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La Banque du Canada relève son taux directeur de 0,5 % à 1 %

13 avril, 2022   |   Par Kadiatou Bah

Comme attendu, la banque centrale du Canada a décidé d’opter pour la plus forte augmentation ponctuelle du taux directeur depuis l’an 2000

La Banque du Canada a relevé son taux d’intérêt de référence d’un demi-point de pourcentage à un pour cent mercredi dans sa dernière mesure visant à freiner une inflation élevée.

Le taux de la banque a une incidence sur les entreprises et les consommateurs canadiens en influençant les taux qu’ils paient et reçoivent sur les prêts hypothécaires, les CPG et les comptes d’épargne, à titre d’exemple.

Rappelons que la banque a réduit son taux très proche du zéro en mars 2020 lorsque la pandémie de Covid-19 a commencé. Bien que cette décision ait aidé l’économie à surmonter l’incertitude sans précédent liée au virus de Covid-19, au cours des derniers mois, l’inflation est revenue à son plus haut niveau depuis des décennies, ce qui a incité la banque centrale à commencer à dénouer tout ce crédit bon marché.

« L’inflation est trop élevée », a déclaré le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, lors d’une conférence de presse annonçant la nouvelle. « Nous avons besoin de taux d’intérêt plus élevés. », a dit Macklem.

C’est la deuxième fois en autant de mois que la banque augmente son taux et, à ce titre, la décision de mercredi est à la fois la première hausse de taux consécutive de la banque depuis 2017, ainsi que sa plus forte hausse depuis l’an 2000.

Les économistes s’attendaient à ce changement, et avec une inflation flirtant avec six pour cent, ils s’attendent à ce qu’il y en ait d’autres, au moins jusqu’à ce que le taux de la banque centrale atteigne 2 %.

Vente d’obligations aussi

La hausse des taux n’est pas le seul moyen que la banque utilise pour neutraliser les effets des mesures de relance de l’économie.

Pendant la pandémie, la banque avait lancé un programme d’achat d’obligations afin de maintenir l’argent en circulation et les coûts d’emprunt à un faible niveau. Le programme est connu sous le nom d’ « assouplissement quantitatif » (QE). La banque signalait depuis un certain temps que le programme d’achat d’obligations pourrait toucher à sa fin, et mercredi, elle a annoncé qu’elle allait se débarrasser de toutes ces obligations dans ses livres à leur expiration.

« Les obligations du gouvernement du Canada arrivant à échéance au bilan de la banque ne seront plus remplacées et, par conséquent, la taille du bilan diminuera avec le temps », a déclaré la banque.

Cela augmentera le coût de l’emprunt, puisque le retrait de la banque centrale en tant qu’acheteur garanti de toutes ces obligations obligera ceux qui les émettent à payer un taux plus élevé pour emprunter de l’argent.

Ces taux étaient orientés à la hausse avant même la décision de la banque. Le rendement d’une obligation à cinq ans a dépassé 2,7 % cette semaine, soit le taux le plus élevé depuis 2013. Il y a à peine un mois, il était inférieur à 1,5 % et, à un moment donné plus tôt dans la pandémie, il a atteint un creux inférieur à 0,5 %.

La décision de la banque de mettre en œuvre un programme de « resserrement quantitatif » poussera ces rendements encore plus haut, rendant les prêts hypothécaires à taux fixe plus chers.

Les prêts à taux variable, quant à eux, sont rattachés au taux de la banque, de sorte qu’ils seront également orientés à la hausse. Dans les heures qui ont suivi la décision de la banque centrale, les cinq plus importants prêteurs du Canada soit la RBC, la TD, la Banque Scotia, la Banque CIBC et la BMO, avaient augmenté leur taux préférentiel de 50 points pour égaler la hausse des taux de la banque centrale.

Immobilier : Plus difficile à acheter

Toute personne sur un prêt à taux fixe est à l’abri de taux plus élevés pour l’instant, mais toute personne sur un prêt à taux variable sentira que son taux augmentera probablement dès son prochain paiement, ici j’ai une pensée particulière pour les hypothèques.

Ceux qui sont sur le marché avec un prêt font face à une colline plus raide à gravir maintenant. L’un des impacts les plus importants de cette hausse des taux sera sur les premiers acheteurs, car des taux plus élevés placeront la barre plus haut pour le test de résistance qui calcule et met à l’épreuve les montants qu’ils sont autorisés à emprunter.

La courtier hypothécaire Leah Zlatkin avec Lowestrates.ca dit que le montant exact dépendra de la situation des gens, mais en général, chaque mouvement de 25 points dans le taux de la banque entraîne une perte d’environ 12 000 $ de pouvoir d’achat. La hausse de 50 points de mercredi en est le double.

Bien que les prêts immobiliers soient le moyen le plus évident d’affecter les Canadiens, toute personne endettée est susceptible d’en ressentir les effets.

Hausses de taux « bonnes et mauvaises »

Les changements de taux bancaire peuvent être une mauvaise nouvelle pour les emprunteurs, mais ils ont également un impact positif sur l’autre côté du grand livre. L’épargne accueillera favorablement des taux plus élevés.

« C’est en partie la raison pour laquelle, pour les consommateurs, les hausses de taux sont « bonnes et mauvaises », selon Bruce Sellery, chef de la direction de Credit Canada Debt Solutions. « Elles sont mauvaises dans le sens que cela va vous coûter plus cher d’emprunter de l’argent, mais ces hausses sont bonnes dans le sens qu’elles sont l’action qu’une banque centrale peut prendre pour essayer de contrôler l’inflation », a-t-il déclaré.

Le taux d’inflation au Canada a atteint 5,7 % le mois dernier, et le prix de tout, de la nourriture au logement en passant par l’essence, augmente à son rythme le plus rapide depuis des décennies. « Quelque chose doit être fait pour que nous ne payions pas des prix aussi ridicules pour des choses », a déclaré Sellery.