance de l’activité économique et la nouvelle baisse du taux de postes vacants nous maintiennent sur la bonne voie pour une première réduction des taux d’intérêt au deuxième trimestre de l’année prochaine. », selon ses déclarations.
Les faibles perspectives de croissance renforcent l’opinion selon laquelle les taux d’intérêt de la Banque du Canada sont suffisamment restrictifs pour ralentir la consommation et maîtriser l’inflation. Il est peu probable que la banque centrale pousse les coûts d’emprunt au-dessus de 5 % dans un contexte de signes croissants d’une période prolongée de stagnation, et elle pourrait même commencer à envisager des baisses de taux au premier semestre de l’année prochaine, surtout si la faiblesse de l’inflation se précise.
Les traders de swaps au jour le jour parient que la Banque du Canada assouplira sa politique monétaire dès avril 2024, ce qui n’a guère changé par rapport à l’état des paris avant la publication.
La majorité des prévisionnistes s’attendent à ce que la banque centrale maintienne ses taux inchangés pour la troisième rencontre consécutive.
La semaine dernière, le gouverneur Tiff Macklem a déclaré que la demande excédentaire avait disparu et que l’économie devrait rester faible au cours des prochains trimestres, ce qui signifie que « davantage de pressions à la baisse sur l’inflation sont en cours ».
Mais il a réitéré qu’il était encore trop tôt pour penser à des réductions de taux et que les décideurs politiques devaient encore avoir des preuves claires que l’inflation était fermement sur la voie de l’objectif avant d’envisager un assouplissement.
La consommation canadienne s’affaiblit
Au troisième trimestre, la baisse des exportations et le ralentissement de l’accumulation des stocks ont été à l’origine de cette baisse. Les dépenses des ménages sont restées stables, même si le pays a enregistré une croissance démographique record due à des niveaux élevés d’immigration. Par habitant, l’économie canadienne s’est contractée pour un deuxième trimestre consécutif.
Les dépenses des entreprises en structures non résidentielles, en machines et matériel ainsi qu’en propriété intellectuelle ont toutes diminué.
L’investissement dans la construction résidentielle a augmenté de 8,3% en rythme annualisé, soit la première hausse depuis le début de 2022.
En septembre, les industries productrices de biens ont mené la croissance avec une première hausse en six mois, tandis que les industries de services sont restées inchangées. Pourtant, de nombreux signes indiquent que la hausse des taux contribue à freiner l’économie : l’immobilier, la finance et l’assurance, le divertissement et les loisirs se sont tous contractés ce mois-là.
En octobre, l’agence statistique a déclaré que les augmentations dans l’extraction de pétrole et de gaz, le commerce de détail et la construction avaient été partiellement compensées par des baisses dans le secteur du commerce de gros.
Légère augmentation du taux de chômage au Canada en novembre, à 5,8 %
Le taux de chômage est passé de 5,7 % en octobre à 5,8 % en novembre, un léger bond de 0,1 point de pourcentage.
Selon Statistique Canada, 28 000 emplois ont été créés en novembre dans le secteur de la fabrication ainsi que 16 000 de plus dans la construction.
Les baisses de 27 000 emplois ont cependant été mesurées dans le commerce de gros et de détail. Les secteurs de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location ont également accusé une baisse de 18 000 emplois en novembre.
Bien que les variations soient légères en octobre et en novembre, le taux de chômage continue malgré tout de croître au Canada, affichant une progression de 0,8 point de pourcentage depuis le mois d’avril de cette année.
En novembre, le total des heures travaillées a régressé de 0,7 %, alors qu’il était en hausse de 1,3 % à la même période l’an dernier.
Le salaire horaire moyen, a pour sa part, augmenté de 4,8 % en novembre pour atteindre 34,28 $, en hausse de 1,57 $. Une hausse comparable à celle d’octobre, selon ce qu’a souligné Statistique Canada.