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Selon une économiste, les hausses de taux à venir ne seront pas le remède à l’inflation élevée

1 novembre, 2021   |   Par Kadiatou Bah

À la suite de la plus récente réunion de politique monétaire de la Banque du Canada, Derek Holt, de la Banque Scotia, maintient sa prévision à huit hausses de taux d’intérêt avant la fin de 2023, faisant valoir que les coûts d’emprunt doivent être ajustés afin de lutter contre l’inflation

« En 2022, je pense que nous allons certainement voir plusieurs hausses de taux », a déclaré Holt, qui est rappelons le, le Chef de l’économie des marchés financiers de la Banque Scotia.

« Nous avions prévu quatre hausses de taux au second semestre de l’année prochaine à partir de juillet, et nous envisageons le risque d’avancer. Je pense qu’il est tout à fait faisable que ces hausses de taux sonnent le Nouvel An, sinon en janvier, alors au minimum au printemps prochain ou à peu près » a affirmé Holt en entrevue, jeudi dernier.

Derek Holt a déclaré que les ménages canadiens avaient un peu de temps pour se préparer, suggérant que les premières mesures du gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, seraient progressives et mesurées, mais a conclu que l’ère des taux de financement « ultra bon marché » touchait à sa fin.

Lors de la réunion de la banque centrale canadienne mercredi, Macklem a mis fin au programme d’assouplissement quantitatif, tout en faisant allusion au « milieu des trimestres de 2022 » comme calendrier possible pour la première hausse des taux d’intérêt après la crise qu’a entraîné la pandémie de Covid-19.

Le dollar canadien et les rendements ont grimpé en flèche en réponse aux messages de la banque, ce qui, selon Holt, contribuera grandement à aider la Banque du Canada.

« Je pense que c’est nécessaire », a déclaré Holt en commentant la réaction du marché mercredi. « Parce qu’à l’avenir, si nous nous rapprochons du type de chiffres de croissance que nous attendons et de l’inflation, alors ce genre de resserrement des conditions financières se produira pour les bonnes raisons», a-t-il expliqué.

« Je pense que les marchés sont aux commandes et que la Banque du Canada fait face à un défi de crédibilité assez important sur les marchés», renchérit Holt.

Frances Donald, quant à elle, n’est pas aussi convaincue que les hausses de taux d’intérêt soient le remède à ce qui attend l’économie canadienne, suggérant même que Macklem devra prendre un peu de recul par rapport à sa plus récente mise à jour économique.

« Quand vous regardez ce que la Banque du Canada nous dit, elle nous affirme qu’elle est plus préoccupée par l’inflation et que c’est l’une des motivations pour augmenter les taux d’intérêt peut-être le plus tôt possible », a déclaré Donald, Économiste et Chef de la stratégie macroéconomique à Gestion de placements Manuvie, en entrevue jeudi dernier.

Le problème est, selon Donald, que l’inflation qui affecte les Canadiens est le résultat de problèmes mondiaux comme les fermetures de ports en Chine, les droits de douane et les sécheresses au Brésil. Christian Bordeleau Ph.D, CFO chez MREX avait fait la même remarque lors du webinaire Immobilier & enjeux : Annonce du taux directeur et rapport sur la politique monétaire, tenu mercredi dernier. « La banque du Canada a une capacité d’agir qu’au Canada… pas à l’international », expliquait Bordeleau.

« Le type d’inflation que les banques centrales peuvent surveiller est cette inflation à long terme plus forte en raison de la hausse des salaires et des coûts du logement. C’est le type d’inflation sur lequel ils peuvent se concentrer », a-t-elle déclaré.

« Ce qui m’inquiète, c’est que si nous voyons une Banque du Canada qui augmente ses taux de façon aussi agressive que les marchés le disent, cela ne fera en fait que très peu pour aider notre problème d’inflation et freiner davantage la croissance», a-t-elle expliqué.

Donald a déclaré qu’elle préférerait voir la banque centrale livrer des messages similaires à ce que disent la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine, à savoir que l’inflation est transitoire et que ces pressions sur les prix s’atténueront probablement au cours de la nouvelle année sans ingérence des responsables de la politique monétaire.

« Je soupçonne qu’ils ne peuvent pas aller aussi vite ou aussi haut que le marché avec les prix », a-t-elle déclaré. « Préparez-vous à une ou deux hausses de taux d’intérêt en 2022. » a prévenu Donald.