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Que nous dit la plongée des derniers résultats de l’inflation ?

23 février, 2023   |   Par Kadiatou Bah

À première vue, les chiffres de l’indice des prix à la consommation pour janvier semblent confirmer que l’inflation a finalement été vaincue. Mais la flambée des prix alimentaires et les frais d’intérêts hypothécaires continuent de peser sur les finances des ménages.

Le taux de croissance annuel de l’Indice des prix à la consommation s’est établi à 5,9 %, la première fois qu’il était inférieur à 6 % depuis février 2022 et les mesures de base de l’inflation continuent leur faible progression à la baisse.

Mais les observateurs signalent des pressions persistantes sur les prix sur plusieurs fronts, dues en grande partie aux prix alimentaires et aux taux hypothécaires élevés, qu’il faudra surveiller dans les mois à venir.

Les coûts hypothécaires augmentent, tandis que les prix du logement diminuent

Les frais d’intérêt hypothécaires ont continué d’augmenter compte tenu du contexte actuel de taux élevés. L’indice du coût de l’intérêt hypothécaire a augmenté de 21,2 % d’une année à l’autre, contre 18 % en décembre. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis septembre 1982, a noté Statistique Canada.

Cependant, dans l’ensemble, les prix des logements ont augmenté à un rythme plus lent en janvier, soit à un taux annuel de 6,6 % comparativement à 7 % en décembre.

L’économiste de la Banque Scotia, Derek Holt, a expliqué dans une note de recherche pourquoi il pense que le rapport sur l’inflation de janvier est moins accommodant que ne pensent certains intervenants.

« Tout d’abord, ignorez les lectures d’une année sur l’autre car elles offrent peu, voire rien d’utile, étant donné à quel point elles sont influencées par les effets de base d’il y a un an. Par exemple, il y a [un] an, la Russie s’est préparée à envahir l’Ukraine, ce qui a fait grimper les prix de plusieurs matières premières », a-t-il écrit .

« Deuxièmement, les mesures sous-jacentes de l’IPC se sont maintenues à 3,7 % et 3,6 % en janvier, correspondant ainsi aux lectures de décembre », a-t-il ajouté. « Ce sont des lectures plus rapides qu’en novembre, lorsqu’elles ont toutes deux chuté vers 3%, mais pas de beaucoup et elles sont toujours plus fraîches qu’au début de l’année dernière, lorsque les taux atteignaient le double et plus. »

L’essentiel est que ces taux d’inflation sous-jacente à la marge sont “un peu plus froids, mais pas complétement refroidis”, a souligné Holt.

D’autres, comme Marc Desormeaux, économiste principal chez Desjardins, ont souligné que même si les indicateurs d’inflation évoluent dans la bonne direction, la lecture de janvier étant « l’une des plus optimistes depuis le début de notre crise inflationniste actuelle », l’inflation demeure « à mille lieues de l’objectif de 2 % ».

« Nous sommes encouragés par l’assouplissement continu de plusieurs mesures de l’inflation sous-jacente, bien qu’il soit beaucoup trop tôt pour crier victoire », a-t-il noté.

Est ce la fin des hausses en 2023 ?

La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux, le 8 mars, tiendra compte des derniers chiffres de l’inflation, ainsi que des chiffres de l’emploi publiés la semaine dernière.

« La Banque du Canada a maintenant reçu deux signaux très différents du mois de janvier », a noté Desormeaux.

D’une part, la vigueur de l’emploi suggère que « davantage de travail pourrait être nécessaire » de la part de la Banque du Canada. 

D’un autre côté, les données d’inflation de janvier, ainsi que des signes de ralentissement des gains salariaux, impliquent que « la médecine douloureuse des taux d’intérêt fortement plus élevés a l’impact souhaité ».

“La Banque a souligné que pour abandonner les plans actuels visant à suspendre les hausses de taux, elle a besoin d’une” accumulation de preuves “que l’inflation ne coopère pas”, a-t-il ajouté. “L’impression [d’hier] suggère qu’il pourrait tout simplement être en mesure d’éviter toute nouvelle augmentation des taux.”

Mais comme l’a confirmé le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, lors d’un témoignage au Parlement la semaine dernière, la Banque est prête à abandonner une pause dans la hausse des taux si l’inflation s’avère rigide et ne revient pas à la cible de 2 %.