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L’immobilier se dirige vers une « correction historique », selon la RBC

29 juillet, 2022   |   Par Kadiatou Bah

La plus grande banque du Canada a revu à la baisse ses perspectives pour le marché de l’habitation et prévoit maintenant une « correction historique », pire que toute baisse nationale observée dans ce pays au cours des 40 dernières années.

Baisse des ventes et des prix

« La flambée de l’inflation a placé la Banque du Canada sur une trajectoire de hausses agressives qui porteront son taux directeur à des niveaux restrictifs d’ici l’automne », a écrit Robert Hogue, économiste en chef adjoint à la Banque Royale du Canada (RBC), dans le rapport publié vendredi 22 juillet.

« Cela enverra plus d’acheteurs sur la touche, en particulier en Colombie-Britannique et en Ontario, où l’abordabilité est extrêmement tendue », a-t-il déclaré.

RBC s’attend maintenant à ce que les ventes de maisons chutent de près de 23 % cette année et de 15 % l’an prochain, tandis que les prix de référence nationaux chuteront de plus de 12 % du sommet au creux d’ici le deuxième trimestre de 2023, selon ses prévisions.

La baisse de 42% des ventes de maisons par rapport au sommet connu au début de 2021 dépassera les baisses observées au cours des quatre derniers ralentissements nationaux, selon les constats de Hogue. De 1981 à 1982 et de nouveau entre 1989 et 1990, les ventes avaient chuté de 33 %. Elles ont connu une diminution de 38 % en 2008-2009 et de 20 % entre 2016-2018.

« La baisse de 12% des prix d’ici le début de 2023 sera la correction la plus forte des cinq derniers ralentissements de l’immobilier », a-t-il affirmé.

La correction immobilière a commencé à s’installer lorsque la Banque a commencé à relever les taux en mars, « mais la hausse de 100 points de base le 13 juillet  accélérera le refroidissement », a déclaré Hogue.

La RBC s’attend à ce que le taux directeur de la Banque atteigne 3,25 % d’ici octobre « une grosse bouchée à avaler pour les emprunteurs qui gâchera ou retardera les plans d’accession à la propriété pour de nombreux acheteurs », selon lui.

Ontario, Colombie-Britannique vs les autres provinces

« Les provinces les plus chères, l’Ontario et la Colombie-Britannique, seront l’épicentre de la correction », dit Hogue. La RBC prévoit que les reventes de maisons en Colombie-Britannique et en Ontario chuteront de 45 % et de 38 % en 2022 et 2023, respectivement, et que les prix chuteront de plus de 14 % du sommet trimestriel au creux. Le ralentissement rivalisera avec le déclin observé par l’Ontario au début des années 1990, lorsque les ventes ont chuté de 41 % et les prix de 15 %, mais ce n’est pas aussi grave que ce que la Colombie-Britannique a connu au début des années 1980, lorsque les ventes ont chuté de 62 % et les prix de 27 %, a déclaré Hogue.

Les régions plus abordables du pays devraient s’en sortir mieux. Bien que les ventes devraient chuter de plus de 20 % par rapport aux niveaux records atteints dans toutes les autres provinces que l’Ontario et la Colombie-Britannique, les prix pourraient s’avérer plus résilients. La RBC s’attend à ce que les prix baissent de moins de 3 % en Alberta et en Saskatchewan et entre 5 % et 8 % dans la plupart des autres provinces d’ici la première moitié de 2023.

Au Québec, la RBC prévoit que les ventes de maisons chuteront de 16,8 % d’ici la fin de 2022 et de 6,1 % en 2023. Les prix devraient terminer 2022 en hausse de 7,5 % par rapport à l’année précédente, puis diminuer de 5,1 % en 2023.

Est-ce si grave ?

Même si les économistes de la RBC prédisent une « correction historique », ceux-ci ne voient pas d’effondrement du marché de l’habitation.

Ils soutiennent plutôt que ce ralentissement devrait être considéré comme un « refroidissement bienvenu » après la frénésie d’achat de deux ans qui a mis l’accession à la propriété hors de portée de nombreux Canadiens.

La RBC s’attend à ce que la correction se termine au premier semestre de 2023, bien qu’un ralentissement plus marqué et plus long ne puisse être totalement exclu.

« Des fondamentaux démographiques solides (y compris une immigration galopante) et une faible probabilité de surconstruction devraient empêcher le marché d’entrer dans une spirale de la mort », a écrit Hogue.